« Mon corps, mes choix ». Quatre petits mots pour un message simple et évident, que beaucoup peinent encore à comprendre. En collant ce slogan sous le viaduc de la rue des Canadiens à Eu (Seine-Maritime), Chloé* veut alerter : en 2025, les femmes subissent toujours régulièrement des remarques ou comportements sexistes. « Ces messages permettent d’ouvrir la réflexion, autour de l’idée du consentement et de la liberté de choix. C’est mon corps, personne n’a le droit de dire ce que je dois faire ou comment je dois m’habiller ».
Cela fait plusieurs années que Chloé voulait faire des collages féministes (voir encadré). « En 2023, j’avais vu que des collages avaient été faits à Mers-les-Bains. J’ai pris contact avec celles qui l’avaient fait, mais il s’agissait de vacancières de passage, qui n’avaient pas prévu de le refaire dans le coin. Ça a fait germer cette idée dans ma tête ».
Quelques feuilles de papier et de la colle
Chloé a décidé de se lancer cet été : quelques feuilles de papier A4, un rouleau et de la colle pour alerter ses concitoyens. « Ce n’est pas parce qu’on habite à la campagne qu’on ne peut pas faire ce genre d’action », souligne Chloé, qui vit dans un village à côté des Villes Sœurs. Elle explique d’ailleurs subir régulièrement des comportements sexistes, dans les sphères professionnelles ou amicales : « Dans l’éducation que j’ai eue, tout le monde était égal, il n’y avait pas de différence entre mon frère et moi à la maison par exemple. De grandir dans ce contexte, je pense que ça aide, j’ai appris à ne pas me laisser marcher sur les pieds ».
Cela fait près de 10 ans que les collages féministes sont apparus en France. Ceux-ci sont principalement visibles dans les grandes villes et portent parfois un message politique, ou des mots violents, qui visent à choquer celui qui les lit et donc à l’interpeller. Ces collages peuvent aussi mettre en avant le prénom de femmes victimes de féminicides, très nombreuses en France et dont le nombre ne faiblit pas. 90 femmes ont été tuées parce qu’elles étaient des femmes depuis le début de l’année 2025 selon le collectif féministe NousToutes.
Mais Chloé le sait, celles qui ont beaucoup subi ces comportements peuvent être fragilisées et ne plus avoir la force de répondre : des remarques sexistes, même quand elles paraissent anodines, finissent par être violentes quand elles sont répétées tous les jours.
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Les messages s’adressent donc aussi bien aux victimes qu’aux agresseurs : le respect du consentement et de la liberté est l’affaire de tous : « une femme qui lira le message peut réaliser que Oui, elle a le droit de porter ce qu’elle veut ». Et un homme pourra se dire qu’il n’a pas de raison de dire à une amie, une collègue ou une sœur comment elle doit s’habiller.

Une première action qui pourrait donner naissance à un collectif dans les Villes Soeurs. ©AnonymeVers la création d’un collectif ?
Avec cette première action, Chloé espère rassembler d’autres personnes autour de la cause féministe : « pour cette première, nous étions deux avec un ami et nous avons collé deux messages. Mais j’ai plein d’autres idées de slogans ! L’idéal serait d’arriver à monter un collectif. Il faudrait aussi alerter sur les violences faites aux femmes et sur les féminicides, à la campagne aussi des femmes meurent sous les coups de leur conjoint et les victimes sont souvent invisibilisées », regrette Chloé.
Avec ces actions, le collectif veut « passer des messages utiles, nous ne sommes pas en train de dégrader. Les choses changent et ont bien changé depuis l’époque de nos grands-mères, sur l’émancipation, le partage des tâches. Mais il y a aussi aujourd’hui une vague masculiniste, encore marginale en France, mais dont on perçoit la petite musique. Il ne faut pas lâcher ».
*Son prénom a été changé
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