Le rôle du bonimenteur au cinéma • FRANCE 24

Le rôle du bonimenteur au cinéma • FRANCE 24

Mais qu’est-ce qu’ils sont en train de se racer ? Oh là, mais mais d’où elle vient cette dame ? Quand le cinéma était encore mué, c’était parfois difficile de suivre le fil de l’histoire. Alors, pour aider le public, un homme tapis dans l’ombre donnait de la voix pour éclairer les spectateurs. C’est ce qu’on appelait un bonur. Son origine remonte à l’époque de la Lanterne magique, l’ancêtre du cinéma. Un narrateur commentait les images projetées devant l’audience qui servait souvent à transmettre un savoir religieux, politique ou scientifique, du moins au début. On aura une ambition narrative croissante du cinéma qui va impliquer des complications au niveau de la compréhension. Introduire des échelles de plan, le montage alterné, les intertites doivent être compris. Il faut imaginer que un public ne peut pas lire et donc ne serait-ce que lire les intertitres, ça va devenir une de ses fonctions, mais aussi de faire comprendre ce qui est raconté. Les exploitants des films étaient principalement des forins. Lorsqu’ils achetaient la pellicule, ils recevaient un catalogue qui détaillait l’intrigue et les actions du film, ce qui permettait au bonenteur d’anticiper ce qui allait se passer. La pratique était toutefois anarchique car il choisissait parfois d’improviser ou de donner sa propre interprétation du film. Enfin, sauf quand ça toucha à la religion. Dans le cas des des vies et passions du Christ, étant donné le type de discours quand c’est la bonne presse, quand c’est des organismes catholiques qui éditent les vues et tout le matériel qu’il y a autour, on sent qu’il y a une volonté à ce qu’on dise pas n’importe quoi. Et donc là, il y a quand même un encadrement qui est plus grand. C’est peut-être une exception. En règle générale, la pratique était assez libre en Occident. C’était un art populaire. N’importe qui pouvait s’improviser bonenteur et sa présence n’était pas systématique. C’est laissé à la libre discrétion des des exploitants. Il y a des salles qui avaient pas l’argent, qui avaient même pas de pianistes et puis il y en a qui avaient des orchestres, il y en a qui avaient des machines à bruit. Tout cet univers sonore du cinéma di muuet d’avant 1927 est extrêmement hétérogène. À l’inverse, au Japon, le bonenteur appelé Benchi était une star locale, parfois plus connue que les acteurs du film. Il était sous le feu des projecteurs et récitait son texte à la lettre devant un public qui se déplaçait parfois juste pour lui. Sa popularité a d’ailleurs freiné l’arrivée du cinéma parlant dans le pays grâce à la lutte des syndicats de Benchi. Dans le monde occidental, cette innovation de 1927 a signé la fin du bon menteur, déjà déclinant à partir des années 1910, époque à laquelle l’utilisation de la musique dans les films s’est généralisée. L’ambition narrative des films, l’augmentation de leur longueur, de leur métrage et l’embourgeoisement du public. Et donc la sédentarisation des salles et la création des palces. Tout va contre les pratiques orales populaires dans lesquelles s’inscrivent le bonur. Le personnage a disparu mais pas le procédé narratif qui est toujours utilisé dans certains films. C’est ce qu’on appelle la voix off.

🎬🍿 C’est grâce à lui qu’on comprenait l’histoire des films muets quand on allait au cinéma.
#cinema #histoire #cultureprime

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