La contestation monte en Israël. Des milliers de personnes sont descendues samedi dans les rues de Tel-Aviv pour réclamer la fin de la guerre à Gaza, au lendemain de la décision du gouvernement de s’emparer de la ville de Gaza.
Les manifestants brandissaient des pancartes et des photos des otages toujours détenus dans le territoire palestinien, exhortant le gouvernement à obtenir leur libération.
Les journalistes de l’AFP présents sur place ont estimé à des dizaines de milliers le nombre des manifestants, le Forum des familles des otages faisant état de 100 000 participants. Les autorités n’ont pas fourni d’estimation officielle.

Les manifestants s’en sont pris au cabinet de guerre de Benyamin Netanyahou, qualifié sur cette pancarte de « cabinet de mort ».
« Si vous envahissez certaines parties de Gaza et que les otages sont tués, nous vous poursuivrons sur les places publiques, pendant les campagnes électorales et à tout moment et en tout lieu », a déclaré à l’AFP Shahar Mor Zahiro, un proche d’un otage tué, dans un « message direct au Premier ministre ».
Des otages « sacrifiés », menace le Hamas
Le Hamas, qui retient toujours 49 otages, dont 27 sont présumés morts, a affirmé vendredi que la décision israélienne d’occuper la ville de Gaza signifiait le « sacrifice » de ces otages enlevés lors de l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien contre Israël le 7 octobre 2023.
Les familles des otages et les militants israéliens en faveur de la paix avec les Palestiniens réclament un cessez-le-feu avec le Hamas pour obtenir la libération des derniers captifs.
Malgré les critiques, l’armée israélienne se préparait dès ce vendredi à prendre le contrôle de la ville de Gaza, la plus grande du territoire palestinien, dans le but de « vaincre » le Hamas et assurer la libération des otages.
Outre le désarmement du Hamas et le retour « de tous les otages, vivants et morts », le plan vise à démilitariser la bande de Gaza et la placer sous contrôle israélien avant la mise en place « d’une administration civile » qui ne soit « ni le Hamas ni l’Autorité palestinienne », a précisé vendredi le bureau de Benyamin Netanyahou.
« Nous n’allons pas occuper Gaza, nous allons libérer Gaza du Hamas », qui dirige le territoire depuis 2007, a affirmé Benyamin Netanyahou sur X.
Des critiques à l’international
De l’Allemagne, pourtant l’un des plus fidèles alliés d’Israël, à l’UE, en passant par la France, la Chine et de nombreux pays musulmans, l’annonce de ce plan a suscité la réprobation internationale. Le Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir ce dimanche en urgence.
Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a dénoncé samedi « un nouveau crime qui s’ajoute à la série de crimes israéliens commis en Cisjordanie, y compris à Jérusalem », soulignant « la nécessité urgente de prendre des mesures pour y mettre fin immédiatement ».
Berlin a annoncé suspendre les exportations d’équipements militaires susceptibles d’être utilisés dans la bande de Gaza. Benyamin Netanyahou a appelé le chancelier Friedrich Merz pour lui « exprimer sa déception » face à des sanctions qui « récompensent » le Hamas.

Des policiers israéliens ont procédé à des interpellations.
Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a mis en garde Israël contre « une escalade dangereuse » qui « risque d’aggraver les conséquences déjà catastrophiques pour des millions de Palestiniens ».
Actuellement, l’armée israélienne occupe ou opère au sol dans près de 75 % de la bande de Gaza, principalement depuis ses positions permanentes dans le territoire le long de la frontière. Israël avait déjà occupé Gaza en 1967 et implanté un ensemble de 21 colonies, démantelées lors de son retrait unilatéral en 2005.