Écoles romandes –
La canicule vient chambouler la rentrée scolaire
Des mesures sont déjà prises dans les écoles romandes pour faire face aux fortes chaleurs. À l’avenir, faudra-t-il aussi décaler la rentrée? Des cantons y ont songé et Genève a sauté le pas.

Des enfants suisses alémaniques sur le chemin de l’école, le lundi 11 août.
KEYSTONE
Alors que la Suisse cuit sous des températures dépassant parfois les 35 degrés, certains enfants ont déjà retrouvé le chemin de l’école. C’est le cas en Suisse allemande, où les élèves ont fait leur rentrée des classes ce lundi. Pour les protéger de la chaleur, les cantons prennent des mesures plus ou moins restrictives. Mais à terme, c’est tout un modèle d’enseignement qui doit être repensé. Comment adapter l’enseignement au réchauffement climatique?
Dans le canton de Berne, où les cours ont déjà démarré, la posture est assez attentiste. Contactées, les autorités indiquent qu’il n’existe pas de règlement précis pour les écoles en période de canicule. «La loi ne prévoit pas de limite supérieure obligatoire de température à partir de laquelle les cours sont suspendus, indique Yves Brechbühler, porte-parole du Département de l’instruction publique. Les directions d’école sont donc invitées à réagir de manière autonome à chaque situation et à choisir les formes d’enseignement qui tiennent compte des températures élevées.»
1P et 2P dispensés de cours à cause de la canicule
Il argue aussi que plusieurs réflexes ont déjà fait leurs preuves pour réduire la température, comme bien aérer les salles de classe, éviter l’activité physique durant la journée, ou «enseigner de manière flexible, par exemple en organisant des cours en plein air».
Mais alors que le dérèglement climatique s’intensifie, ne faudrait-il pas prendre des mesures à long terme, comme décaler la rentrée à plus tard? Au sud de l’Europe, l’Italie ou encore l’Espagne ont déjà sauté le pas, puisque les élèves reprennent en septembre. Mais Berne ne s’exprime pas sur ce point.
Les cantons de Bâle-Ville et Bâle-Campagne, eux, ont envisagé au début de l’été de décaler la reprise des cours, pour finalement maintenir le 11 août comme date de rentrée. Quant au Tessin, sa rentrée a traditionnellement lieu début septembre.
Côté romand, on prend les choses un peu plus en main. Genève prévoit par exemple des exemptions de cours lorsque le thermomètre monte trop haut. «Lors de la phase d’activation de la cellule canicule, les enfants de 1P et 2P sont dispensés d’école, détaille Constance Chaix, chargée d’information au Département de l’instruction publique (DIP). Pour les élèves de 3P et jusqu’au secondaire II, les mesures sont prises au cas par cas dans chaque établissement en fonction de la température dans les bâtiments.»
Rentrée repoussée en 2027 à Genève
Cette cellule canicule est lancée dès que les températures moyennes dépassent les 25 degrés sur cinq jours consécutifs, ou si elles montent au-dessus de 27 degrés trois jours de suite.
Et puisque les chaleurs sont amenées à augmenter dans les années à venir, les autorités du bout du lac ont décidé de repousser la rentrée. Dès 2027, les vacances d’été seront rallongées de quelques jours. La reprise des cours aura lieu le troisième jeudi du mois d’août, c’est-à-dire trois jours plus tard.
Du côté vaudois, un système semblable a été créé. Trois niveaux d’alerte allant du jaune au rouge, en passant par l’orange, ont été formulés, avec à chaque fois diverses recommandations. Mais contrairement à Genève, le canton de Vaud s’en remet aux directions des établissements pour décider des éventuels aménagements d’horaires. Un guide a aussi été publié. Par contre, pas question de décaler la rentrée ou de modifier durablement les horaires des cours.
«Avec ce guide destiné au corps enseignant, nous encourageons les directions à faire attention aux personnes vulnérables et à envisager autant que possible de faire les cours à l’extérieur ainsi qu’à ventiler durant la nuit», détaille Lionel Éperon, directeur général de l’enseignement postobligatoire.
Il précise qu’il s’agit d’un moyen pour atténuer les désagréments de la canicule, mais que cela ne les résout pas entièrement. «Si nous avions une potion magique, nous serions bien contents, comme d’autres pays d’Europe d’ailleurs», ironise-t-il.
Modifier les bâtiments des écoles
Pour l’heure, il n’existe pas de coordination entre les cantons pour lutter contre la hausse des températures à l’école. Mais la Confédération a lancé en 2022 un projet pilote intitulé «Ça chauffe dans les écoles», en collaboration avec l’entreprise Bio-Eco. Objectif: comprendre les facteurs aggravant la chaleur dans les bâtiments scolaires et sensibiliser le corps enseignant ainsi que les élèves à cette problématique.
Les conclusions de cette étude démontrent que le facteur majeur faisant grimper le mercure dans les salles de classe est l’ombrage insuffisant. «Le mercure dépassait par moments les 26 degrés dans tous les types de bâtiment. Ces températures élevées limitaient la concentration et la productivité des élèves, qui se sentaient fatigués et incommodés», constatent les chercheurs.
Les constats ont aussi permis l’élaboration d’une «mallette», un kit de conseils destiné aux enseignants et aux élèves. Il y est par exemple suggéré d’aérer les classes la nuit, de fermer les stores la journée ou encore d’éviter les activités physiques durant l’après-midi.
Avec l’intensification du changement climatique, les préconisations des experts sont amenées à évoluer. «Nous sommes en train de mettre à jour la mallette et de rajouter de nouveaux éléments», précise Nelia Franchina, coordinatrice de projets chez Bio-Eco.
Car jusqu’ici, l’accent a surtout été mis sur la sensibilisation. Désormais, la question du réaménagement des écoles se pose: «Nous avons prévu d’ajouter des éléments dans la mallette pour mettre en place une démarche participative clés en main dans les écoles en cas de réaménagement de cour d’école et pour assurer que la question des fortes chaleurs soit prise en compte.»
Parmi les quelques préconisations, le projet pilote recommande de végétaliser les toits et les façades des bâtiments scolaires, de multiplier les arbres dans les cours de récréation, ou encore d’ajouter des fontaines dans chaque école.
Et certaines municipalités ont déjà sauté le pas pour contrer les effets du réchauffement climatique: «Par exemple, la commune de Préverenges (VD) a planté des arbres devant les fenêtres de son école», illustre Nelia Franchina.
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