Israël a approuvé mercredi 20 août 2025 un projet clé de construction de 3.400 logements en Cisjordanie occupée, dénoncé par l’Onu et plusieurs dirigeants car il devrait couper ce territoire palestinien en deux, compromettant toute continuité territoriale d’un éventuel État palestinien.

« Je suis heureux d’annoncer qu’il y a une heure à peine, l’administration civile a approuvé la planification pour la construction du quartier E1 ! », a annoncé dans un communiqué Guy Yifrah, maire de la colonie israélienne de Maalé Adoumim.

Élaboré en 1996 et connu sous le nom de « plan E1 », ce projet prévoit de relier Jérusalem-Est, occupée par Israël depuis 1967, à la colonie de Maalé Adoumim, située à 7 kilomètres. Longtemps suspendu face aux critiques de la communauté internationale, inquiète de ses conséquences sur la viabilité d’un futur État palestinien, il s’était heurté à l’opposition ferme des États-Unis — jusqu’à ce que l’administration Trump lève cet obstacle.

3 millions de Palestiniens en Cisjordanie

Hors Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël, quelque trois millions de Palestiniens vivent en Cisjordanie, aux côtés d’environ 500.000 Israéliens installés dans des colonies que l’Onu juge illégales au regard du droit international.

La colonisation de la Cisjordanie, frontalière de la Jordanie, s’est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens, de gauche comme de droite, depuis 1967. Elle s’est nettement intensifiée sous l’exécutif actuel, particulièrement depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée le 7 octobre 2023 par l’attaque sans précédent du Hamas contre Israël.

Les affrontements, parfois meurtriers, entre populations locales palestiniennes, armée et colons juifs s’y sont multipliés. Les autorités israéliennes restreignent fortement les déplacements des Palestiniens de Cisjordanie, tributaires de permis pour franchir les points de contrôle et entrer dans Jérusalem-Est ou en Israël.

« Un crime de colonisation »

Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne a « condamné dans les termes les plus forts » cette décision qui « compromet les perspectives de mise en œuvre de la solution à deux États […] en fragmentant l’unité géographique et démographique de l’État palestinien ». L’Autorité voit dans le projet E1 un nouveau « crime de colonisation » et une nouvelle étape de « l’annexion progressive de la Cisjordanie ».

« Cela ancre la division de la Cisjordanie occupée en zones et cantons isolés, déconnectés géographiquement et ressemblant à de véritables prisons où les déplacements entre eux ne sont possibles qu’à travers des points de contrôle d’occupation, au milieu de la terreur des milices de colons armés disséminées dans toute la Cisjordanie », a estimé l’Autorité palestinienne.

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a condamné fermement mercredi cette décision. « Les colonies israéliennes en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est, violent le droit international et vont directement à l’encontre des résolutions des Nations unies. L’avancement de ce projet constitue une menace existentielle pour la solution à deux États », a souligné son porte-parole dans un communiqué.

Le roi Abdallah II de Jordanie a également affirmé mercredi le rejet par son pays du projet E1, déclarant que « la solution à deux États est le seul moyen d’atteindre une paix juste et globale ».