Le 25 août, 22 personnes dont cinq journalistes ont été tués dans des frappes israéliennes sur un bâtiment de l’hôpital Nasser de Khan Younès, selon les autorités de la bande de Gaza. L’agence de presse américaine Associated Press (AP) a remis en cause, vendredi, les explications avancées par l’armée israélienne.
L’agence AP rappelle d’emblée que le haut du bâtiment frappé par l’armée israélienne est « un emplacement connu » pour être utilisé par des journalistes, notamment pour y réaliser des flux vidéo en direct. Selon des témoins, l’endroit est « fréquemment » survolé par des drones et cela a notamment été le cas « environ quarante minutes avant l’attaque », ajoute l’article.
L’agence cite un responsable militaire israélien lui ayant déclaré sous le couvert de l’anonymat que l’armée avait été amenée à penser qu’une caméra sur le toit de l’hôpital était utilisée par le Hamas parce que celle-ci et son opérateur étaient couverts d’une serviette, ce qui a été jugé « suspect ».
En réalité, il s’agissait d’un journaliste collaborant avec l’agence britanno-canadienne Reuters, Hossam Al-Masri, qui avait ses habitudes sur le toit de l’hôpital et qui aurait dû aisément être identifié comme tel par le drone l’ayant survolé avant la première frappe, qui va entraîner sa mort, écrit AP, notant n’avoir trouvé aucune preuve d’une autre caméra sur les lieux du drame ce jour-là.
Cette capture d’écran tirée d’une vidéo diffusée par Al Ghad TV montre la deuxième des deux séries de frappes israéliennes touchant les escaliers extérieurs de l’hôpital Nasser, quelques minutes après la première, à Khan Younèss, dans le sud de la bande de Gaza, le 25 août 2025. AP
Cette capture d’écran d’une vidéo montre le deuxième des deux projectiles que l’armée israélienne a tirés en succession rapide sur une cage d’escalier à l’extérieur de l’hôpital Nasser, quelques minutes après qu’une première série d’attaques a frappé le bâtiment, à Khan Younès, dans la bande de Gaza, le 25 août 2025. AP
L’agence note également que couvrir sa caméra avec un chiffon ou un tissu dans le but de la protéger des éléments est une pratique largement répandue chez les journalistes reporters d’images. AP dit avoir mis au jour d’« autres décisions troublantes » israéliennes.
« Peu après la première frappe, les forces israéliennes ont bombardé de nouveau la même position, après [l’arrivée] des secours [et de] journalistes [s’étant] précipités pour couvrir l’événement », écrit l’agence, disant avoir découvert qu’Israël avait frappé en tout « quatre fois » l’hôpital avec « des obus de char à forte charge explosive », et sans aucun avertissement. L’agence note que cela expose Israël à des accusations de « double frappe », une pratique décriée visant à faire un maximum de victimes et pouvant constituer un crime de guerre.
Mariam Dagga, photojournaliste indépendante collaborant avec AP, a été tuée dans ces frappes secondaires.