M-R. Moro: “La souffrance des ados en dit long sur une société qui ne donne pas envie à sa jeunesse”

Retour ce soir sur les résultats chocs de cette enquête de l’Institut Montigne de la Mutualité française et de l’Institut Teram rendu public cette semaine. En France, un/4 des jeunes, c’est-à-dire de la tranche d’âge 15 29 ans, dit être atteinte de dépression. Une autoévaluation donc au résultats inquiétant qui interpelle alors que la santé mentale avait été élevée, grande cause nationale de 2025. Selon ce sondage, un pic serait atteint entre 22 et 25 ans et les symptômes toucheraient davantage les jeunes femmes que les jeunes hommes. Étude qui s’insère donc en cette semaine de rentrée scolaire dans le débat public concernant la santé mentale de nos jeunes, mise à mal entre autres par les risques liés à internet ou encore l’accès parfois sans garde fou aux réseaux sociaux. On en parle ce soir avec notre invité Marie-Rose Morau, pédopsychiatre, directrice de la maison de Solen, la maison des adolescents de l’hôpital Cochin, autrice entre autres de bien-être et santé des jeunes ou encore de quand ça va quand ça va pas aux éditions Glena. Vous êtes également professeur à l’université Paris d’écart. Bonsoir Marie-Rose Morau. Merci infiniment d’avoir accepté notre invitation ce soir sur France 24 pour parler donc de ces résultats de cette étude qui inquiète. Est-ce que vous êtes effectivement interpellé par la multiplication de ces symptômes chez les jeunes tels que l’hyperanxiété, les troubles alimentaires, le sentiment de solitude et parfois les comportements extrêmes voire suicidaires. Oui. Alors ça correspond effectivement à notre inquiétude. Cette étude rend bien compte de l’importance de ces expériences négatives de nos adolescents. Alors, je rajouterai la le sentiment de d’inutilité, de dépression et euh et avec dans 8 à 10 % des cas des idées suicidaires, hein. Donc c’est ces adolescents, ils disent leur expérience, une expérience de de nonsens, de per d’inutilité, vous dites, c’est-à-dire qu’est-ce qu’ils vous qu’est-ce qu’ils vous disent quand ils viennent vous voir ? Alors, de il ils disent que ils ne voient pas, ils perdent l’envie de vivre. que ils ne voi pas le sens, qu’ils n’ont pas envie finalement de de faire partie euh de la société adulte. Ah oui, c’est c’est tragique. C’est ça dit d’ailleurs beaucoup euh euh enfin ça dit d’abord la souffrance de nos adolescents et la nécessité euh de bien s’en occuper, de les aider. Mais ça dit aussi euh euh sur notre société qui ne donne pas envie à sa jeunesse euh de faire partie de cette société, d’être actif, d’avoir envie euh de éventuellement d’ailleurs de changer le monde hein parce que on peut imaginer que c’est c’est ça d’ailleurs qui souvent donne du sens à la vie des adoles ils veulent agir. Vous constatez qu’il y a une aggravation ces dernières années ? Ah bah oui, ça toutes les études le montrent. une une aggravation du de du ressenti, c’est-à-dire que les adolescents euh parce que là, il s’agit d’une auto-évaluation. Voilà, c’est ça. Et mais c’est ça qui est important, c’est comment eux ils le vivent. Et euh oui, je le ressens et et avec une préoccupation importante de leurs parents également hein qui se rendent bien compte de de cette négativité et euh et surtout un pessimisme aussi de de la société française qui au fond laisse peu de place en réalité à ces jeunes gens et à leur manière à eux de faire société de faire et des symptômes constatés aussi chez les plus jeunes. un ragenissement alors pour de ces dans ces symptômes. Oui. Pour certaines pathologies, il y a un raunissement et puis comme le disait comme c’était dit, il y en a plus chez les femmes. Alors, par exemple, les troupes du comportement alimentaire, avant ils apparaissaient chez les adolescents, c’est-à-dire au moment de cette transformation adulte et et maintenant on les voit de plus en plus chez les plus jeunes, c’est-à-dire à partir de 9 10 ans. On n’ pas encore des transformations pubertaires et et déjà on n’aime pas ce corps, on n pas envie de se faire plaisir, on n pas envie de manger, on a on n pas envie de de l’animer ce corps. Donc les troubles du comportement alimentaire se sont rajunies, la dépression également c’est rajuni. Et puis aussi quelque chose qui touche beaucoup la France qui sont ce que on appelle dans le jargon souvent les parents l’appellent comme ça les la phobie scolaire. la l’impossibilité pour un adolescent euh d’aller à l’école, non pas qu’il veuille pas y aller, mais il ne peut pas y aller. C’est trop euh il y a trop d’angoisse autour de l’école, autour du chemin de l’école et là aussi ça se rajunit. Alors la tranche des jeunes étudiés dans cette étude de l’Institut Montenne est celle du Covid he dont la sortie de l’enfance a donc coïncidé avec la pandémie et les divers confinements qui ont suivi. Il y a pas de surprise donc de ce côté-là. Pour autant, est-ce que euh le fait d’être la génération Covid explique tout ? C’est quoi les causes de ce mal-être ? Non, non, non. Euh euh j’aime pas d’ailleurs la notion de génération Covid parce que c’était extrêmement hétérogène euh et eux non eux non plus n’aiment pas qu’on les appelle comme ça. Mais alors à quoi lié est cette anxiété que vous décrivez ? Bah c’était avant le Covid hein. Ça ça c’était bien avant le Covid. on a on a vu augmenter euh en particulier les troubles anxieux et euh et le Covid a a quand même accentué, c’estàdire que ça a été un moment de rupture, un moment de frayeur collective. Et puis vous rappelez aussi que c’est un moment où on a beaucoup dit des choses négatives sur les jeunes sur l’idée que qu’ étaient responsables, voilà, qu’ils étaient responsables mais que ne mourraient pas. Et donc c’est un moment particulier et puis il y a les effets du confinement. C’estàd que avoir Oui, c’est ça. Du de l’isolement, de la séparation, avoir 17 ans sous le Covid, c’était difficile hein. Mais euh mais ça n’a fait que au fond que révéler augmenter quelque chose qui était déjà là, qui est une augmentation, une perte du du sens de la vie d’une partie de nos adolescents et des dou. Alors, c’est évidemment on cherche tous il y a plein d’éléments possibles. Euh un des euh outre euh l’actualité peut-être le réchauffement climatique, l’état de notre planète, peut-être que est-ce que cette écoanxiété ça ça contribue ? Non, moi je pense que ça c’est des ça c’est des éléments de notre contexte qui sont des éléments négatifs avoir peur de de ce qui va se passer demain, de la manière dont on a fait du mal à notre planète et tout ça. Évidemment les les jeunes gens qui sont très conscients de ça, ça peut leur peser. Mais c’est pas ça qui les rend dépressifs. C’est pas ça qui va les rendre anxieux au sens individuel ou c’est pas ça qui va les faire souffrir. Pour qui est souffrance, il faut une conjonction de plusieurs de plusieurs éléments mais d’éléments intérieurs. C’est-à-dire que moi adolescent, j’ai 16 ans, j’ai 17 ans et et quelle est ma place et et quelle est ma fonction ? Et moi je je constate quelque chose qui me qui me fait qui m’inquiète beaucoup, c’est que globalement ces adolescents, ils ont une estime d’eux-même très négative. C’est ils ont le sentiment qu’ils ne valent rien, qu’ils ne feront pas bien, que le monde va pas bien et que eux n’iront pas bien dans ce monde. Et et donc cette estime nég cette estime de soi très négative, à mon avis, c’est quelque chose en rapport avec la euh la société, c’est-à-dire on a peu d’enfants, euh on les d’une certaine façon on les on attend énormément d’eux mais on attend des choses paradoxales, plus de pression sur eux. beaucoup de pression par rapport à avant la génération d’avant. Oui. Ah oui oui. La pression sur la réussite scolaire, la réussite individuelle, être capable de tout faire, d’être un intellectuel mais aussi du sport et de la musique et de la et de la peinture et donc la la la fa des parents aussi ben de nous tous, de la société. Euh et une grande solitude de ces adolescents qui euh qui doivent avoir de plus en plus des parcours individuels parce que même à l’école euh on n’est plus dans une classe, on est euh dans des groupes, des parcours différents. Euh des parents aussi qui sont seuls pour s’occuper de leurs adolescents. Moi, je suis aussi très très sensible à ça. C’est-à-dire que les parents d’adolescents ne quand il y a une difficulté, quand il y a une question, bah ils savent pas à qui demander. ils ont pas la possibilité de d’échanger avec d’autres et d’être soutenu. Et donc je pense que c’est l’ensemble de ces facteurs qui sont des facteurs à la fois sociétaux mais aussi d’organisation des familles et d’expérience de nos enfants. Et bien sûr après il y a aussi des éléments qui rendent notre monde complexe hein. Alors, au centre des préoccupations évidemment quand on parle de la santé mentale des jeunes, il y a aussi la question des écrans et selon cette étude qu’on cite depuis tout à l’heure, plus l’usage plus il y a usage des réseaux sociaux, plus le bien-être déclaré se détailleur là aussi, c’est un résultat logique. Quand on parle réseaux sociaux, on pense notamment à TikTok, Snapchat, Instagram, tout ça alors contribue à ce mal-être. Alors ça contribue à notre monde et à sa difficulté, à sa dureté aussi. sa rivalité, on se compare, on se regarde et cetera. Mais c’est c’est c’est-à-dire c’est interactif, c’est-à-dire c’est par exemple quand moi je vais pas bien, je regarde les réseaux sociaux et et je regarde les réseaux sociaux, ça me fait du mal. Donc c’est voyez, c’est cette c’est pour ça que les réseaux sociaux, faut apprendre à les maîtriser parce que je pense que personne n’a la capacité de de faire en sorte qu’il n’existe plus. Donc il faut qu’il que les enfants soient en qu’ils puissent maîtriser, qu’il ne soient pas euh à paix euh qu’il y ait pas d’emprise sur nos enfants. Euh et je je pense que ça c’est ça une meilleure régulation de ces meilleur régulation. Exactement. Justement en France, il y a une le rapport hein d’une commission d’enquête parlementaire sur les effets néfastes, les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs a été remis et sera d’ailleurs présenté la semaine prochaine hein en conférence de presse et des représentants euh disons de de victimes présumé du réseau social de des parents en fait enillés après le suicide de leurs enfants espèrent à l’issue de voilà la présentation de ce rapport une proposition de loi visant l’interdiction des réseaux sociaux au moins de 15 ans. une piste que vous trouvez bienvenue ? Bah, je pense que la régulation est importante. Oui, c’est une piste intéressante mais ne mais ne je pense que ça ne résoudra pas l’ensemble des des questions, mais c’est une piste intéressante parce qu’au moins ça dit à nos enfants euh attention, il y a il y a danger. Il y a danger, il faut apprendre euh il faut apprendre à se à se à à utiliser ce ce réseau comme on apprend des tas d’autres choses dans la réalité. Euh et donc je pense que de ce point de vue là, oui, mais aussi par exemple le fait que les enfants n’aient pas de téléphone à l’école, ça aussi c’était alors ça c’est une décision d’abord, la ministre de l’éducation nationale. Là, on va quand même dans la bonne direction. C’est intéressant que c’est intéressant qu’effectivement les les les espaces que le les réseaux sociaux, les téléphones ne prennent pas toute la place. Mais je sur sur cette question des des téléphones à à l’école, j’attire le l’attention du sur le fait que en fait les la les parents aussi euh intègrent maintenant ce téléphone. C’estàd il considère que le téléphone c’est une manière de joindre leurs enfants à tout moment. Et et donc du coup, vous voyez, c’est une c’est pour ça que c’est une question d’organisation de la vie. Euh parce qu’au fond, quelque chose dont on croit que ça va nous aider, ben ça ça va rendre plus difficile l’autonomie des enfants et euh leur apprentissage du monde tel qu’il est. Alors dans le cadre de notre conversation, vous évoquiez d’ailleurs tout à l’heure l’adolescence, cette époque que l’on s’est charnière dans la construction de soi. Et à ce sujet, votre carte blanche du jour, hein, c’est une tradition dans les interviews de cœur de l’info. Votre carte blanche est une image d’archive que vous avez donc choisi à ma demande du pédopsychiatre britannique Donald Vinicot qui accordait donc un intérêt tout particulier à cette période de l’existence qui est l’adolescence et qui avait une influence majeure disons dans les années 1950 si je me trompe pas. Pourquoi ce ce choix d’archive et qu’est-ce que qu’est-ce qu’il a à nous apporter dans le cadre de notre discussion du jour ? Alors euh Winnie Cot effectivement un pédiatre et un pédopsychiatre anglais euh qui euh a beaucoup travaillé avec les adolescents pendant la guerre et ensuite après il avait une émission à la BBC et Winnie Cot et je trouve qu’il nous a appris quelque chose deux choses essentielles. première, c’est que l’adolescence un moment de transformation, c’est un moment de fragilité et mais et et donc il faut aimer nos adolescents pour il faut pour leur permettre par notre regard et notre position d’éducateur, de parents et cetera de les aider à à traverser et à devenir euh devenir des des adultes heureux. et et ça, je trouve que et la 2è chose c’est que il a il a il a milité pour que euh les pédopsychiatres et tous ceux qui travaillent dans ce champ-là euh euh redonne à la société tout ce qu’on apprend euh en pédopsychiatrie euh avec les adolescents et cetera pour que tout le monde prenne soin de ces adolescents. C’est que les adolescents, soigner les adolescents, prendre soin de nos adolescents, c’est les pédopsychiatres, les psychologues bien sûr, les les médecins, mais aussi chacun d’entre nous. C’est que la société doit apprendre à aimer ses adolescents pour les aider à faire ce cette transformation qui est bien difficile parfois en adulte. La santé mentale avait été érigée grande cause du quinquena et grande cause d’ailleurs de de cette année 2025. Cette annonce a-t-elle été suivie des faits, d’investissement ? des faits symboliques, je l’espère quand même. On s’est dit voilà, il y a quelque chose d’important dans cette santé mentale qui est qui appartient aux adolescents, à leurs parents mais en fait à la société tout entière parce que quand des adolescents vont mal, c’est aussi le signe que la société va pas bien. Euh mais non, aucun aucune réelle investissement. Ça m’inquiète d’ailleurs beaucoup parce que je je pense que ça serait un signe de de politique fort de se dire voilà c’est notre jeunesse, c’est une priorité, il faut la soigner, il faut l’aimer. Merci infiniment Marie-Rose Morau d’avoir répondu ce soir à nos questions sur la santé mentale de nos jeunes dans au cœur de l’info. Cet entretien est à retrouver sur notre site internet et nos réseaux sociaux. Merci encore d’être venu sur France 24 et c’est l’heure.

Une enquête de l’Institut Montaigne, de la Mutualité française et de l’Institut Terram, dévoilée cette semaine révèle qu’en France, un quart des jeunes dit être atteint de dépression. Une étude qui interpelle alors que la santé mentale avait été élevée grande cause nationale de 2025.

La pédopsychiatre Marie Rose Moro, directrice de la maison de Solenn, la maison des adolescents de l’hôpital Cochin était l’Invitée d’Au Cœur de l’Info.
#Santé_Mentale #Jeunesse #France

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9 comments
  1. … UNE DÉPRESSION CAUSÉE PAR LES MESURES DITES SANITAIRES QUI ONT FAIT BEAUCOUP PLUS DE MAL QUE DE BIEN😮

  2. Un bon stage de survi de 3 mois dans le 1er RPIMa régiment de parachutistes d'infanterie de marine et ca va leur remettre les neurones en place. A moi la légion ! 😂

  3. Quand on explique que dès la maternelle on doit se projeter dans une formation et dans un métier. Que le ventre des femmes doit servir pour réarmer le pays. Je me dis que même les foetus vont finir par avoir les chocottes. D'ailleurs si j'avais su, je serais resté dans les bourses paternelles 🍒

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