La population suisse doit se prononcer le 28 septembre sur l’abolition de l’impôt sur la valeur locative. Invité jeudi dans La Matinale, le conseiller national Philippe Nantermod (PLR/VS) rejette une réforme qui instaure, selon lui, des compensations inadéquates et mal équilibrées.

En Suisse, tout propriétaire de logement doit payer un impôt selon le système de la valeur locative. Le Parlement et le Conseil fédéral souhaitent l’abolir, alors que la gauche s’y oppose et que les partis de droite se déchirent.

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Si la droite est divisée, ce n’est pas tant sur le principe de la suppression d’un impôt sur la propriété, mais principalement en raison des compensations et abolitions de déductions fiscales prévues. Un clivage confirmé par Philippe Nantermod jeudi matin: “La suppression pure et simple de la valeur locative a été rejetée pour des motifs de recettes fiscales. J’aurais été pour son abolition, ou du moins une réduction massive”, dit-il.

L’élu PLR valaisan nuance toutefois: “Dans l’absolu, pour une question d’équité entre propriétaires et locataires, on ne peut pas supprimer sèchement la valeur locative. Mais on pourrait imaginer une déduction sociale d’une part au logement, pour les locataires et les propriétaires. Ça implique une réduction de recettes fiscales, c’est vrai, mais dans les dernières années, les recettes de l’Etat n’ont fait qu’augmenter et les dépenses des citoyens aussi”, argumente-t-il.

Opposition entre jeunes et retraités

Selon Philippe Nantermod, le principal problème, c’est que la réforme crée d’autres impôts pour préserver l’équilibre budgétaire des cantons. “On ne fait que redistribuer en décidant quels propriétaires doivent payer moins et lesquels doivent payer plus. On fait un arbitrage assez malsain” entre ceux qui ont entièrement remboursé leur dette hypothécaire et ceux qui sont encore endettés, estime-t-il.

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Or, ce nouvel équilibre irait à l’encontre de la solidarité intergénérationnelle: “C’est vrai que les retraités sont les premiers à pouvoir être victimes de la pauvreté. Mais ils sont aussi les plus nombreux à être propriétaires, ceux qui ont accumulé le plus de fortune dans notre pays et des personnes qui ont bénéficié toute leur vie des déductions qu’ils veulent aujourd’hui supprimer pour bénéficier d’un système fiscal mieux adapté à leur situation actuelle”, critique-t-il.

“De l’autre côté de la balance, vous avez tous les jeunes, les familles qui sont devenues propriétaires ces dernières années et qui bénéficient, avec le système en vigueur, de la possibilité de déduire les intérêts hypothécaires.”

Avec cette réforme, “on met un clou supplémentaire dans le cercueil de la propriété immobilière pour les jeunes”, résume Philippe Nantermod.

Propos recueillis par Delphine Gendre/jop