C’est une première depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, en février 2022. Dans la nuit du 9 au 10 septembre, au moins 19 violations de l’espace aérien polonais ont été décomptées – la plupart des drones observés provenant de la Biélorussie – et au moins trois drones russes, abattus. En réponse, le pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan) a demandé que l’article 4 du traité atlantique soit activé.
Cet article prévoit que « les parties se consulteront chaque fois que, de l’avis de l’une d’elles, l’intégrité territoriale, l’indépendance politique ou la sécurité de l’une des parties sera menacée ». Si les ambassadeurs du Conseil de l’Atlantique nord, qui est la plus haute instance civile gouvernant l’Otan, avaient prévu de se réunir ce mercredi 10 septembre dans le cadre d’un rendez-vous organisé depuis longtemps, cette rencontre s’est donc finalement faite dans le cadre de l’article 4 du traité de l’alliance.
En début d’après-midi, à l’issue de cette réunion, le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, a fait une brève déclaration aux médias en affirmant notamment que « la violation de la nuit dernière n’était pas un événement isolé » et en dénonçant le « comportement dangereux » de la Russie dans le ciel polonais. Rappelant qu’une « évaluation complète » était en cours, il a souligné que cette action, qu’elle ait été « intentionnelle ou non, est absolument irresponsable, dangereuse ».
Pas nécessairement d’action militaire à venir
De son côté, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a fustigé une « violation dangereuse » et « sans précédent » de l’espace aérien polonais. Et d’ajouter : « L’Europe est pleinement solidaire de la Pologne. » Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a pour sa part dénoncé un « ciblage délibéré » par la Russie – certains drones ont en effet été observés très loin dans le territoire polonais, notamment près de Gdansk. Emmanuel Macron a également commenté la séquence en condamnant avec « la plus grande fermeté » cette incursion « inacceptable », sur X : « J’appelle la Russie à mettre fin à cette fuite en avant. […] Nous ne transigerons pas avec la sécurité des alliés. »
L’incursion de drones russes dans l’espace aérien polonais au cours d’une attaque conduite par la Russie contre l’Ukraine est tout simplement inacceptable. Je la condamne avec la plus grande fermeté. J’appelle la Russie à mettre fin à cette fuite en avant. Je réitère au peuple…
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) September 10, 2025
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Depuis la création de l’alliance, en 1949, c’est seulement la huitième fois que l’article 4 est invoqué – il l’avait déjà été à trois reprises en lien avec l’invasion russe en Ukraine. Plus tôt, il avait notamment été actionné par la Turquie en réponse à la menace de la guerre en Irak en 2003, mais aussi face à celle du conflit syrien (entre 2012 et 2020) ou encore lors d’attentats terroristes en 2015. La Pologne y avait également fait appel en mars 2014 après l’annexion de la Crimée.
Contrairement à l’article 5 du traité de Washington, l’article 4 n’engage pas une réponse collective en cas d’attaque armée. Autrement dit, cette rencontre en urgence n’entraînera pas nécessairement d’action militaire, elle servira seulement à évaluer la situation et à envisager des mesures communes.