Traversée lacustre –
Deux recours contre la Voie bleue sont examinés en justice
Alors que la nouvelle liaison de la CGN entre Corsier et Bellevue doit démarrer lundi, le Tribunal administratif fédéral se penche sur deux recours contre la décision de l’Office fédéral des transports.

L’embarcadère de Corsier, où l’arrivée de la navette de la CGN, dès lundi, soulève la colère de certains habitants.
Magali Girardin
La Voie bleue pourra-t-elle être inaugurée lundi, comme le prévoient ses promoteurs? Ces derniers jours, le Tribunal administratif fédéral (TAF) a été saisi de deux recours attaquant notamment le fait que l’Office fédéral des transports (OFT), dans sa décision d’accorder la concession d’exploitation à la CGN, écartait toute possibilité d’effet suspensif en cas de recours. Mardi, par une ordonnance, le TAF a intimé les parties de présenter leurs pièces, la décision est donc très attendue.
Alors que la météo de lundi s’annonce clémente, que le conseiller d’État Pierre Maudet, chargé de la Mobilité, est annoncé présent pour l’inauguration, un climat de tempête continue donc de s’abattre sur la nouvelle ligne de la CGN, qui vise à faciliter la vie des pendulaires entre les deux rives. «Elle est plébiscitée par les Genevois», mettent en avant ses promoteurs (lire l’encadré), dont font partie la banque Lombard Odier, qui vient d’inaugurer son siège à Bellevue, l’entreprise Richemont, ainsi que douze communes.
Malgré les recours, les promoteurs de la Voie bleue se disent confiants. «L’intérêt public de la Voie a été clairement démontré et le Canton soutient le projet. L’Office fédéral des transports a pris sa décision en toute connaissance de cause, sur la base d’un dossier solide, fruit de six ans de travail», soulignent-ils, en questionnant aussi la qualité pour recourir des opposants.
La Mairie de Corsier au front
L’un des recours émane de la Mairie de Corsier, qui l’a déposé le 1er septembre, confirme à la «Tribune de Genève» le maire, Killian Sudan. Il demande donc la levée de l’effet suspensif et se base sur trois angles d’attaque: «Les nuisances que va générer le projet pour la population de Corsier, les risques qu’il fait encourir au site palafittique de la baie de Corsier, classé à l’Unesco, et le fait que le projet a été monté sans appel d’offres.»
«Nous l’avons dit, nous ne sommes pas contre une traversée en soi, mais Corsier n’est pas le bon endroit, à cause notamment de l’éloignement de la desserte en transports publics. Nous craignons un afflux de trafic et du parking sauvage», précise le maire de Corsier au sujet du premier angle d’attaque.
Un autre recours adressé au Tribunal fédéral administratif, daté du 5 septembre, émane de riverains du port de Corsier et de l’association Sauvons la baie de Corsier. Il attaque lui aussi la décision de l’OFT sur l’absence d’effet suspensif et demande notamment que plusieurs expertises indépendantes soient réalisées: une sur le nombre de passagers escomptés sur la ligne, une sur les émissions polluantes sur l’ensemble de la zone riveraine de l’embarcadère (on reproche au bateau, fonctionnant au diesel, d’être polluant) et enfin une sur les conséquences de la ligne sur le site palafittique de Corsier-Port. À noter à ce propos qu’une expertise, écartant toute répercussion, avait été réalisée par un bureau d’ingénieurs vaudois à la demande de l’archéologue cantonal.
À ces démarches en justice s’en ajouterait une troisième, celle de Me Romain Jordan, qui s’apprête lui aussi à recourir au TAF. L’avocat défend des riverains, de même que l’archéologue Pierre Corboud, qui craint toujours que les allées et venues de la CGN, selon le tracé prévu, n’affectent le site palafittique. «Si la ligne démarre, il est évident que je vais continuer le combat», dit Pierre Corboud, prêt à surveiller très étroitement la trajectoire des bateaux.
Nouvelle pétition
Des habitants de Corsier continuent par ailleurs de se mobiliser. Une nouvelle pétition a été lancée par l’Association des intérêts de la commune de Corsier contre la traversée, alors qu’une première pétition a été classée par le Grand Conseil il y a quelques jours à l’issue d’un débat jugé «expéditif». Elle reprend les arguments notamment sur la «localisation inadéquate de la traversée», la crainte d’une «atteinte au site palafittique» et le fait que «le projet n’a été conçu que pour les intérêts privés de la banque Lombard Odier».
Lundi matin, c’est à bord de la navette de 8 h 20 au départ de Bellevue que doivent démarrer les festivités pour l’inauguration de la Voie bleue. Reste à savoir, dans l’attente d’une décision du TAF, si les feux resteront au vert.
Alors que les opposants continuent de se battre, les promoteurs de la Voie bleue viennent de publier un sondage, réalisé par MIS Trend entre le 30 juin et le 6 juillet, montrant que 75% des Genevois se déclarent favorables à la mise en service de la navette Corsier-Bellevue après présentation du projet. Et 70% la jugent utile pour la mobilité durable. De manière plus globale, quatre Genevois sur cinq estiment que l’utilisation accrue du lac est une bonne solution pour désengorger le trafic dans la région. Quand on leur demande précisément s’ils sont prêts à troquer certains trajets en voiture pour une navette lacustre, deux tiers des sondés répondent «oui».
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