Ce vendredi matin en France, les syndicats se réjouissent du succès de la mobilisation dans les rues la veille. Avec 1 million de manifestants d’après leurs chiffres, 500.000 d’après la police, ils ont démontré leur capacité à incarner la colère des Français. Plus que le mouvement « Bloquons tout », pour autant la situation politique reste toujours très compliquée.
Il y a eu deux succès jeudi en France : celui des syndicats, et donc de la gauche. Mais aussi un succès de la droite, avec le ministre de l’Intérieur, le Républicain Bruno Retailleau, qui a réussi à contenir les débordements.
À la fin de la journée, on comptait 181 interpellations qui ont abouti à 75 gardes à vue. Ce n’est pas beaucoup. Mais qu’elle sera la suite ? Ce sera peut-être une solution à la belge… Une véritable Révolution.
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Depuis 1958 et l’instauration de la Vème République, la France a perdu sa culture parlementaire. Jusqu’en 2022 l’Assemblée nationale n’était qu’une chambre d’enregistrement, au service d’un gouvernement disposant de la majorité absolue. Une évidence quand le parti du Président était au pouvoir, mais aussi en cas de cohabitation. Les élections législatives donnaient des vainqueurs et le président n’avait qu’à nommer Premier Ministre, le chef du parti majoritaire.
Un journaliste du Figaro vient d’ailleurs de publier un livre dans lequel il affirme qu’en procédant à une dissolution l’an dernier, Emmanuel Macron s’attendait à une victoire du Rassemblement National. Il aurait alors nommé Jordan Bardella à Matignon, dans l’espoir de le griller comme l’avait fait François Mitterrand avec Jacques Chirac en 1986.
Du jamais vu
Mais la constitution d’un front républicain contre le RN a tout bouleversé, le parti de Marine Le Pen pourtant largement arrivé en tête au premier tour, n’a pas réussi à transformer l’essai, et la France s’est retrouvée sans majorité avec une Assemblée constituée de trois grandes forces quasi égales, et de 11 groupes parlementaires. Du jamais vu.
Michel Barnier puis François Bayrou, issus de la culture majoritaire n’ont pas su créer des compromis à la belge. Sébastien Lecornu semble avoir compris la leçon. Il consulte tous azimuts, et recevra notamment les syndicats la semaine prochaine. Il prend son temps et agit comme un formateur en Belgique.
Quand on voit ce qui s‘est passé hier, il va devoir essayer de constituer un gouvernement hybride, avec les Macronistes, les Républicains mais aussi la gauche modérée. Rejetant dans l’opposition les deux extrêmes, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. Un attelage à la belge, complètement incongru sous la Vème République.
Je lui conseillerais bien d’aller suivre un stage à Bruxelles. Mais, ce n’est peut-être pas le moment…
