Un « puissant malaise » : la polémique sur les drapeaux palestiniens fragilise l’unité du PS Julien Duffé, Pierre Maurer
C’est une polémique dont le Parti socialiste se serait bien passé alors qu’il entame ce mercredi 17 septembre ses discussions à Matignon sur le budget. Des tweets postés dimanche par le Premier secrétaire, Olivier Faure, provoquent « un puissant malaise » chez ses opposants internes. Dans le premier message, réagissant aux manifestations propalestiniennes espagnoles, le patron du PS émet une proposition. « Le 22 septembre, quand la France reconnaîtra enfin l’État palestinien, faisons flotter le drapeau palestinien sur nos mairies » suggère-t-il.
La date fait référence à la reconnaissance de l’État palestinien que le président Emmanuel Macron doit formaliser au siège de l’ONU lors d’une conférence sur la « solution à deux États ». En réaction, l’internaute Julien Bahloul, ancien porte-parole de l’armée israélienne, fait remarquer à Faure que le 22 septembre correspond aussi au nouvel an juif, lui reprochant de chercher « à dépasser Mélenchon sur son propre terrain puant ».
Faure rétorque, toujours sur X : « Tant que vous penserez que vous ne pouvez fêter le nouvel an juif et l’an 1 d’un État palestinien, vous ne sèmerez que la haine, le désespoir et la mort. » « Un puissant malaise », dénonce Guedj
Alors que la proposition de pavoiser les mairies avec le drapeau palestinien suscite l’indignation du Rassemblement national et du ministre de l’Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau, les représentants de la communauté juive s’émeuvent de son deuxième message. Le grand rabbin de France Haïm Korsia reproche ainsi au socialiste de « confondre calendrier religieux et conflit géopolitique ». Faure, lui, fait valoir que le « vous » de son message s’adressait « au seul » internaute à qui il répondait, balayant une indignation « à mauvais escient ».
L’explication n’a pas suffi à son collègue député Jérôme Guedj. Mardi dans « L’Opinion », le député de l’Essonne a estimé qu’avec sa réponse « savamment alambiquée », Faure avait « créé un puissant malaise par-delà les frontières de la communauté juive », « en mêlant une fête religieuse » à la reconnaissance de l’État palestinien, pointant le risque d’une « assignation identitaire permanente » sans se lancer dans un procès en antisémitisme. « Un homme politique, ça s’empêche. Un premier secrétaire du PS, encore plus », sermonne-t-il. Delga fustige une « initiative personnelle »
Un « tweet très malheureux » condamne aussi le courant interne du PS « Changer pour gagner », auquel Guedj appartient, lui demandant de le retirer. « Nous refusons toute essentialisation du débat qui associerait les Français juifs à la politique d’extrême droite de Benyamin Netanyahou », explique dans un communiqué le courant auquel appartiennent le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, la maire de Paris, Anne Hidalgo ou encore la présidente d’Occitanie, Carole Delga.
À mots couverts, certains socialistes reprochent à Faure de se mettre dans la roue des Insoumis, qui ont fait de la cause palestinienne leur cheval de bataille.
Mardi, devant plusieurs journalistes, Carole Delga avait déjà critiqué « l’initiative personnelle » d’Olivier Faure quant à sa proposition de pavoiser les mairies avec le drapeau palestinien. « Si cela avait été proposé au bureau national du PS, j’aurais été contre », avait-elle souligné. L’affaire divise cependant au sein même du courant « Changer pour gagner », puisque l’un de ses principaux animateurs, le député Philippe Brun, a apporté ce mercredi sur FranceInfo son soutien à Faure, dénonçant une « mauvaise polémique » et des attaques « indignes ».
Le coup de chaud tombe au plus mal pour le PS, qui a besoin d’afficher un front unitaire face à Lecornu, dans ses négociations pour le budget. « Tout ça n’est pas à la hauteur. C’est une faute politique de laisser penser qu’Olivier Faure aurait pu tenir des propos antisémites », enrage un proche du Premier secrétaire, qui prévient que le chef des roses « ne retirera jamais son tweet ».
Elle est dans la pièce avec nous cette unité du PS ?
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Un « puissant malaise » : la polémique sur les drapeaux palestiniens fragilise l’unité du PS Julien Duffé, Pierre Maurer
C’est une polémique dont le Parti socialiste se serait bien passé alors qu’il entame ce mercredi 17 septembre ses discussions à Matignon sur le budget. Des tweets postés dimanche par le Premier secrétaire, Olivier Faure, provoquent « un puissant malaise » chez ses opposants internes. Dans le premier message, réagissant aux manifestations propalestiniennes espagnoles, le patron du PS émet une proposition. « Le 22 septembre, quand la France reconnaîtra enfin l’État palestinien, faisons flotter le drapeau palestinien sur nos mairies » suggère-t-il.
La date fait référence à la reconnaissance de l’État palestinien que le président Emmanuel Macron doit formaliser au siège de l’ONU lors d’une conférence sur la « solution à deux États ». En réaction, l’internaute Julien Bahloul, ancien porte-parole de l’armée israélienne, fait remarquer à Faure que le 22 septembre correspond aussi au nouvel an juif, lui reprochant de chercher « à dépasser Mélenchon sur son propre terrain puant ».
Faure rétorque, toujours sur X : « Tant que vous penserez que vous ne pouvez fêter le nouvel an juif et l’an 1 d’un État palestinien, vous ne sèmerez que la haine, le désespoir et la mort. » « Un puissant malaise », dénonce Guedj
Alors que la proposition de pavoiser les mairies avec le drapeau palestinien suscite l’indignation du Rassemblement national et du ministre de l’Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau, les représentants de la communauté juive s’émeuvent de son deuxième message. Le grand rabbin de France Haïm Korsia reproche ainsi au socialiste de « confondre calendrier religieux et conflit géopolitique ». Faure, lui, fait valoir que le « vous » de son message s’adressait « au seul » internaute à qui il répondait, balayant une indignation « à mauvais escient ».
L’explication n’a pas suffi à son collègue député Jérôme Guedj. Mardi dans « L’Opinion », le député de l’Essonne a estimé qu’avec sa réponse « savamment alambiquée », Faure avait « créé un puissant malaise par-delà les frontières de la communauté juive », « en mêlant une fête religieuse » à la reconnaissance de l’État palestinien, pointant le risque d’une « assignation identitaire permanente » sans se lancer dans un procès en antisémitisme. « Un homme politique, ça s’empêche. Un premier secrétaire du PS, encore plus », sermonne-t-il. Delga fustige une « initiative personnelle »
Un « tweet très malheureux » condamne aussi le courant interne du PS « Changer pour gagner », auquel Guedj appartient, lui demandant de le retirer. « Nous refusons toute essentialisation du débat qui associerait les Français juifs à la politique d’extrême droite de Benyamin Netanyahou », explique dans un communiqué le courant auquel appartiennent le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, la maire de Paris, Anne Hidalgo ou encore la présidente d’Occitanie, Carole Delga.
À mots couverts, certains socialistes reprochent à Faure de se mettre dans la roue des Insoumis, qui ont fait de la cause palestinienne leur cheval de bataille.
Mardi, devant plusieurs journalistes, Carole Delga avait déjà critiqué « l’initiative personnelle » d’Olivier Faure quant à sa proposition de pavoiser les mairies avec le drapeau palestinien. « Si cela avait été proposé au bureau national du PS, j’aurais été contre », avait-elle souligné. L’affaire divise cependant au sein même du courant « Changer pour gagner », puisque l’un de ses principaux animateurs, le député Philippe Brun, a apporté ce mercredi sur FranceInfo son soutien à Faure, dénonçant une « mauvaise polémique » et des attaques « indignes ».
Le coup de chaud tombe au plus mal pour le PS, qui a besoin d’afficher un front unitaire face à Lecornu, dans ses négociations pour le budget. « Tout ça n’est pas à la hauteur. C’est une faute politique de laisser penser qu’Olivier Faure aurait pu tenir des propos antisémites », enrage un proche du Premier secrétaire, qui prévient que le chef des roses « ne retirera jamais son tweet ».
Elle est dans la pièce avec nous cette unité du PS ?
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