Dépenses structurelles en hausse

Ces chiffres serviront de base à la confection du budget 2026, que le gouvernement fédéral devra présenter le mardi 14 octobre. Le Premier ministre a déjà indiqué que l’exécutif, suivant l’accord de majorité, visera principalement une réduction des dépenses. Il faut bien dire que le niveau de dépenses primaires est devenu vraiment préoccupant. Ce sera d’ailleurs un des principaux facteurs scrutés par la Commission européenne. La hausse des dépenses primaires est en effet continue, surtout sous l’effet de la sécurité sociale (pensions, soins de santé) et des allocations sociales (dont le revenu d’intégration via les CPAS). Comme leur croissance dépasse celle des recettes, le déficit public ne cesse de se creuser. L’inflation récente a aussi provoqué une série d’indexations salariales et sociales, entraînant une accélération des dépenses.

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Sans mesure de correction, les dépenses primaires continueront donc de croître : + 9,4 milliards entre 2026 et 2030 ! Le problème semble contenu pour 2025, selon les experts, qui relèvent par ailleurs une baisse des recettes fiscales de 989 millions d’euros, partiellement compensée par une réduction des dépenses primaires de 957 millions. Les tensions sont concentrées sur le précompte professionnel et les versements anticipés, tandis que les cotisations sociales se maintiennent. Bref, la conjoncture reste morose cette année. Mais c’est surtout après que cela se corse, avec une accélération des dépenses en fin de législature (un classique…), après 2028.

L’augmentation des charges d’intérêts, moteur de la détérioration du déficit

Les causes de la détérioration du déficit entre 2025 et 2030 restent similaires à celles identifiées en juillet. Le Comité de monitoring souligne que l’aggravation de ce déficit public de 1,6 % du PIB durant la période “s’explique pour un quart par la détérioration du solde primaire et pour trois quarts par l’augmentation des charges d’intérêts”. Entre 2026 et 2030, le service de la dette devrait coûter plus de 21 milliards d’euros, contre moins de 8 milliards il y a deux ans, exposant la Belgique à des pressions accrues sur les marchés financiers si aucun effort structurel n’est entrepris.

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Ce n’est pas tout : le solde de la sécurité sociale reste structurellement négatif. Le vieillissement de la population et la hausse des dépenses liées aux soins de santé et aux pensions constituent des facteurs majeurs d’aggravation. Sans réforme, le déficit de la sécurité sociale devrait continuer à croître, les recettes n’évoluant pas au même rythme que les dépenses, fragilisant son financement à long terme. Ce sera l’un des enjeux les plus délicats de la négociation budgétaire.

Les CPAS, au bord de l’asphyxie

Le rapport du Comité met également en lumière la situation préoccupante des Centres publics d’action sociale (CPAS). Les besoins sociaux croissants, combinés à des moyens financiers insuffisants, créent un effet ciseaux qui pourrait compromettre le fonctionnement de certaines communes. “Le financement des CPAS constitue un facteur de risque budgétaire : l’évolution des dépenses sociales, difficile à prévoir dans un contexte de crises multiples (inflation, énergie, migrations), pourrait dépasser les crédits prévus”, souligne le rapport.

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