Pour la première fois de l’histoire, les golfeurs américains seront rémunérés pour participer à la Ryder Cup, mythique compétition de golf entre les Etats-Unis et l’Europe. Les représentants du Vieux Continent dénoncent une certaine vulgarité face au prestige de l’épreuve.
Du prestige pour les uns, du business pour les autres. La Ryder Cup, mythique compétition de golf mettant aux prises tous les deux ans les meilleurs golfeurs américains aux Européens, va débuter, vendredi (jusqu’à dimanche), dans un petit parfum de polémique. La cérémonie d’ouverture de la compétition, créée en 1927, s’est déroulée mercredi (elle a été avancée d’un jour en raison des orages prévus jeudi à Long Island), et elle a donné lieu aux premières piques entre les deux camps. En terre hostile sur le parcours de Bathpage State Park où ses troupes affronteront la furie d’un public indiscipliné, parfois insultant (et sous le regard attendu de Donald Trump), le capitaine européen Luke Donald a mis les pieds dans le plat.
“Nous sommes animés par quelque chose que l’argent ne peut pas acheter”
Pour la première fois de l’histoire de l’épreuve, les joueurs américains seront payés pour leur participation. Le capitaine Keegan Bradley et les 11 autres joueurs américains toucheront 500.000 dollars (426.000 euros), dont 300.000 (256.000 euros) seront reversés à une œuvre caritative de leur choix et une allocation de 200.000 dollars (170.000 euros) dont ils feront ce qu’ils veulent. Une hérésie pour le Vieux Continent, attaché au prestige de cette confrontation.
“La Ryder Cup représente énormément pour chacun d’entre nous”, a lancé Donald dans son discours. “Elle ne ressemble à rien d’autre dans notre sport. Ce n’est pas une question de gains en argent ni de points au classement mondial. C’est une question de fierté. Il s’agit de représenter son drapeau, ses maillots et l’héritage qu’on laisse derrière soi. Nous jouons pour nos familles, nos coéquipiers, nos pays, notre continent et pour les générations qui nous ont précédés et qui ont fait de cet événement ce qu’il est aujourd’hui.”
“Nous sommes animés par quelque chose que l’argent ne peut pas acheter: un objectif, la fraternité et la responsabilité d’honorer ceux qui nous ont précédés, tout en inspirant ceux dont le temps est encore venu”, a-t-il ajouté. Il abonde dans le sens des nombreuses critiques déplorant le manque d’éthique de cette rétribution. D’autant plus pour des joueurs habitués aux prize money de plusieurs millions d’euros sur le circuit.
Les Américains agacés par la polémique
Mais les Américains assument et se défendent. Le joueur américain Colin Moriwaka a démenti l’idée selon laquelle ce “petit” pécule pourrait contribuer à démobiliser son équipe. “Il n’y a pas de chiffre, ça pourrait être zéro ou un dollar, il n’y a pas de bon ou de mauvais montant”, a-t-il lancé. “Je pense qu’au final, les douze joueurs présents vendredi, nous voulons simplement remporter la Ryder Cup. Nous voulons la gagner pour nous-mêmes et pour notre pays.”
Il y voit, lui, une opportunité de redistribuer cet argent. “Je pense que la PGA of America gagne beaucoup d’argent grâce à la Ryder Cup et de ce côté-là, c’est juste pour nous donner l’opportunité de payer nos équipes respectives, parce que les équipes derrière nous n’obtiennent pas la même reconnaissance que nous, mais elles méritent beaucoup de celle que nous recevons”, a-t-il déclaré. “C’est aussi pour redonner à nos communautés. Beaucoup de nos communautés, chez nous, ne sont pas toujours reconnues.”
Après le “hat-gate” de 2023, Cantlay portait bien sa casquette
Trois de ses partenaires ont déjà annoncé qu’ils redistribueraient l’intégralité de leur chèque: Patrick Cantlay, Scottie Scheffler et Xander Schauffele. Ce dernier a d’ailleurs accusé les médias de chercher une polémique autour de ce sujet. “Vous n’arrêtez pas d’en parler et d’essayer de le rendre négatif”, a-t-il lancé. “C’est l’opinion que chacun en a. Je ne pense pas que je serais assis ici face à vous si je n’avais pas une attitude positive. J’essaie de voir les choses sous un angle aussi positif que possible. (…) Jouer dans un de ces clubs est une grande fierté, et oui, nous sommes heureux d’être payés pour cela, et oui, je compte en faire don. C’est quelque chose qui, égoïstement, me fera plaisir dans ce que je fais.”
Patrick Cantlay, aussi, fera un don de ses nouveaux revenus à des associations de Californie du Sud. Il y a deux ans, des échos l’accusaient de ne pas avoir porté la casquette des États-Unis parce qu’il n’était pas payé pour disputer la Ryder Cup. Une affaire baptisée le “hat-gate”. Des accusations qu’il a toujours démenties. Il l’a encore fait, mercredi, avec, cette fois, la casquette des USA sur la tête. La portait-il en raison de cette indemnité inédite? “Non, absolument pas”, a-t-il fermement démenti. “Comme je l’ai dit mille fois, la casquette ne m’allait pas l’année dernière et cette année, nous avons travaillé avec eux pour nous assurer d’en avoir une. Nous en avons une, donc tout va bien!”