« Ces derniers jours, à mesure que le bruit arpentait les allées du pouvoir, même les macronistes les plus fidèles peinaient à y croire. « Ça ne serait pas un bon signal », a dit l’influent président du groupe centriste au Sénat, Hervé Marseille. La ministre sortante de la transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a dû se défaire de sa fidélité à Emmanuel Macron lorsque les journalistes de France Info lui ont soumis ce scénario : « Je ne comprendrais pas. »
L’Élysée se cache derrière les prérogatives constitutionnelles du chef de l’État : c’est à lui de choisir le premier ministre donc il le fait. C’est une vérité juridique autant qu’une absurdité politique. La légitimité que confère l’élection présidentielle n’est pas un toboggan dans lequel on peut se jeter à corps perdu tous les cinq ans. Ce qui est en cause ici ne relève pas de l’anecdote : c’est le consentement citoyen à la démocratie, c’est l’effectivité de la souveraineté populaire, c’est la vitalité même du fait démocratique. »
[…]
« Les personnalités politiques qui l’ont accompagné se détachent, elles aussi, les unes après les autres. « Son audace le conduit parfois à ne pas suffisamment respecter les institutions », s’est récemment ému l’ancien premier ministre Édouard Philippe dans le podcast Legend. À la tête du parti présidentiel après avoir passé neuf mois à Matignon, Gabriel Attal s’est distingué en déclarant « ne plus [comprendre] les décisions »d’Emmanuel Macron.
Mais qui les comprend encore ? Pendant des semaines, son entourage et ses soutiens ont assuré que la chute de Michel Barnier forcerait le chef de l’État à changer ses plans. Puis celle de François Bayrou. Puis celle de Sébastien Lecornu. Un de ses conseillers les plus proches assurait à la rentrée : « Là, il va bouger, c’est sûr. Il sait qu’il n’a plus le choix. » Un ministre sortant du gouvernement Lecornu, il y a peu : « On sait tous que si on tombe, le prochain gouvernement, ça sera la gauche. C’est à leur tour. »
La gauche a eu les mêmes échos, au point de se prendre au jeu et de se mettre à y croire. Dans la journée de mardi, quand la rumeur d’une nomination d’Olivier Faure a circulé, beaucoup des soutiens du président de la République s’y résignaient progressivement. Pas le principal intéressé, qui n’a jamais cessé de croire qu’il pourrait garder la main. »
[…]
« À ce niveau d’isolement, l’analyse dépasse le simple cadre de la politique. Sur BFM TV, vendredi soir, la députée européenne de La France insoumise (LFI) Manon Aubry a parlé d’un « fou furieux » pour désigner le président de la République. Un baron de la droite décrit, le plus sérieusement du monde, la « dérive pathologique » d’Emmanuel Macron, son « déni », son « isolement progressif », le « corps retranché » dans lequel il s’est « reconstruit une réalité »… On ne compte plus les ministres, les cadres, les élu·es de son camp à lâcher, comme une banalité : « Il est devenu dingue. » »
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Extraits choisis :
« Ces derniers jours, à mesure que le bruit arpentait les allées du pouvoir, même les macronistes les plus fidèles peinaient à y croire. « Ça ne serait pas un bon signal », a dit l’influent président du groupe centriste au Sénat, Hervé Marseille. La ministre sortante de la transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a dû se défaire de sa fidélité à Emmanuel Macron lorsque les journalistes de France Info lui ont soumis ce scénario : « Je ne comprendrais pas. »
L’Élysée se cache derrière les prérogatives constitutionnelles du chef de l’État : c’est à lui de choisir le premier ministre donc il le fait. C’est une vérité juridique autant qu’une absurdité politique. La légitimité que confère l’élection présidentielle n’est pas un toboggan dans lequel on peut se jeter à corps perdu tous les cinq ans. Ce qui est en cause ici ne relève pas de l’anecdote : c’est le consentement citoyen à la démocratie, c’est l’effectivité de la souveraineté populaire, c’est la vitalité même du fait démocratique. »
[…]
« Les personnalités politiques qui l’ont accompagné se détachent, elles aussi, les unes après les autres. « Son audace le conduit parfois à ne pas suffisamment respecter les institutions », s’est récemment ému l’ancien premier ministre Édouard Philippe dans le podcast Legend. À la tête du parti présidentiel après avoir passé neuf mois à Matignon, Gabriel Attal s’est distingué en déclarant « ne plus [comprendre] les décisions »d’Emmanuel Macron.
Mais qui les comprend encore ? Pendant des semaines, son entourage et ses soutiens ont assuré que la chute de Michel Barnier forcerait le chef de l’État à changer ses plans. Puis celle de François Bayrou. Puis celle de Sébastien Lecornu. Un de ses conseillers les plus proches assurait à la rentrée : « Là, il va bouger, c’est sûr. Il sait qu’il n’a plus le choix. » Un ministre sortant du gouvernement Lecornu, il y a peu : « On sait tous que si on tombe, le prochain gouvernement, ça sera la gauche. C’est à leur tour. »
La gauche a eu les mêmes échos, au point de se prendre au jeu et de se mettre à y croire. Dans la journée de mardi, quand la rumeur d’une nomination d’Olivier Faure a circulé, beaucoup des soutiens du président de la République s’y résignaient progressivement. Pas le principal intéressé, qui n’a jamais cessé de croire qu’il pourrait garder la main. »
[…]
« À ce niveau d’isolement, l’analyse dépasse le simple cadre de la politique. Sur BFM TV, vendredi soir, la députée européenne de La France insoumise (LFI) Manon Aubry a parlé d’un « fou furieux » pour désigner le président de la République. Un baron de la droite décrit, le plus sérieusement du monde, la « dérive pathologique » d’Emmanuel Macron, son « déni », son « isolement progressif », le « corps retranché » dans lequel il s’est « reconstruit une réalité »… On ne compte plus les ministres, les cadres, les élu·es de son camp à lâcher, comme une banalité : « Il est devenu dingue. » »
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