« Je vais avoir 30 ans et je n’ai toujours pas fait l’amour » : le tabou invisible de la virginité tardive

by OrdinaryMidnight5

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  1. > « J’ai toujours été “le bon copain”, ce gentil garçon à qui on peut tout dire et tout demander, mais avec qui on n’entrevoit jamais rien de plus… » Marc* a 29 ans, après des études en sciences humaines à Nancy, il a rejoint la région parisienne, où il exerce comme bibliothécaire. Cultivé, sensible, délicat, il est aussi vierge, et les compliments des femmes à son endroit sonnent, pour lui, comme une condamnation perpétuelle à le rester. « Ça ne va jamais plus loin. »
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    > Il en va ainsi « depuis le lycée ». Une boucle sans fin où, sans pouvoir démêler la cause de l’effet, il raconte « n’avoir jamais pu avouer » son attirance à ses camarades. S’il en a d’abord ressenti « une forme de tristesse », cette incapacité à franchir le pas est aujourd’hui une « préoccupation », un « poids » aussi. « J’ai pensé que ce serait peut-être pour mes 20 ans, puis pour mes 25. Mais, maintenant, j’approche les 30 et je n’ai toujours pas fait l’amour. Ça me pèse… »
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    > Alors que l’âge médian du premier rapport sexuel se situe, en France, à 17,7 ans pour les hommes et 18,2 ans pour les femmes, la littérature scientifique considère la virginité comme « tardive » lorsqu’elle se prolonge après 19 ans. Une appréciation normative, qui ne distingue pas la démarche volontaire de la situation contrainte. Mais n’apparaît pas moins juste à certains. « Très vite, j’ai envié les autres garçons, confie ainsi Marc. Je me disais : “Pourquoi lui et pas moi ?” »
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    > Le post-adolescent qu’il est alors n’est, pourtant, pas l’exception. 25 % des femmes et 21 % des hommes entre 18 et 19 ans déclaraient n’avoir jamais eu de relation sexuelle, chiffrait l’Enquête sur la sexualité en France, en 2008 (La Découverte). Un chiffre néanmoins amené à décroître à mesure des années : 13 % des femmes et 8 % des hommes de 20 à 24 ans, 3 % des femmes et 4,5 % des hommes de 25 à 28 ans, pour réunir moins de 2 % des 30-34 ans, tous sexes confondus.
    > De « longues années de solitude »
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    > Plus ou moins intentionnelles et susceptibles d’évoluer au fil du temps, les raisons de cette virginité « tardive » s’expliquent distinctement selon le genre des concernés, éclaire encore l’étude. Si elle mentionne, après 30 ans, des « trajectoires spécifiques », elle n’en distingue pas moins des normes sociales et dynamiques relationnelles propres aux deux sexes : les femmes montrant, généralement, le souci du « bon partenaire », quand les hommes pointent un « manque d’opportunités ».
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    > « Avec l’avancée en âge, tous vivent plutôt leur situation comme une contrainte que comme un choix », exposent néanmoins ses conclusions. Ainsi Julien*, écrivain parisien de 37 ans, qui perdait sa virginité il y a un an, raconte-t-il ses « longues années de solitude » et son « abattement » croissant, face à l’impossibilité « d’aller plus loin avec les filles ». Non pas qu’il n’ait provoqué aucune rencontre, ni obtenu de rendez-vous, « mais peu d’entre elles [l]e percevaient comme un copain potentiel… ».
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    > Le trentenaire, qui révèle un tempérament réservé, néanmoins volontaire, retrace une adolescence « timide », « renfermée », marquée par l’« exclusion », parfois les moqueries. « J’avais du mal à me mêler aux autres, j’étais surtout concentré sur mon travail… » Une situation « très représentative » de la virginité tardive, souligne la Dr Michèle Smadja. Psychiatre spécialisée dans les difficultés sexuelles de l’homme et de la femme, ses murs se font régulièrement l’écho de ces parcours à la marge.
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    > « Et il est vrai qu’on retrouve nombre de profils intellectuels, surinvestis dans leurs études ou leurs vies professionnelles », observe-t-elle. Des profils « peu “entraînés” à l’ouverture à l’autre » aussi, « à la création du lien, au partage de leur espace intime ». Cela peut faire écho à des « traumatismes anciens », face auxquels se met en place un « système de défense », une « carapace », permettant de « ne pas se mettre à risque dans la rencontre », explique la spécialiste.
    > « Je préfère encore attendre… »
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    > Ella*, 27 ans, secrétaire comptable dans un village de l’Isère, raconte ainsi être « plutôt sociable », mais soudainement « renfermée » dès que la relation dépasse le cadre des « banalités ». Une situation qu’elle associe au harcèlement scolaire dont elle a longtemps fait l’objet et dont subsiste « une peur du jugement » qui l’empêche. « Je parviens à nouer quelques liens sur Internet, j’ai même pu “flirter” virtuellement avec un garçon. Mais pour le moment, c’est tout… »
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    > Moins préoccupée par sa virginité que par l’atténuation de ces stigmates, elle dit attendre d’être « assez à l’aise » pour sauter le pas. Sinon de « trouver le bon », ou celui qui lui « permettra de l’être ». En l’attente de quoi, la quasi-trentenaire préfère sourire des remarques de ses proches, parfois soucieux de n’avoir encore jamais rencontré de petit ami. « Mon grand-père me dit que je vais finir nonne ! Mais je le prends bien, car au fond, je ne suis pas pressée et préfère encore attendre… »
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    > Les résultats de l’enquête menée sur le sujet le confirment. Compte tenu de « la place qu’occupe la sexualité dans la construction des identités féminines et masculines », le « retard à l’initiation sexuelle » se conjugue différemment selon qu’elle touche les hommes ou les femmes. Souvent investi par les premiers comme preuve de virilité, de compétence et d’intégration aux pairs, « le délai d’entrée dans la sexualité impacte aussi davantage leur bien-être psychologique », précise la Dr Smadja.
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    > D’autant que le jugement social associé à la virginité tardive leur est, généralement, plus défavorable. Où les femmes peuvent valoriser la situation comme un choix personnel, voire une forme de sélectivité, « la situation des hommes, [reflétant] une impossibilité d’accéder au premier rapport sexuel, est très différente ». Vécue comme un échec, voire une blessure narcissique, elle est d’ailleurs « de plus en plus cachée par les hommes à mesure de l’avancée en âge », expose l’enquête.
    > « Le sentiment que j’étais anormal »
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    > Ainsi Marc ne parle-t-il du sujet à personne. Et cette discrétion alimente encore sa solitude, créant le sentiment d’une « barrière invisible » entre lui et « les autres ». A fortiori « dans une époque où la sexualité est omniprésente » et l’expérience, « la norme », appuie le presque trentenaire. Une double peine dont la Dr Smadja est familière : l’impression d’un « décalage avec la société », quand elle ne les juge pas clairement, « amplifie souvent la douleur et le sentiment d’exclusion des non-initiés », rapporte-t-elle.
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    > « Voir les gens de mon âge se rencontrer et avancer dans leur vie a pu m’être difficile, me donner le sentiment que j’étais anormal, et d’autant plus seul… » abonde Julien, qui connaissait sa première expérience sexuelle un an plus tôt. Il avait 36 ans, une relation tarifée, précise-t-il. « Ce n’était pas vraiment ce que j’avais projeté, concède le trentenaire, mais ç’a été une libération. » Une « étape », aussi. Qui ne le détourne pas moins de sa première quête : connaître l’amour. « C’est tout ce dont je rêve… »

  2. Contrairement à beaucoup d’autres choses, ce n’est définitivement pas quelque chose qu’on peut contrôler (forcer l’autre s’appelle un viol). Un peu de stoïcisme ne fait pas de mal, et il faut arriver à faire en sorte de ne pas s’inquiéter de choses qui dépendent peu de nous.

    Alors bien sûr, à priori on a plus de chances de rencontrer des gens en faisant des activités sociales (chose que l’on peut choisir), mais au delà de ça on a aucun contrôle sur qui sera là, sur leurs envies, etc. À ce niveau-là, autant s’en vouloir de ne pas gagner à la loterie.

  3. 31ans et je fais parti des 2%.

    Bientôt j’aurai plus de taff, taff qui m’a bouffer mes 4 dernières années (train boulot dodo).

    Mais je vais devoir en trouver un autre et vite pour être conforme a la société.

    Donc trouver l’amour n’a jamais été une priorité dans ma vie même si parfois je regrette d’être seul et de n’avoir pas de soutien affectif.

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