Le jeu de cartes Disney Lorcana peut-il être interdit en France ? Aux États-Unis, un accord à l’amiable de 39 000 dollars entre Ravensburger et Upper Deck avait conclu la bataille qui opposait le nouveau géant du TCG au fabricant historique de cartes à collectionner. On pensait l’affaire terminée, c’est loin d’être le cas. Upper Deck a décidé de déplacer la bataille juridique en Europe, espérant tirer parti d’un cadre légal plus strict en matière de protection des secrets d’affaires et de concurrence déloyale. De quoi sérieusement compromettre la présence de Lorcana sur le vieux continent ?

C’est quoi le problème ?

Le conflit entre Lorcana (édité par Ravensburger) et Upper Deck résulte d’une accusation de plagiat : Upper Deck reproche à Ravensburger d’avoir copié le concept, les mécaniques et des éléments du prototype de jeu Rush of Ikorr développé par Ryan Miller lorsqu’il travaillait chez Upper Deck, avant de créer Lorcana chez Ravensburger. Upper Deck considère qu’il s’agit d’un vol de propriété intellectuelle, estimant que Miller a utilisé des secrets commerciaux et des contenus protégés pour fonder Lorcana, ce qui a donné lieu à une procédure judiciaire en violation de droits d’auteur et concurrence déloyale.​ Aux États-Unis, le procès s’est terminé par un accord à l’amiable, sans qu’Upper Deck n’obtienne gain de cause.

Nouvelle attaque

Aux États-Unis, Upper Deck échouait à faire reconnaître que les mécaniques de jeu, considérées comme des idées non protégeables, avaient été illégalement copiées par Disney. En Europe, la société se fonde désormais sur la directive 2016/943 sur la protection des informations commerciales confidentielles, cherchant à prouver que Ravensburger a exploité des secrets d’affaires volés via Ryan Miller, ancien employé d’Upper Deck passé chez Ravensburger.​

L’attaque en Europe menace de façon bien plus stratégique l’existence même de Lorcana sur ce marché. Une suspension de la vente pourrait être ordonnée en attendant la décision finale, ce qui aurait un impact économique majeur. Au-delà de ce cas particulier, le combat porte sur une question fondamentale pour l’industrie : jusqu’où un auteur peut-il emporter et réutiliser son savoir-faire quand il change d’employeur ? Le tribunal européen devra trancher sur la frontière entre compétence personnelle et secret d’entreprise, et l’affaire pourrait créer un précédent à l’échelle internationale.

RIP Lorcana ?

Pour Ravensburger et Disney, la menace d’interdiction en Europe est un coup dur, alors que Lorcana commence à gagner en popularité, et que le TCG multiplie les opérations promotionnelles pour la sortie de son dixième set Lueurs des profondeurs, qui sortira à la fin de la semaine. S’il a en réalité très peu de chance que le jeu soit officiellement banni, l’opération est un coup dur porté à la franchise, et plus généralement à toute l’industrie.

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