Sur la plage des Catalans, à Marseille, toute question à propos de la crise politique française déclenche immanquablement un “Oh là là”. Accompagné, en option, d’un soupir, d’un hochement de tête, parfois d’un rire. Nous sommes vendredi soir, il est 17 heures, le Louvre n’a pas encore été cambriolé. L’heure est à l’apéro sur cette bande de sable en permanence bondée, à deux pas du centre-ville. Sous les mouettes qui rient dans le ciel, on ouvre des sachets de chips, on cherche un tire-bouchon, on enfile son maillot pudiquement drapé dans une serviette. De la route qui longe la côte parviennent les vrombissements des scooters et des voitures prises dans les embouteillages.

En France, nul ne peut ignorer que le pays est en crise. Quatorze heures après sa prise de fonctions, le Premier ministre a annoncé sa démission, pour présenter quelques jours plus tard son nouveau gouvernement, nouveau gouvernement contre lequel deux motions de censure ont déjà été déposées [et rejetées par l’Assemblée nationale le 16 octobre]. Quant au président, Emmanuel Macron, il dirige aujourd’hui le [sixième] gouvernement de son [second] mandat et prétend toujours incarner la stabilité politique. Quel regard la population française pose-t-elle donc sur l’ambiance crépusculaire du monde politique parisien