Ne manquez pas lundi ce rendez-vous insolite au cours duquel le Premier ministre remerciera les patrons qui continuent d’investir en France. Le sommet Choose France sera réservé aux acteurs français, et heureusement : les étrangers qui rêvent de rejoindre l’Hexagone ne courent pas les rues en ce moment.

Le nombre de projets internationaux avait déjà chuté de 14 % l’an dernier, et tout porte à croire que cette année sera encore pire. Les entreprises tricolores mettent elles aussi le pied sur le frein : cette année encore, les fermetures d’usines seront plus nombreuses que les ouvertures, ont révélé nos confrères de L’Usine nouvelle vendredi.

Ce sommet est une jolie marque de reconnaissance pour les chefs d’entreprise qui continuent d’y croire. Il n’en constitue pas moins un sommet d’hypocrisie. Plombée par l’instabilité politique et le conservatisme, la France s’enkyste quand les autres accélèrent.

Obsession retraites

Totalement déconnectés des réalités économiques, les députés n’ont eu que trois obsessions cette semaine : les retraites, les retraites et les retraites. Une fois n’est pas coutume, gauche et droite se sont réunies pour permettre aux Français de quitter le monde du travail plus tôt que prévu, tout en s’assurant que leurs pensions augmentent bien au même rythme que les prix et que leurs avantages fiscaux soient totalement préservés. Ces trois requêtes nous coûteront plusieurs milliards d’euros chaque année. Avec cette nouvelle ô combien réjouissante : les retraites reviendront au cœur du débat présidentiel de 2027.

Depuis trois semaines que dure le débat parlementaire, pas un mot ou presque sur la jeunesse, l’éducation, l’innovation, l’industrie ou le climat. Nos voisins ont du mal à comprendre notre passion pour les retraites. Voilà bien longtemps que leurs citoyens travaillent jusqu’à 65 ans ou plus. Il y a quelques semaines, le chancelier allemand Friedrich Merz proposait même à tous ceux qui le souhaitent de travailler au-delà de l’âge légal (67 ans !), moyennant une défiscalisation du salaire à hauteur de 2.000 euros.

La mesure n’a pas fait débat. Les Allemands s’interrogent plutôt sur la meilleure manière de préparer l’avenir. Berlin promet de mobiliser 500 milliards d’euros pour faire baisser les prix de l’énergie, construire des data centers, moderniser ses trains et muscler ses armées. Comment optimiser ces fonds ? C’est la seule question qui agite les parlementaires d’outre-Rhin. En Chine, pas de débat bien sûr, mais l’ambition est la même : Pékin vient de présenter un plan quinquennal pour décarboner son industrie et renforcer son leadership dans l’aérospatial, les énergies renouvelables et l’informatique quantique.

Et la France ? Dans une grande discrétion, elle a fait quelques ajustements budgétaires cette semaine pour éviter que les déficits ne dérapent. Elle s’est résignée à annuler des crédits jugés moins nécessaires. Parmi les victimes : la mission « Investir pour la France de 2030 », la recherche et l’enseignement. Tout est dit.