La céramiste Valentine Schlegel disparue en 2021 a été officiellement mise à l’honneur dans sa ville natale. Une placette a été inaugurée en hommage à celle qui aurait fêté ses 100 ans dimanche 23 novembre. Il était temps.
“Elle était même reconnue à Paris mais pas ici, ça semble dingue !”, constate Sandra Bindel, membre du collectif des Ami.e.s de Valentine Schlegel. Immortalisée par une rue à son nom dans la capitale, l’artiste céramiste tombait doucement dans l’oubli à Sète, avant que ce collectif de ne saisisse du problème.
Depuis 2023, le groupe se bat pour raviver son héritage. Après de longs pourparlers avec la Ville, les Ami.e.s parviennent à faire rebaptiser la placette située devant le palais consulaire de Sète, « Placette Valentine Schlegel ». Ce dimanche 23 novembre marque l’aboutissement d’un travail de mémoire à la fois sur le long terme, depuis deux ans, mais aussi sur le temps court.

Cerise sur le gâteau : les bougies, soufflées symboliquement.
ML – Simon Rothé
Depuis une quinzaine de jours, des ateliers en hommage à Valentine Schlegel sont proposés pour faire découvrir l’illustre céramiste au public. Ces deux semaines résonnent donc comme un franc succès idéologique : faire briller ces figures qui dérangent. Féministe et homosexuelle, Valentine Schlegel a en réalité été plus qu’une amie pour Agnès Varda…
“En France, il y a plus rues avec des noms de fleurs que de rues nommées après des femmes ! Et le profil de Valentine n’a pas aidé : lesbienne, activiste, dans les années 1950… C’est normal qu’elle ait été invisibilisée, mais c’est triste”, regrette Sandra Bindel.
Entre célébrité et anonymat, le paradoxe Schlegel
Plus qu’un hommage, elle entend lui rendre un “femmage”, néologisme issu de l’écriture inclusive. Inaugurer cette placette c’est donc rappeler que les femmes, aussi, ont écrit l’histoire de l’art. “Souvent, elles sont effacées. Mais là, c’est d’autant plus problématique qu’il s’agit d’une artiste sétoise de renommée internationale. Et aucun monument n’existait pour faire honneur à son travail”, insiste Chantal, une Sétoise venue participer à la cérémonie.
Paradoxalement, la notoriété de Valentine Schlegel résonne, sans doute, davantage dans les îles du pacifique que sur l’Île singulière. “Au Japon, ses vases se vendent 60 000 euros ! Ici beaucoup ne la connaissent même pas”, regrette Sandra Bindel. Y compris parmi les hommes et femmes présents ce dimanche.

Le gâteau d’anniversaire a été transporté en plusieurs parts, entre l’espace Félix, la placette et le Miam, où les militantes aspirent à ce qu’il reste. “Ici où à la médiathèque pour qu’il soit exposé à la vue de tous”, espère Sandra Bindel
ML – Simon Rothé
“Moi je la découvre depuis deux semaines grâce aux commémorations. Je réalise la beauté de son art de jour en jour”, témoigne Françoise. Comme les autres, elle a dégainé son appareil photo au moment de l’inauguration de la plaque commémorative fixée sur la maison d’enfance des sœurs Schlegel, 1er rue du 14 juillet.
Parmi les descendants directs de la famille, Blaise Fournier, neveu de Valentine, a pris la parole pendant plusieurs minutes, très ému. “Merci d’entretenir la mémoire de nos mères et tantes”. Mieux vaut tard que jamais.