Le limogeage de trois généraux de division survient alors que le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, refuse de céder aux appels de l’opinion publique et de l’opposition à former une commission d’enquête nationale, à même d’établir les responsabilités dans la tragédie du 7-Octobre.
Pour M. Netanyahu, les fautes de la direction politique ne pourront être examinées qu’après la fin de la guerre de Gaza, déclenchée par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sud d’Israël.
Sur décision du lieutenant-général Zamir, Aaron Haliva, à l’époque chef des renseignements militaires, Oded Basyuk, alors chef des opérations, et Yaron Finkelman, qui commandait depuis peu en octobre 2023 la région militaire sud d’Israël, vont être déchargés “du cadre de réserve et ne (feront) plus partie” de l’armée, a annoncé l’armée dimanche soir.
Le général Haliva a été le premier responsable militaire à démissionner, en avril 2024, en invoquant sa responsabilité dans le fiasco sécuritaire du 7-Octobre, suivi du général Finkelman, pour les mêmes motifs. Quant au général Basyuk, il a pris sa retraite après la guerre de 12 jours lancée par Israël contre l’Iran en juin. Tous trois restaient à la disposition de l’armée.
Le communiqué de l’armée leur impute à chacun une responsabilité personnelle, du fait du commandement qui était le leur, dans l’échec de l’institution militaire à prévoir et repousser l’attaque du mouvement islamiste palestinien.
Ces mesures font suite à la publication au début du mois du rapport d’un comité d’experts mandaté par le général Zamir, qui a marqué la fin des enquêtes au sein de l’armée sur le 7-Octobre.
Le rapport concluait à une “défaillance systémique et organisationnelle de longue date” au sein de l’appareil militaire.
Déplorant des “processus de prise de décision et de déploiement des forces déficients dans la nuit du 7 octobre 2023”, le comité pointait des échecs au niveau de l’état-major général, de la direction des opérations, de la direction du renseignement militaire, du Commandement Sud, mais aussi de l’armée de l’Air et de la Marine.
M. Katz, dont l’inimitié avec le chef d’état-major est connue, a annoncé avoir chargé un général en retraite de réexaminer “en profondeur” le rapport du comité et de formuler une “recommandation” relative aux sanctions devant viser les cadres militaires ayant failli à leur mission.
“Décision déroutante”
“La décision de remettre en cause ce rapport” présenté personnellement à M. Katz à l’issue de “sept mois d’enquête” est “déroutante”, a réagi le général Zamir dans un communiqué.
“L’armée est la seule institution du pays à avoir enquêté de manière approfondie sur ses propres défaillances et à en avoir assumé la responsabilité”, a-t-il insisté.
Selon lui “si un examen complémentaire est nécessaire […] il doit prendre la forme d’une commission externe, objective et indépendante, extérieure à l’armée, qui examinera les processus inter-organisationnels et multi-niveaux ayant précédé la défaillance du 7-Octobre, y compris l’interface entre l’échelon militaire et l’échelon politique”.
Outre les généraux Haliva, Basyuk et Finkelman, le général Zamir a rayé des cadres deux généraux de brigade et trois colonels ayant tous déjà démissionné.
Un autre général de brigade, en poste au sein de l’Aman (les renseignements militaires) le 7-Octobre, va être mis en retraite. Le Bureau du Premier ministre a précisé que cet officier, détaché entre-temps au Mossad (Renseignements extérieurs), resterait dans la réserve, contrairement aux autres.
Le général de division aérienne, Tomer Bar, et le vice-amiral, David Saar Salma, respectivement à la tête de l’armée de l’Air et de la Marine, écopent eux d’un blâme, tout comme le général de division Shlomi Binder, qui commandait la division des opérations le 7-Octobre.
Ce dernier qui a pris la tête de l’Aman (renseignement militaire) après la démission du général Haliva reste à son poste qui sera toutefois le dernier de sa carrière.
Aucune mesure n’a été prise contre le lieutenant-général Herzi Halevi, qui avait laissé sa place au général Zamir en mars dernier, en reconnaissant sa “responsabilité dans l’échec de l’armée le 7-Octobre”.