Ce bras de fer fait immensément parler. Euronews affirme que la Belgique fait de la “résistance”. Politico, le média très influent dont on dit qu’il bénéficie des confidences de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, écrit que “la Belgique a offert une victoire à Poutine”.
Nexta TV, spécialisé dans l’Europe de l’Est, revient sur les déclarations faites par Bart De Wever aux Grandes Conférences Catholiques. Lundi, le Premier ministre a, en effet, déclaré que l’idée que la guerre en Ukraine se solde par une défaite de la Russie était “une fable, une illusion totale”. Selon le chef de l’exécutif, personne en Occident ne croit sérieusement à un scénario où Moscou subirait un échec stratégique. Raison pour laquelle il considère comme très hasardeux le plan présenté mercredi par Ursula von der Leyen où une Russie vaincue viendrait rembourser l’argent saisi pour reconstruire l’Ukraine.
Aux portes orientales de l’Europe, ces déclarations sont interprétées comme de la lâcheté. “Il faut prendre des risques pour gagner une guerre”, a flingué le Russe Gary Kasparov, opposant de longue date à Vladimir Poutine.
Le chancelier allemand Friedrich Merz a annoncé qu’il viendrait en Belgique vendredi pour tenter de convaincre Bart de Wever, lors d’un dîner, de renoncer à son opposition de la confiscation.
Côté russe, on annonce que si la Belgique cède à la pression européenne, les représailles seront terribles. “La Russie pourra considérer cela comme un prétexte à la guerre”, a menacé Dmitri Medvedev, vice-président du conseil de sécurité russe.
Avoirs russes : ne lâchez pas, Monsieur le Premier Ministre !Soutien quasi unanime
C’est dans ce climat de tension que s’est rendu Bart De Wever jeudi à la Chambre. Globalement, les neuf groupes politiques qui l’ont interrogé sur cette situation étaient d’accord pour dire qu’il était hors de question de céder à la demande de la présidente von der Leyen. Mais tous n’étaient pas d’accord pour les mêmes raisons.
“L’utilisation des avoirs immobilisés en Europe pourrait avoir des conséquences pour potentiellement tous les pays”, leur a répondu le chef de l’Arizona. “Il existe de nombreuses objections légitimes concernant la légalité d’une telle opération, ainsi que sur les conséquences pour la confiance dans notre système financier et dans l’euro en tant que monnaie de réserve.”
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Pour le gouvernement fédéral, trois conditions n’ont pas été rencontrées pour accepter de confisquer les avoirs russes. “Les textes n’incluent pas un droit inconditionnel pour Euroclear de pouvoir mobiliser ses fonds dans toute situation où elle devrait payer la Banque centrale de Russie ou serait exposée à des représailles russes”, explique Maxime Prévot (LE), ministre des Affaires étrangères.
Second point : la mutualisation des risques n’est pas actée. L’État belge ne veut, en aucun cas, accepter d’assumer seule les risques d’une telle opération. “L’Union européenne doit pouvoir avoir les moyens nécessaires pour le cas où et au moment où cela sera nécessaire”, a développé Bart De Wever.

Bart De Wever (N-VA) est catégorique: la Belgique va continuer à soutenir l’Ukraine. ©DLE
Enfin, elle considère que la charge n’est pas répartie de façon équitable. “Tous les États membres détenant des actifs souverains russes doivent participer. La Commission doit solliciter les fonds de manière proportionnelle, au prorata, auprès de toutes les institutions concernées”, ajoute le vice-Premier centriste.
Soutien à l’Ukraine
Le 18 décembre, un sommet européen décisif aura lieu lors duquel il est attendu que les dirigeants européens livrent une réponse commune sur les avoirs russes.
Bart De Wever est catégorique : la Belgique soutient encore pleinement l’Ukraine. Il faut juste trouver la bonne méthode. Le Premier ministre espère “qu’on pourra trouver ensemble un chemin vers un consensus et l’élaborer pendant les deux semaines qui viennent”, a-t-il déclaré en réponse à une question de la RTBF. “Je vais voir si le texte de Mme von der Leyen peut encore évoluer ou non et quelles seront les conséquences des deux hypothèses.”