Solitude féminine : une force revendiquée par Lauren Bastide • FRANCE 24
C’est l’heure de retrouver l’invité d’ cœur de l’info et ce soir, on s’intéresse à la solitude. Un mot qui ne veut franchement pas dire la même chose selon que l’on est un homme ou une femme. Et depuis des siècles, la solitude des femmes dérange. Elle est suspecte quand celle des hommes, elle est admirée voire romancée. On dit qu’une femme seule fait peur aux autres, parfois même à elle-même. Lauren Bastide, elle en fait une force dans son ouvrage enfin seul. Aux éditions Alar, elle revendique l’enfin solitude, un état qui n’a rien à voir avec le célibat, ni même avec l’isolement. Mais un espace choisi lucide, presque un luxe, celui d’habiter sa vie pleinement sans avoir à être la moitié de quelqu’un. Bonsoir Laoren Bastide. Bonsoir Nina. Ravie de vous avoir avec nous sur ce plateau. On va peut-être d’abord définir ce que c’est qu’une femme seule. À quoi c’estes ces mots renvoient-ils aujourd’hui ? En français, il faut toujours un peu préciser de quoi on parle quand on parle de solitude. Parce que par exemple, en anglais, il y a plusieurs mots qui servent à désigner le fait d’être seul et le fait de se sentir seul. C’est pas pareil lonely et alone. Euh alors en français, il faut toujours un peu préciser de quoi on parle quand on parle de solitude. Il y a tout un champ lexical qui s’associe à la vie privée, à la vie sexuelle des femmes quand on dit la une femme seule. Ça va systématiquement convoquer l’image de Bridget Jones, euh l’image de la vieille fille avec ses chats. Alors qu’effectivement euh comme vous l’avez rappelé dans l’introduction, un homme solitaire va plutôt renvoyer euh au visionnaires, à l’artiste, au génie. Donc c’est un peu à ça que j’ai voulu m’attaquer dans ce livre. Pourquoi euh le mot solitude ne renvoyait pas à la même réalité selon qu’on parle d’un homme ou d’une femme ? Et justement à quoi ça renvoie quand on dit femme seule plus spécifiquement ? Comment c’est perçu en fait dans la société ? Et bien comme je pense qu’il y a il y a effectivement une un ressenti d’échec, de honte. Euh et c’est quelque chose que j’ai surtout observer en regardant des femmes seules autour de moi euh qui avaient une vie épanouissante, un travail, une activ des activités culturelles, amicales, sociales très très joyeuses, mais qui commence qui continuaient à ressentir une forme d’échec dans leur quotidien parce qu’elle n’était pas en couple, parce qu’elle n’avait parce qu’elle n’avait pas d’enfants. Donc en fait, moins que la solitude, je dirais que c’est le fait de pas être en couple qui est extrêmement stigmatisé. socialement et euh et que dans la solitude, au contraire, on peut trouver une forme de force et de rayonnement. On reviendra ensuite à à la méthode pour pour y parvenir, mais pour définir justement ces ces notions, vous citez dans votre livre Emmanuel Macron qui en janvier 2024 appelait, je cite, au réarmement démocrati démographique, lapsus, pardon, au réarmement démographique de la France pour lutter contre eux, je cite toujours le fléo de l’infertilité. En gros, si vous êtes seul, dites-vous, c’est-à-dire sans Marie, sans descendance. Et là, je vous cite, vous n’êtes rien de moins que la honte de la France. C’est vraiment comme ça que vous l’interprétez. En tout cas, c’était important pour moi de rappeler parce que c’est vrai que les lois ont évolué. C’est sûr qu’aujourd’hui les femmes ont le droit, en tout cas en France à l’avortement, à la contraception, qu’à priori, on a le droit d’être célibataire, on a le droit de ne pas avoir d’enfants, personne ne va venir nous punir directement si on n’est pas en train d’accomplir ce destin maternel. Euh néanmoins euh notre président de la République actuelle continue d’encourager euh le natalisme. Euh on sait qu’aux États-Unis, les Américaines, une grande partie des Américaines ont perdu le droit de recourir à l’avortement dans de nombreux États en raison d’une décision de la Cour suprême qui a déconstitutionnalisé ce droit. On l’avait pas vu venir non plus. Il y a beaucoup de pays européens où on est en train de perdre le droit de contrôler son corps. Donc je pense qu’il faut vraiment qu’on garde à l’esprit en tant que femme que cette espèce de volonté de contrôler euh notre notre nos utérus de nous pousser à un destin reproductif et encore très présent au 21e siècle et qu’il faut qu’on reste vigilante si on veut garder notre notre liberté. Donc être une femme seule aujourd’hui c’est une notion profondément politique. C’est très politique évidemment. Oui. Pas pas parler de solitude des femmes, c’est c’est pour moi extrêmement c’est c’est un combat féministe en réalité. Et euh justement euh cette solitude, elle est féministe justement, dites-vous pourquoi est-ce que c’est si subversif aujourd’hui de se dire qu’une femme seule peut-être heureuse ? C’est quelque chose que que personne n’arrive à croire. En tout cas, c’est déjà une réalité. Moi, ce que j’ai voulu essayer de de comprendre, c’est que pourquoi en France, il y a 11 millions de personnes qui vivent seules dont 6 millions sont des femmes et qu’on continue encore d’associer l’idée d’une femme qui vit seule à une forme d’échec. Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi il y a un tel décalage entre la réalité sociologique et ce qui se passe dans les imaginaires ? Et comme souvent ce qui pèse c’est des archétypes, c’est des mythologies, c’est des espèces de propagande en fait qui qui ont qui pendant des siècles nous ont un peu lavé le cerveau et nous ont poussé à à penser que le destin d’une femme était de prendre soin des autres. euh on nous programme vraiment à ça dans l’éducation, mais aussi euh dans les représentations euh au cinéma, dans les séries, dans les livres et ça depuis depuis plusieurs siècle. Donc en fait, vouloir euh contredire cette idée-là, c’est un peu aller déprogrammer euh plusieurs siècles de de d’archétype quoi pour euh pour essayer de de de faire émerger des nouvelles représentations. Mais vous vous allez encore plus loin, vous dites qu’une femme ne peut être heureuse que seule. Alors, c’est mon petit c’est mon petit pied de nez. C’est un c’est un moment où j’essaie de dire en fait que finalement ce que j’essaie de démontrer dans ce livre, c’est que dans la solitude, les femmes ont la possibilité d’accéder à une entente avec elle-même, à un dialogue avec elle-même et à et à se sentir bien avec soi. Et ça, je pense que par définition, quand on est femme, on nous empêche un petit peu d’accéder à ça. J’ai l’impression que quand on est femme, dès l’adolescence, il y a tellement d’injonctions, il y a tellement on nous renvoie tellement à l’idée qu’il faut plaire, qu’il faut séduire, qu’il faut se conformer à certains critères de féminité, qu’il ne faut pas vieillir, qu’il ne faut pas grossir. On nous apprend à nous désaimer. Et en étant perpétuellement assigné au couple ou alors aux soins des autres, notamment des enfants, on a rarement l’espace de pouvoir rentrer dans un dialogue apaisé avec soi-même. Donc mon pari c’est ça, c’est que dans la solitude, les femmes peuvent non seulement trouver une forme d’épanouissement mais aussi la chance inespérée de pouvoir en fait s’aimer elle-même. Mais quand vous dites assigné au couple, vous parlez du couple hétérosexuel ou de toute forme de couple ? Alors au couple hétérosexuel évidemment ou oui, vous avez raison de le souligner. Vous vous excluez le le couple homosexuel de cette solitude subie, de ce couple subit. Si quand on parle d’injonction sociétale, évidemment les injonctions sont très hétéronormatives, même s’il y a une évolution certaine ces ces quelques dernières années au niveau de ce qui se passe au cinéma, dans les séries et cetera, on sait que généralement on on pousse les femmes au couple hétérosexuel. Néanmoins, je pense que dans l’amour, on peut trouver dans toutes les formes de couple, quel que soit le genre des partenaires, cette relation un peu toxique ou un peu dévorante qui fait qu’on va complètement s’oublier soi-même dans l’histoire d’amour. Ça, je crois que c’est vraiment indépendant indépendant du du genre. Ouais. Donc vous prenez la la solitude pas du tout parce que comme vous enfin vous avez lu mon livre et je sais que vous avez compris que au contraire moi je revendique la possibilité d’avoir une vie amoureuse et sexuelle épanouissante mais sans se se rattacher à cette idée. En fait moi ce que j’interroge c’est pourquoi dans la société faudrait qu’on ait toujours un plus sain avec nous. Euh pourquoi ? Pour être complète, il faut qu’on ait une moitié avec nous en permanent, quelqu’un qui pilote la la voiture de notre vie à nos côtés. Euh et je pense qu’on peut tout à fait vivre une vie seule en étant seul au volant de de de sa voiture. Si vous voulez une cette métaphore, je continue de la filer, mais en même temps, avoir une vie amoureuse, sentimentale, sexuelle, épanouissante mais très éloignée en fait des carcans et des nécessités surtout de devoir vivre ensemble, construire ensemble, se projeter ensemble. On n’est pas obligé de vivre comme ça. Et je crois qu’aujourd’hui il y a énormément de de jeunes femmes et de jeunes garçons d’ailleurs aussi qui sont en train de mettre tout ça beaucoup en question. Mais est-ce que c’est pas un luxe réservé à celles qui qui en ont les moyens ? Euh vous vous le dites d’ailleurs qu’en France 5 millions de femmes vivent sous le seuil de pauvreté. Comment on fait pour parler d’émancipation dans ces conditions là ? Il y a une inégalité économique face à la solitude ? Totalement. Et c’est pour ça que c’est un combat féministe. C’est-à-dire parler de réclamer la capacité pour les femmes de pouvoir vivre seul. se réclamer la capacité pour les femmes de pouvoir gagner autant d’argent que les hommes, de pouvoir avoir leur propre logement, de pouvoir s’autonomiser. On sait qu’il y a énormément de femmes qui sont victimes de violence qui ne peuvent pas quitter le foyer conjugal faute d’avoir une autonomie financière. Donc évidemment, ça a tout à voir avec les contraintes matérielles et ça a à voir aussi avec Virginia Wolf. Il y a il y a 100 ans dans une chambre à soi, l’écrivaine anglaise nous disait que pour qu’une femme puisse penser par elle-même, il fallait qu’elles qu’elle ait un espace à elle et un peu d’argent de côté. C’est encore le cas aujourd’hui. Euh évidemment, c’est inimaginable si on n’ pas un peu d’autonomie financière, mais aujourd’hui euh et ça c’est aussi pour ça que je parle d’enfolitude, les femmes ont accès au privilèges historiques. Je pense qu’il y a toute une génération aujourd’hui de pionnières qui ont pour la première fois l’autonomie professionnelle, financière, économique et la possibilité de vivre seul, qui n’ont plus besoin d’être dans un couple marital pour vivre leur propre vie. Et ça c’est vraiment très très récent à l’échelle de l’histoire. Par exemple, en France, ça fait que quelques dizaines d’années que les femmes ont le droit d’avoir un compte en banque, de gagner leur propre argent. Donc, je pense que effectivement c’est encore loin d’être une réalité possible pour toutes les femmes, mais qu’on est de plus en plus nombreuses à pouvoir y accéder et je veux que celles qui accèdent puissent le faire en étant heureuse et et fière de de pouvoir le faire. Oui, parce que c’est vrai que pour l’instant c’est un c’est un constat que vous faites dans le monde dans le monde occidental ou en tout cas dans en France. C’est pas du tout le cas dans euh plein de pays où la condition des femmes recule de jour en jour. Évidemment. Oui. Oui. Dans le monde de la condition des femmes recule à énormément d’endroits, mais pas forcément aussi très loin de nous. Il y a même des personnes en France, des partis politiques qui qui voudraient aussi que les conditions des femmes reculent. Donc je pense qu’il faut vraiment être en permanence extrêmement vigilante sur sur ces questions là. Oui, pour être pour être un peu provoque, qu’est-ce que qu’est-ce qui distingue votre votre concept d’enfolitude d’une simple ajunction à se dire à se débrouiller toute seule en fait finalement ? Bah finalement, j’aime bien cette phrase au fond. J’ai même pas envie de la contredire parce que se débrouiller toute seule pas mal en fait. C’est c’est chouette d’avoir la possibilité et d’avoir les armes aussi bien psychologiques, matérielles pour pouvoir se débrouiller tout seul, pour pouvoir ne dépendre de personne. Et mais ce que je veux essayer de montrer dans mon livre, c’est que quand on a cet ancrage en soi, on se relie mieux aux autres. Et je veux surtout pas qu’on croit que je suis en train de prener un repli sur soi, un isolement en disant “Restez chez vous dans votre coquille et vous serez mieux.” Parce que c’est au contraire. Je pense qu’en se libérant des injonctions notamment familiales et maritales, une femme qui est en pleine possession de sa vie se relie mieux aux autres, euh peut nouer des relations amicales beaucoup plus belles, beaucoup plus profondes, beaucoup plus joyeuses, être une meilleure citoyenne, s’investir dans une association, en politique, écrire, créer, penser. Et je crois qu’en fait le le le très beau paradoxe de cette solitude que je prône pour les femmes, c’est qu’elle est là pour finalement nourrir le monde et permettre aux femmes de rendre tout ce qu’elles ont en elles hors de leur foyer vers vers le reste du monde. Et vous vous inscrivez d’ailleurs pour cela dans une lignée de d’autrices féministes de de grandes penseuses effectivement Virginia Wolf, vous citez Ovidi aussi jusqu’à jusqu’à aujourd’hui. Vous notez, vous démontez aussi une autre fiction dans votre livre et c’est là où je trouve que le livre est très agréable à lire parce que il alterne entre passage historique, voilà, retour sur quelques quelques notions qui ont été totalement construites au cours de l’histoire comme celle de de la femme au foyer qui qui dites-vous est un est un modèle qui a été créé au 19e siècle. Est-ce que vous pouvez nous nous rappeler comment il est né ce concept ? Oui, avec des foyers. C’est vrai que je trouve que c’est très important de parler d’histoire. J’ai beaucoup parlé d’histoire dans ce livre parce que c’est grâce à l’histoire qu’on comprend comment sont construits ces archétypes dont je vous parlais tout à l’heure. Et effectivement au 19e siècle en fait, il faut savoir que les femmes des classes populaires travaillaient dans les usines au début du capitalisme et que il y avait pas forcément une espèce de distinction entre les ouvriers et les ouvrières. Beaucoup de femmes voulaient travailler mais il y a eu un moment une une tout le monde s’est mis d’accord patron état et ouvrier pour dire attendez si les femmes commence à travailler à s’encanailler avoir des idées politiques, qui va s’occuper des enfants ? Qui a préparé la gamelle de l’ouvrier ? Qui va aussi faire les les bras qui seront qui travailleront à l’usine demain ? Donc il y a tout un une propagande qui est mise en place dans la société au niveau étatique mais aussi au niveau patronal pour inciter les femmes. Les femmes de bonnes murs, les femmes qui sont des bonnes femmes qui accomplissent leur destin de femmes sont celles qui restent à la maison pour s’occuper de de du linge, de la nourriture et des enfants de l’ouvrier. Donc il y a vraiment un moment où on voit que le travail productif est remis aux hommes et le travail reproductif gratuit, donc non rémunéré est remis entre les mains des femmes. Et c’est à ce moment-là qu’on crée la petite cellule familiale, le papa, la maman, les enfants qui vent dans une unité séparée pendant des siècles. On ne vivait pas tout à fait comme ça. On était plus dans des grands de maisonné, les familles étaient beaucoup plus mélangées. Et et ce destin de la femme au foyer qui n’est vraiment dévoué qu’au qu’à la vie, qu’au quotidien de son mari et de ses enfants, c’est en réalité une invention très récente. Et au même moment, on voit apparaître l’archétype de la vieille fille. On commence un petit peu à shaer les femmes célibataires. Il y a Balzac qui écrit son son roman La vieille fille cette même période. Et donc c’est là que né en fait l’eau probre jetait sur les femmes qui n’accomplissaient pas leur destin de devenir femme au foyer. Mais qu’est-ce que vous répondez à toutes ces femmes ? et elles sont nombreuses et elles existent qui font le choix et qui s’épanouissent dans ce rôle de de mère au foyer. Mais je mais mais évidemment, enfin tant que c’est vous avez dit les deux mots clés, tant qu’elles sont quand tant que c’est un choix, tant qu’elles sont épanouies, moi je veux que les femmes puissent faire exactement ce qu’elles veulent sans ressentir la moindre honte. Je ne veux pas que les femmes célibataires aient honte de ne pas avoir d’enfants, ne pas être marié. Je veux pas que les femmes au foyer aient honte d’être des femmes au foyer. En revanche, ce que je trouve aussi intéressant, c’est que dans les années 50 en France, il y avait pratiquement une femme sur deux qui était femme au foyer. Aujourd’hui, je crois qu’on est autour de 14 %. Donc c’est une réalité sociologique qui est vraiment devenue assez assez minime et pourtant ça reste un idéal assez fort. Je je parle dans mon livre de ces vidéos qu’on voit passer beaucoup sur Instagram de trades qui sont des des jeunes femmes généralement très belles, très bien maquillées qui nous expliquent qu’elles sont bien dans leur foyer à faire des gâteaux pour leur mari à à surtout ne pas travailler à rester au service de leurs enfants. Et en fait, elles sont présentées comme des influenceuses avec une vie très glamour, très désirable. Et je trouve ça incroyable qu’il y ait encore aujourd’hui sur les réseaux sociaux une espèce de de propagande un peu pour nous faire croire que c’est ça le bon mode de vie pour les femmes. Alors qu’aujourd’hui bien sûr les femmes travaillent et et font inventé plein d’autres façons de s’épanouir. Mais ce que vous détez très bien justement dans votre livre à propos des trade wives, c’est qu’en fait ce ne sont pas des trade waves parce que en fait elles passent leur temps à filmer, à faire du montage, à mettre des lumières, avoir des partenariats commerciaux des chefs d’entreprise. Voilà, vous rappelez aussi que toute cette propagande est fondée sur le mensonge et souvent est porteuse d’un message d’extrême droite raciste droite, ça vient surtout des des États-Unis qui qui bien sûr sont au service du parti républicain. Vous opposez justement une carte patriarcale du monde à une cartographie féministe qui elle ne chercherait pas à dominer euh puisqu’on est sur France 24 et qu’on s’intéresse beaucoup à l’ordre mondial sur cette chaîne. Dites-nous Lauren Bastide, comment vous voyez un monde qui serait dirigé par les femmes ? H alors j’ai envie d’apporter une petite précision quand même. Être femme ne suffit pas à être féministe et ça c’est quand même aussi très important. Je je me bats pas contre les hommes, je me bats contre le sexisme et les idées patriarcales. Et bien malheureusement aujourd’hui et partout dans le monde, les idées d’extrême droite, les idées conservatrices qui qui veulent lutter contre le droit des femmes à disposer de leur corps sont portés par des femmes. Donc voilà, être une femme c’est pas du tout la clé pour pour proposer un destin, voilà, favorable aux femmes. Après, je pense qu’un un monde féministe, ça c’est quelque chose que j’ai traité dans mon dans mon précédent livre qui s’appelle Futur aux mêmes éditions, aux éditions àarri, comment le féminisme peut peut poser peut sauver le monde. Je proposais vraiment de regarder le monde avec un regard féministe et c’est un regard qui serait beaucoup plus ancré sur le soin. Moi, je crois beaucoup à cette pensée du C, à cette idée en fait que revaloriser le soin de l’autre comme une valeur beaucoup plus importante en fait que que la défense ou que la guerre par exemple, revaloriser les personnes qui prennent soin, que ce soit dans la société, qu’elles soit mieux payée ou que ce soit au sein des familles, au sein des foyers. Ça pour moi ce serait vraiment la première chose à faire pour que le monde soit soit soit plus féministe. Mais est-ce qu’on retomberait pas justement dans ce cliché du C en en asservissant à nouveau les femmes à ce rôle du soin, de la protection ? Oui, mais en fait le problème c’est que toutes ces tous ces gestes de soins comme ils ont été relégués aux féminin, ils ont été dépréciés. Donc en fait, il faudrait les revaloriser. Pourquoi dans la société les personnes qui s’occupent de l’hygiène, de l’alimentation, de la santé, des personnes les plus pauvres, des personnes âgées, des enfants sont les personnes les moins bien payées, des personnes qui sont souvent des femmes, souvent issu de l’immigration, ça montre en fait qu’il y a une espèce de dépréciation pour tous ces gestes qui sont pourtant des gestes vitaux. Je pense que les remettre au centre de la réflexion politique, ce serait la meilleure façon de rétablir un peu de justice dans la société. Euh le temps fil, on va on va en venir à à votre à la méthode que que vous proposez. Euh cette méthode, elle consiste d’abord, selon vous à apprendre à échapper à la surveillance. Euh pour conquérir sa solitude, il faut d’abord apprendre à se libérer du regard extérieur et surtout de la validation du monde extérieur. Vous avez cette phrase très forte le patriarcat n’a pas besoin de gardien de prison. vous l’zvoquez juste avant euh cette surveillance en fait, elle est elle est intégrée. Alors, comment on s’en sort finalement ? Euh en tout cas, en avoir conscience, je pense que c’est déjà un très bon début. C’est vrai que je me suis rendu compte qu’il y avait cette idée de surveillance qui qui était centrale dans mon livreù qu’est-ce qui faisait que je me sentais si bien, si soulagé dans dans la solitude, c’est que je ne me sentais plus sous surveillance. Et pourtant, j’ai réalisé qu’en tant que femme, je me scrute mes mes rides, mon poids, voilà. est-ce qu’il faut pas que je vieillisse trop et cetera ? Bon et c’est vrai que je me suis rendu compte que ces injonctions à la beauté étaient en fait une façon pour pour le patriarcat de continuer à nous mettre sous cloche même quand on avait plus réellement de regard braqué sur nous. Je pense que plutôt que de vouloir à tout prix s’en libérer, simplement l’identifier et comprendre ça comme un mécanisme, ça permet en fait d’en être plus tout à fait prisonnière parce que je veux surtout pas avoir l’air de dire cesson de nous maquiller parce que on peut on peut trouver aussi beaucoup de plaisir, beaucoup de de joie à à se faire belle, à vouloir être belle mais simplement ne plus le subir, ne plus le voir comme une obligation et pouvoir s’autoriser aussi les jours où on n pas du tout envie de le faire, de s’en libérer totalement. Euh je pense que voilà comprendre aussi que ça vient de de d’un de quelque chose d’extrêmement économique, c’est c’est le capitalisme qui a inventé aussi toutes ces toutes ces crèmes qu’il faut qu’on se mette. On nous en vente toujours plus. Donc voilà, lire, se renseigner, comprendre la pensée féministe, ça permet déjà de franchir un pas et de se libérer de ce sorte de mail gaze intériorisé. Intériorisé, c’est l’expression que vous utilisez. Vous affirmez quand je suis seule, je n’ai pas je n’ai pas à être belle. Ça c’est violent de se dire que que quand on n’est pas maquillé, quand on se laisse aller, on est forcément moche. C’est ça que vous dites. C’est pas ça que je veux dire. Mais par contre, c’est vrai que je sens un relâchement de mon corps. Enfin, c’est vrai que là, voilà, je vous parle à la télévision, je me sens obligé de sourire, de d’avoir les gens me positionner d’une certaine façon, de me tenir. Voilà. Et quand je suis seule chez moi, bah effectivement, je peux m’avachir, je peux me faire un chignon à l’arrache et parlèement boulocher. Moi, je me trouve jolie comme ça. Alors, il nous reste une toute petite minute. Malheureusement, on aura pas eu le temps de tout aborder. Euh mais alors ce que vous conseillez, je vous je le dis très rapidement puisquon manque de temps, c’est d’abord d’ouvrir sa maison, de de ne pas condonner justement ce cette femme dans son dans son foyer qui est le premier lieu des violences. Vous le vous le répétez beaucoup dans dans le livre. Et euh enfin cette solution inattendue qui arrive à la fin du livre sans vouloir divulgacher. Euh vous conseillez de nous parler à nous-même. Oui, exactement. Oui. Oui, c’est vraiment la clé. Mais je pense que en fait c’est c’est drôle qu’on est qu’on fasse passer le le fait de se parler à soi-même comme un signe de folie ou d’irrationalité alors que c’est quelque chose de très très rationnel quand même été démontré par la recherche en psychologie. On a une voie intérieure et je pense que dans la solitude, même si au début c’est difficile, même si au début on est face à un vide, un trou noir, quelque chose de très angoissant, au bout d’un moment on sent en soi s’élever une voix qui est notre voix authentique, qui est notre voix intérieure. Et rentrer en dialogue avec cette voix, c’est une façon en fait très simple de se réconcilier avec soi-même. Et moi, je me parle beaucoup à moi-même et je me suis rendue compte que probablement une grande partie de ma joie quotidienne résidait dans ce dialogue que j’entretenais avec moi. Laurine Bastide, merci euh beaucoup et je vous invite donc à découvrir ce livre qui s’adresse aussi aux hommes d’ Tout à fait. Il y a beaucoup d’hommes qui le lisent et qui l’apprécient.
Ce soir dans Au cœur de l’info, on explore la solitude, si différente selon qu’on est homme ou femme. Longtemps jugée suspecte chez les femmes et admirée chez les hommes, elle devient, avec Lauren Bastide, une force revendiquée. Dans Enfin seule, elle célèbre l’”enfinsolitude” : un espace choisi pour habiter sa vie pleinement, sans être la moitié de quelqu’un.
#LaurenBastide #solitude #femmes
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18 comments
Le féminisme est une arnaque, il a isolé les femmes qui vieillissement dans la solitude et la tristesse sans enfants.
Merci à France24 d'inviter les copines féministes 👏
Félicitations pour ces acquis sociaux mais vous découvrez que dans le monde capitaliste ou alternatif, la solitude est l'indépendance qui présente sa note
Lauren Bastida parle d'une maniere tres autentique des experiences qu'elle meme a en train de vivre d'habitude. Mais ce video de France 24 avec Nina Masson ouvre la porte pour les personalites de chaque un pour parler des autres situations aux mondes des femmes franc,aises.
D'où viennent vos sources sur l'histoire de la communion des hommes qui auraient décidé de mettre les femmes dans la domesticité au foyer?
De toute manière l’émancipation de la femme ouvre la porte à l’émancipation de l’homme, donc tout le monde y gagne !
Les vieilles filles 👵
Vivre avec les autres , être solidaire et pas égoïste apporte bien plus à 'l humain que la solitude. Toute les enquêtes montrent que socialiser apporte la joie de vivre ; le bien-être et la longévité.
C est un sujet très intéressant mais c est abordé en surface…mais peut il en être autrement…?!
Toutes les femmes ne peuvent pas être maître de leur destin comme on aimerait le faire croire…
Entre son choix/objectif sur son avenir et des intervenants au cours de sa vie hommes comme, femmes, il y a rêves et désillusions …
Avec cette société tout tourne autour de l horloge biologique de la femme, mais elle n aborde jamais le sujet sur désir de la femme à se mettre en couple beaucoup plus tardivement…
who will make support for (Der Tod-Büro-Zuständigkeitsbereich in Euro-Counrties-Streets)?
Super invitée, super livre tres contemporain, sujet de societe majeur car il revele que des Femmes ont decider de ne plus jouer le role qje cette societe lui imcombe. Le patriarcat nous a ecourée et la societe ne nous protege pas.
Quand une femme choisit le celibat, elle se protege des feminicides. Et augmente sa qualité de vie et sa sante mentale. Les hommes ne sont plus des hommes mais des monstres meurtriers.
La société à bon dos‼
Sur Terre et là où la vie peut apparaitre, la quasi totalité des espèces animales et végétales se reproduisent de la même façon, depuis la nuit des temps. ¯_(ツ)_/¯
Tant mieux qu’elle ait eu le courage de faire un bouquin sur son introspection ! Sa vie , son sentiment, son expérience, sa frustration et pour finir sa carapace. C’est un l’introspection de beaucoup de gens hommes ou femmes pour biens des domaines.
Maintenant je pense que l’on a bien avancé sur ce domaine en 2025 🥱
Des invités de qualité ❤
❤️🔥❤️🔥❤️🔥❤️🔥❤️🔥
i em soru pronto Pekintagony
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