Au cours des deux dernières semaines, l’armée suisse a effectué des tests de mini-drones et de systèmes de défense helvétiques dans les Grisons. Ces essais s’inscrivent dans une réflexion plus large sur l’avenir des drones au sein de l’armée et la dépendance vis-à-vis des technologies étrangères.
Alors que ces appareils transforment actuellement les guerres, l’armée suisse ne veut pas rester à la traîne. La Task force Drones d’Armasuisse, l’Office fédéral de l’armement, a choisi de tester de nouveaux équipements d’attaque et de défense au cœur des montagnes enneigées des Grisons.
Pendant deux semaines, différents drones kamikazes ont été expérimentés sur le champ de tir de Hinterrhein. Situé à plus de 1600 mètres d’altitude, l’endroit est idéal pour tester les capacités technologiques de ces mini-drones et systèmes de défense anti-drones. Les parois étroites de la vallée permettent des vols complexes, tout en empêchant une perte de contrôle des engins.
Le lieu où les tests ont été effectués, à Hinterrhein, dans les Grisons. [SRF] Des mini-drones zougois
La task force, créée par le Département de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS) à l’été 2024, a décidé de jouer la carte suisse en mandatant l’entreprise zougoise ENS Dynamics, qui s’est spécialisée dans les drones de défense.
“Il s’agit de notre propre création”, explique dans le 19h30 de la RTS son directeur général, Alexander Ens, à propos d’un prototype du drone “WASP” (pour “système de protection modulable pour zones blanches”). “C’est un drone quadricoptère, mais il se comporte comme une arme terrestre. Il n’est pas piloté manuellement. Nous pouvons avoir jusqu’à cinquante drones simultanément en vol et les déployer contre cinquante cibles en même temps”, détaille-t-il.
Le mini-drone de défense “WASP” de l’entreprise zougoise ENS Dynamics. [KEYSTONE – GIAN EHRENZELLER]
Pour Alexander Ens, ces essais permettent à son entreprise d'”accumuler des données et poursuivre le développement de [ses] produits”. Selon lui, ces drones devraient arriver sur le marché l’année prochaine.
Production nationale comme objectif
“On voit aujourd’hui à quel point [ce type de drones] sont utilisés en Ukraine et qu’il est important d’en avoir pour pouvoir les déployer”, commente Kai Holtmann, directeur général de la Task force Drones. “Il s’agit de savoir dans quelle mesure certains fabricants, principalement suisses, sont adaptés ou non aux scénarios militaires”, ajoute-t-il.
L’objectif du programme piloté par cette task force est double: avec une production nationale, Armasuisse et le département fédéral de la Défense entendent réduire la dépendance vis-à-vis de l’étranger, mais aussi développer le commerce international.
La Confédération veut ainsi construire un écosystème local, rapide et indépendant pour pouvoir développer elle-même des drones de petite et moyenne taille et les utiliser dans l’armée. Avec un budget de 47 millions de francs sur trois ans, cette dernière souhaite être prête à déployer ses propres drones d’ici fin 2027.
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Reportage TV: SRF avec Camille Lanci
Texte web: iar avec ats