Sept hectares. « Soit l’un des plus grands ensembles urbains à métamorphoser en cœur de ville aujourd’hui en France. » Sept hectares… C’est énorme, pour une épine dans le pied ! La taille de la place Carnot associée au cours Léopold, l’un des lieux les moins accueillants de Nancy.
[La place Carnot et le cours Léopold forment] un ensemble qu’on peut être amené à traverser, mais sur lequel on n’a aucune envie de s’attarder.
Mathieu Klein, maire de Nancy
« Un ensemble qu’on peut être amené à traverser, mais sur lequel on n’a aucune envie de s’attarder. » Et c’est le maire Mathieu Klein lui-même qui le dit. Ce même maire qui, candidat, s’était engagé à en faire une forêt urbaine.
Finalement, pas de forêt à espérer. Pour des raisons techniques autant que diplomatiques. Les forains, qui occupent cette place un mois par an au printemps, n’ont aucune intention en effet de laisser le champ libre à l’imaginaire, fût-il écologique. Leur priorité à eux, est avant tout économique. Idem d’ailleurs pour le cirque Grüss qui y a ses habitudes à l’automne.
Et la municipalité a bien dû composer avec cette réalité… Sans parler des demandes des cyclistes, des riverains, des automobilistes, des promeneurs, etc. Des attentes multiples, parfois contradictoires, ou du moins difficilement conciliables, que n’ont pas manqué de faire remonter le comité citoyen et ses 50 habitants volontaires invités à phosphorer depuis 2023.
Pelouse en perspective
Quatre priorités ont ainsi été dégagées, soumises à l’agence d’architecture Lerclercq et Associés, chargée de résoudre la quadrature du cercle. En a découlé un plan d’aménagements, qui nous projette sur les sept prochaines années !
La métamorphose, à proprement parler, ne s’amorcera qu’en 2028, pour s’achever en 2032. Pour un budget annoncé aujourd’hui de 38 M€ d’euros au total (dont 18 M€ à la Métropole). À ce prix, on peut s’attendre à une évolution substantielle en effet. En voici les grandes lignes annoncées, déclinées priorité par priorité.
« Un quart de la surface est végétalisé, pour trois-quarts imperméabilisés. On voudrait inverser la tendance, du moins s’en approcher. »
▶ Végétalisation. « Aujourd’hui, on considère qu’un quart seulement de la surface est végétalisé, pour trois-quarts imperméabilisés. Or on voudrait inverser la tendance, du moins s’en rapprocher. » Une inversion essentiellement réservée au cours Léopold, où s’implanteront de nouvelles essences d’arbres. Alors qu’au centre se dessinera une longue perspective de pelouse, depuis l’obélisque jusqu’aux abords de la porte Désilles , en passant par la statue Drouot.
Reste à savoir comment la pelouse s’accommodera d’un mois de foire en avril. Mais ça, c’est une autre histoire.
Une saison off
La place Carnot, elle, « conservera ce caractère minéral, inscrit dans le plan de sauvegarde et de mise en valeur PMSV », annonce le maire, en évoquant le plan de sauvegarde et de mise en valeur (PMSV). Avec néanmoins une petite végétalisation à la marge. Et surtout une réorientation est-ouest, plutôt que nord-sud, de sorte d’en rendre l’usage plus chaleureux. Avec ouverture vers le palais de l’université.
Au passage, notons que le bassin de l’ancienne fontaine sera remis en eau , vœu exprimé lui aussi par le comité.
▶ Stationnement. Végétaliser le cours Léopold suppose de se débarrasser des voitures qui y sont stationnées. Soit 330 places, qui seront renvoyées en sous-sol. Pour ça, l’actuel parking Carnot, souterrain, verra sa surface doubler.
▶ Mobilités partagées. À terme, les voitures ne circuleront plus que sur l’allée est de la place. L’allée ouest sera réservée aux bus, en site propre (et en particulier à la ligne 5 bientôt mise en service), ainsi qu’aux vélos. Ce qui impliquera une révision complète du plan de circulation dans le quartier.
▶ Maintien des activités. On l’a vu, permettre aux circassiens et forains d’exploiter la place, ainsi qu’aux restaurateurs et cafetiers ( tenanciers de guinguettes ), a fait figure de condition sine qua non. Ils devront néanmoins y renoncer au moins une saison, le temps des travaux nécessaires à l’agrandissement du parking souterrain. D’ici-là, il y aura d’autres rencontres, d’autres pourparlers…