Jeanne-Françoise Hutin, fondatrice de la Maison de l’Europe de Rennes et de Haute Bretagne, ancienne candidate aux élections européennes s’adresse aux députés ainsi qu’au président de la République alors que les débats sur la fin de vie reprennent à l’Assemblée nationale depuis le 12 mai 2025.
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Jeanne-Françoise Hutin, il y a un an, vous interpelliez déjà les parlementaires lors des débats sur la fin de vie. Vous leur écrivez à nouveau, ainsi qu’au président de la République. Pourquoi ?
Parce que les débats reprennent à l’Assemblée nationale. Les députés vont devoir se prononcer pour ou contre sur les propositions de loi pour l’accompagnement de la fin de vie et les soins palliatifs mais aussi sur le « droit à l’aide à mourir ». Beaucoup d’entre eux hésitent.
Je m’adresse à eux en mon nom propre, je ne représente aucune organisation. Je leur dis que ces propositions, surtout celles sur l’aide à mourir, soulèvent de graves questions de conscience.
J’ai lu tous les amendements. Les textes proposés ne sont plus du tout ceux de 2024. Ils sont beaucoup plus restrictifs, sévères, presque irrévocables. La mort provoquée devrait aussi être considérée comme une mort naturelle, ce serait un mensonge sanctuarisé par la loi.
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En 2024, vous déclariez être prête à rendre la Légion d’honneur que vous avait remise Emmanuel Macron si cette loi passait. Est-ce toujours le cas ?
La proposition de loi avec ses amendements présente le droit à l’aide à mourir comme un principe et non comme une possibilité. C’est, à mon sens, contraire à l’éthique sur laquelle sont fondés notre République française et les principes de la démocratie humaniste.
Ce texte cherche à banaliser un geste infiniment grave puisque depuis toujours, jamais il n’avait été admis que donner la mort soit une aide à la vie, un soin, mais plutôt une atteinte définitive à la vie. C’est pourquoi j’ai prévenu le Président de la République que si ce texte de Loi passait je lui rendrais les insignes qu’il m’avait remis.
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Les promoteurs de l’aide à mourir insistent sur le cadre et les restrictions dans lesquelles elle serait pratiquée. Avez-vous des doutes ?
Voter la proposition de loi sur l’aide à mourir, c’est ouvrir une porte qu’on ne pourra pas refermer et à travers laquelle beaucoup de situations nouvelles pourront s’engouffrer. Donnons-nous du temps.
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Développons d’abord les soins palliatifs pour les rendre accessibles à tous nos concitoyens et partout en France, en leur donnant à la fois les moyens, mais aussi en formant les personnels de santé. N’ayons pas peur de chercher plus en vérité avec la réalité de ce moment de la vie. Ce serait un honneur pour notre pays.