L’affaire revient devant la justice. Le 5 février 2025, huit hommes avaient été condamnés de un à huit ans de prison ferme par le tribunal correctionnel de Rennes, au terme de deux jours de débats tendus, pour leur participation à sept épisodes de règlement de comptes, au cœur du quartier Maurepas. La procureure de la République avait alors requis jusqu’à treize ans de prison pour les prévenus, à l’issue d’un « plaidoyer » contre l’insécurité dans les quartiers et « la justice laxiste ».
Trois mois plus tard, cinq protagonistes de ce dossier ont donc été rejugés ce mercredi 14 mai par la cour d’appel de Rennes. Au cœur du procès : Juliano Avdulahi, surnommé le « Kosovar », figure centrale de l’affaire, condamné à la peine la plus lourde en première instance. Lui et les autres protagonistes contestent toujours leur participation. Quitte à donner des explications « laborieuses », selon l’avocate générale, à la présence de leur ADN sur les armes et les véhicules.
Certains avaient pourtant été reconnus par des riverains, voire dénoncés par André Isaaka, l’un des prévenus. Lui-même apparaît dans une autre affaire de « tentatives d’assassinat » suite à des coups de feu tirés fin octobre 2024 à Pacé, près de Rennes. Ils avaient atteint un enfant de cinq ans en pleine tête, alors que son père était pris en chasse par des rivaux.
Une lutte pour le point de deal de la Banane
Grâce à ces éléments, les enquêteurs rennais ont pu relier ces multiples épisodes à une guerre pour un point de deal, dont le gérant avait été incarcéré à l’été 2022. Une opportunité alors saisie par les patrons d’un autre lieu de trafic à proximité. Quelques mois plus tard, la sortie de prison du « Kosovar », déterminé à prendre toute sa part, a contribué à la flambée de violences, d’après les enquêteurs. Dans son entreprise, il a reçu le soutien d’André Isaaka, du même âge et du même clan, également de retour sur le quartier.
Cette organisation, basée sur des « contacts, liens et écran de fumée pour ne pas être repérés », a usé de « messageries cryptées » et de « véhicules loués ou volés », a résumé l’avocate générale. L’équipe bénéficiait aussi de « points de repli », notamment à Orgères et dans un appartement en plein cœur de Maurepas. Une place de choix, chez une « nourrice » qui gardait les armes et la drogue, avec « vue sur le point de deal ».
Deux ans de plus requis contre le « Kosovar »
La représentante du parquet a demandé que soit portée de huit à dix ans la peine d’emprisonnement de Juliano Avdulahi. « La place qui lui est attribuée n’est absolument pas usurpée », a-t-elle dit à propos de ce jeune qui a déjà purgé « des peines relativement lourdes ». Elle a en revanche demandé la confirmation des condamnations infligées à André Isaaka (cinq ans), Steve Badia Krehouin (six ans) et Mounir Chelda (sept ans). Quant au benjamin du dossier, Alexis Le Vraux, elle souhaite que sa peine soit portée de quatre à cinq ans, compte tenu de son « positionnement » à l’audience.
La cour d’appel de Rennes, qui a mis son arrêt en délibéré, se prononcera sous trois semaines.