Qu’il s’agisse du choix d’un matériau, pour son élégance ou sa durabilité, d’un mix and match d’influences assumés ou d’un style revisité, ces intérieurs affichent le (bon) style et créent eux-mêmes la tendance.

Photos: Clément Vayssieres/Réalisation: Aurore Lameyre et Alice Mesguich assistées de Joanne Faber

© Ludovic Balay / Stylisme Sarah de Beaumont

Le nouveau minimalisme

En 2025, le minimalisme revêt de nouvelles nuances, il convoque la matière plus que jamais et reflète l’histoire des lieux. Dans une maison imaginée par l’architecte Katja Pargger, noyée dans un îlot de verdure, le contact avec la nature est conservé, la maison entièrement curée. Ici, le minimalisme s’impose en termes de couleurs et de matériaux, l’architecte confiant« aimer la matière, la vraie ». À l’extérieur, elle repense à l’identique les façades classiques, blanchies par des granules de marbres, et crée un décor intérieur où prime le matériaux. Sous le signe de la durabilité, la pierre, la chaux, le bois, le verre, le métal se donnent la réplique, créant un esprit minimaliste intemporel . « J’inscris mes intérieurs dans la durabilité, pour ne pas avoir à les refaire dans dix ou quinze ans juste parce qu’ils ne seraient plus tendance », explique l’architecte. Dans le Quartier latin, un appartement aux influences brutalistes revisite les codes du minimalisme. L’architecte Clément Lesnoff-Rocard insuffle sa fantaisie dans un intérieur traditionnel du Paris des années 1910 : « Je joue avec les niveaux et les structures pour raconter une histoire intemporelle, dans laquelle les différentes époques se confondent et deviennent indiscernables. » Ici, le minimalisme est en lien direct avec l’histoire du lieu — l’architecte fait enlever à la main le crépi de l’encorbellement afin de révéler la pierre de taille, laisse les radiateurs d’origine sans revêtement et renonce à recouvrir les nouvelles poutres métalliques nécessaires à la statique..

© Matthieu Salvaing / Réalisation Sarah de Beaumont assistée de Noelann Bourgade

Le bar en laiton dessiné par Pierre Lacroix pour l’appartement.© Matthieu Salvaing / Réalisation Sarah de Beaumont assistée de Noelann Bourgade

L’inox brossé, un gage d’intemporalité

Rive gauche, cet appartement du XVIIIe siècle recelait des merveilles auxquelles l’architecte et designer Pierre Lacroix a redonné vie. Il l’a ancré dans son époque grâce au travail de l’inox brossé, l’une de ses signatures stylistiques déjà omniprésente dans sa première collection de mobilier Timeless. Au-delà d’accrocher la lumière, ce all-over de métal dans la cuisine est un fil rouge que l’on retrouve un peu partout dans l’appartement puisqu’il grimpe en dorures sur les boiseries, adoube la tête de lit de la chambre d’invités et le canapé du salon en inox brossé. On aime son élégance durable et le cachet qu’il apporte dans un appartement haussmannien.

L’architecte et designer Hugo Toro devant une console italienne de Paolo Buffa des années 1950. Dessus, un seau à champagne (Christian Dior), une lampe de Lisa Johansson-Pape des années 1960, et Voss, une œuvre de Bertrand Lavier. Devant la table sur mesure de Hugo Toro, des chaises d’Arne Jacobsendes années 1950 (Fritz Hansen). Au plafond, des suspensions créées en 1959 (Böhlmarks). Tapis sur mesure par Hugo Toro.Réalisation Sarah de Beaumont, assistée de Noelann Bourgade, Photos de William Jess Laird/ Bertrand Lavier© 2025 Artists Rights Society (ARS), New York / Adagp, Paris, 2025. Hugo Toro porte une veste et un pantalon Gucci.

Dans le salon, devant un canapé sur mesure (Hugo Toro), un ensemble de bar brésilien avec tabourets. Dessus, le vase Gourde aux Lilas de Rémi Bracquemond avec une carafe et des verres Harmonie (Baccarat). Au mur, L’homme, le taureau et la rivière, 2024, une œuvre de Hugo Toro et une applique sur mesure créée par le designer. Fleurs (Muse Paris).Réalisation Sarah de Beaumont, assistée de Noelann Bourgade, Photos de William Jess Laird

Le décor éclectique à l’identité forte

Rive gauche, l’artiste et architecte Hugo Toro a entièrement repensé un hôtel particulier familial de près de mille mètres carrés. Un chantier pharaonique qui laisse entrevoir sa patte personnelle puisque ses propres peintures ponctuent le décor, à l’image de sa toile Écho de la mangrove dans le salon, qui semble avoir toujours été présente. Outre une partie du mobilier dessiné sur mesure, tapis et luminaires inclus, le décor affiche des pièces vintage dénichées lors de ventes aux enchères — le bar brésilien en bois sculpté, par exemple — ou aux Puces. Le tout est un intéressant patchwork de références à la croisée des époques, un appartement très parisien mais doublé d’une touche contemporaine. « L’idée était de mêler les textures, les époques et de faire dialoguer une boiserie ancienne avec des techniques de dorure et de patine, de le réaliser avec un twist comme de l’allier avec de l’aluminium qui est très présent, de dessiner un maximum sur mesure et d’associer des pièces vintage, précise le trentenaire. Ce que j’aime dans ce projet c’est qu’il me permet d’explorer aussi bien mon côté artiste, architecte, architecte d’intérieur que designer », résume Hugo Toro.

Des salles de bains résolument vertes

Il semblerait que le vert ait la cote dans la salle de bains cette année. En version marbre Breccia Capraia dans la salle de bains idéale pensée par Pierre Lacroix, traitée de manière littérale avec une cheminée, un miroir doré, des niches et deux grandes vasques — le sol en damier est la touche ultime de ce salon de bains ultrachic. Quant à Hugo Toro, il choisit un all-over d’onyx vert dans la salle de bains parentale de son dernier projet, qu’il orne d’une applique en albâtre et bronze sur mesure. Dans un appartement imaginé par les architectes Rachel Gabrielli et Loris Servadio, à la tête de Galli Studio et Servadio Architecture, on retrouve cette même tonalité verte sur la baignoire, en résine Cristalmood (Antonio Lupi) cette fois-ci.

Dans la salle à manger, sur la table Pyramide, en chêne et métal, conçue en 1992 par Richard Peduzzi, un service de verres créé en 1914 par Josef Hoffmann (Lobmeyr). Autour, des chaises de Richard Peduzzi. Quinze vitres colorées et un rideau dissimulent la vue sur la cour.Sarah de Beaumont/Stefan Giftthaler.

Dans la salle à manger, autour d’une table sur mesure en onyx miel et granit rouge, des fauteuils Seconda Chair de Mario Botta (Alias). Assiettes et couverts en verre coloré de Marie & Alexandre (Galerie Signé). Suspension Luce Orizzontale de Ronan et Erwan Bouroullec (Flos). Au fond à gauche, un lampadaire des années 1970 signé Goffredo Reggiani. Au plafond, fresque réalisée par François Mascarello.© Matthieu Salvaing

Le nouvel usage de la couleur

Qu’en est-il de la couleur et de ses jeux décoratifs parmi les grandes tendances du moment ? Chez l’artiste Richard Peduzzi, elle est le véritable fil rouge d’un projet situé au cœur de Vienne, un intérieur où les tons pastel grimpent à la fois sur les murs mais aussi le mobilier et les textiles. « Avec ma fille Antonine, nous avons développé une sorte de route aérienne colorée qui parcourt l’appartement », explique-t-il. Dans la salle à manger, quinze vitres colorées dissimulées par un rideau crée un effet d’optique dans son plus bel appareil, poussant la création à son paroxysme. La couleur permet ici d’insuffler une touche contemporaine et artistique à une bâtisse qui était jusque là figée dans le passé. Dans la maison versaillaise repensée par Rachel Gabrielli et Loris Servadio, la couleur s’exprime intensément dans le jardin d’hiver ; la table en onyx miel et granit rouge répond une fresque réalisée à l’aide de peintures texturées au râteau et d’un œil en feuille d’or par l’artiste François Mascarello. La couleur devient ici un véritable statement dans un intérieur.