Par

Théo Zuili

Publié le

15 mai 2025 à 6h04

Le bras de fer s’enlise. La Ville de Lyon a mis en demeure le gérant du Café 203, en Presqu’île : Christophe Cédat est appelé une fois de plus à se mettre en conformité avec la réglementation appliquée aux terrasses. Le patron dénonce une « politique hygiéniste » et juge la réponse de la mairie « disproportionnée ».

Une nouvelle menace de sanction

En cause du conflit, selon la mairie : l’emprise de la terrasse rue du Garet, un manquement régulier aux règles, et des « installations non conformes ».

Cette fois, il est question d’une « réduction des horaires d’exploitation », d’une « suspension de la terrasse », voire de son « retrait », comme cela avait déjà été acté l’an dernier. L’intéressé n’en avait alors pas tenu compte : « Ce serait une catastrophe », réagit Christophe Cédat.

On me parle de mange-debout et d’arbres en pot… Est-ce que c’est vraiment ça, le sujet ? Je veux bien aller voir un psychiatre pour qu’il étudie mon niveau de paranoïa, mais au vu de cette attention particulière et répétée, j’ai le sentiment que la mairie cible ses opposants. Visiblement, on risque la vie économique de nos commerces.

Christophe Cédat

Christophe Cédat n’en est pas à sa première passe d’armes avec la municipalité. Le gérant de bar est également visé par une demande de fermeture administrative de la Ville de Lyon pour un autre manquement aux règles dans son établissement du quai Fulchiron (Lyon 5ᵉ), dont il attend la réponse de la préfecture, vouée à sceller le sort du dossier.

Une opposition assumée

Opposant affiché à la politique de piétonisation et de transformation de la Presqu’île, il est aussi connu pour ses prises de position tranchées : refus d’interdire le tabac en intérieur en 2008, résistance à la fermeture des terrasses extérieures chauffées, dénonciation de la gestion du Covid, installation d’un cercueil devant son établissement en 2021…

Il assume : « Je suis un résistant en temps de paix. Cet hygiénisme ambiant nous mange notre convivialité. Ils vont trop loin. On passe un cap inquiétant. Je n’enlèverai jamais mes mange-debout, c’est la tradition ! »

Il dit ne pas comprendre le zèle municipal : « Ce que je demande, c’est le droit à l’indifférence. Qu’on me laisse travailler. La mairie se comporte comme une droite conservatrice qui cherche à faire fermer une terrasse où un bout de plante dépasse. »

« Je défends une certaine idée de la liberté »

Christophe Cédat reconnaît que sa colère peut parfois être « excessive ». « Je le sais, j’ai un caractère entier. Mais je défends une certaine idée de la liberté », ajoute-t-il. « On n’est pas entendus, mal compris… Mais partir, ce n’est pas facile. Pour les chaînes, ça va, ça vient, mais pour nous, c’est notre vie. J’emploie 40 personnes. On est enracinés. »

Mais au-delà du personnage, reste une réalité : l’établissement est dans l’irrégularité. La mairie rappelle que le Café 203 fait l’objet de plusieurs constats d’infraction et balaie l’hypothèse d’une vendetta politique.

Nous agissons sur des faits constatés par nos agents. Le lien avec une quelconque activité politique est totalement infondé. Un gérant est responsable de la légalité de son activité, quel que soit son engagement personnel.

Valentin Lungenstrass
Adjoint au maire de Lyon

« La majorité des restaurateurs joue le jeu, pourquoi pas lui ? », s’interroge-t-on à la mairie.

Un fait divers politisé ou une vendetta municipale ?

Cette nouvelle mise en demeure sera-t-elle suivie d’effet ? Le Café 203 a-t-il vocation à incarner une forme d’insoumission ? Christophe Cédat assure qu’il ne partira pas, mais qu’il veut juste « un peu de paix ». Et d’ajouter, un brin désabusé : « Si on doit tout supprimer pour être en conformité, alors à quoi bon ? »

La mairie, elle, campe sur sa position : la réglementation est claire, et les rappels ont été nombreux.

Sollicitée par actu Lyon, l’Union des Métiers de l’Hôtellerie-Restauration (UMIH) du Rhône « en pleine élection d’un nouveau mandat » indique ne pas vouloir prendre position publiquement sur le cas du Café 203 dans l’immédiat.

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