L’enseigne américaine spécialisée dans le donut débarque dans la capitale le 14 mai et veut conquérir les Français avec son coffee shop et ses viennoiseries, dans un concept pensé pour le marché local.
Le roi américain du donut arrive en France. Dunkin’, célèbre enseigne fondée en 1950 dans le Massachusetts, ouvre ce mercredi 14 mai sa toute première boutique française, située au 19 boulevard Montmartre, dans le 2e arrondissement de Paris. Une arrivée marquée par un positionnement clair : celui d’un coffee shop à l’américaine, mais adapté aux attentes françaises.
«Dunkin’, c’est un coffee shop pour tous les moments de la journée», affirme Jean-Wilfrid Thibault, directeur général de la marque en France. Pour séduire les consommateurs français, Dunkin’ a revu sa carte. Dans ce nouvel espace de 220 mètres carrés avec 50 places assises, ainsi, son donut est une gourmandise parmi d’autres. Pour séduire les consommateurs français, Dunkin’ a revu sa carte. «Nous avons créé des recettes adaptées au marché français. Nos fourrages sont faits avec de la vraie confiture, contrairement à la gelée utilisée aux États-Unis. Les Français sont plus exigeants, donc nous avons opté pour des ingrédients plus haut de gamme», détaille Jean-Wilfrid Thibault.
La marque s’est également adaptée en proposant des viennoiseries, comme des croissants ou des pains au chocolat cuits sur place. Un choix stratégique selon Julien Fere, partenaire marketing chez Onepoint et professeur associé au Celsa : «La France est très exigeante culinairement. Il y a un sujet autour des ingrédients, et autour des saveurs particulièrement françaises. Il faut un ancrage dans les goûts locaux». Il rappelle d’ailleurs que «McDonald’s a inventé la salade pour le marché français» afin de répondre à cette exigence.
«Une starbuckisation des modes de consommation»
L’offre Dunkin’ se veut complète : 18 recettes iconiques de donuts, cinq sandwichs salés, des cookies, muffins et une large gamme de boissons froides et chaudes. Du thé à l’expresso, en passant par le cold brew (café infusé dans de l’eau froide), le nitro coffee (café gazéifié) ou les refreshers (boissons froides sucrées), la marque mise sur des produits facile à emporter et «instagrammable». «Les gens veulent des produits bons et beaux», explique le directeur général.
«Aujourd’hui, 60% de nos ventes mondiales sont des boissons», rappelle le directeur général. Une tendance confirmée par Julien Fere : «Il y a une starbuckisation des modes de consommation. Beaucoup d’entreprises mettent plus en avant les boissons que la nourriture. Les gens boivent du café tous les jours, pas forcément des donuts. Créer un coffee shop, c’est créer des lieux où les gens viennent et passent du temps». Jean-Wilfrid Thibault l’a bien compris : «On est tout à fait conscient que les gens ne viendront pas manger des donuts tous les jours, mais ils viendront prendre des cafés et des viennoiseries, et de temps en temps des donuts».
Les prix, eux, se veulent abordables : entre 2,50 et 3,80 euros le donut à l’unité, 15 euros la boîte de six donuts classiques et 25 euros la boîte personnalisée de 12. Un latte petit format est affiché à 3,25 euros, une grande limonade à 4,25 euros. Des tarifs alignés sur les enseignes concurrentes. « C’est extrêmement important qu’on soit accessibles en termes de prix », insiste le responsable français.
Dunkin, 19 boulevard Montmartre 75002
DUNKIN-2025_David-LY-039-HD.jpg
Derrière les vitrines colorées et l’intérieur sophistiqué du magasin, la logistique est bien réfléchie. Les donuts sont fabriqués à Ivry-sur-Seine, où un laboratoire de production conçu spécialement pour le marché français produit entre 15.000 et 16.000 unités par jour. «Nos donuts ont une durée de vie d’un jour. Ils sont livrés chaque matin dans nos boutiques, explique Jean-Wilfrid Thibault. Notre artiste donutier y élabore les recettes, comme notre crème pistache maison à base de vraies pistaches, et les différents fourrages».
L’enjeu, pour Dunkin’, est désormais de faire des donuts une habitude, explique Julien Fere. «Il faut ancrer la consommation des donuts dans le rituel des Français. Au lieu d’arriver avec des croissants, il faut que les gens viennent avec une boîte de donuts au bureau par exemple». L’entreprise assure être différente de sa concurrente, Krispy Kreme : «Eux, sont uniquement positionnés sur le donut. Nous, nous vendons beaucoup plus de boissons que de donuts».
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«Nous arrivons au bon moment»
Cette première ouverture sera suivie dès le 15 mai d’un second point de vente, gare Saint-Lazare. Un choix stratégique pour Julien Fere : «Se lancer dans des gares permet d’être le plus mainstream». L’objectif est clair : une dizaine d’ouvertures en 2025, un développement à Paris et en Île-de-France en 2026, puis une expansion en province dès 2027. Michael Haley, président d’Inspire Brands, maison mère de Dunkin’, rappelle que sa firme pèse «près de 14.000 points de vente dans 40 pays, 2 milliards de cafés vendus par an et 60 donuts vendus chaque seconde à travers le monde».
Dunkin’ arrive alors que «le marché français est en pleine croissance, et le groupe QSRP, qui nous accompagne, connaît très bien le terrain. Les planètes se sont alignées, nous arrivons au bon moment», conclut Jean-Wilfrid Thibault. Un avis partagé par Julien Fere : «L’alimentaire est un secteur très compliqué. L’avantage pour Dunkin’, c’est d’arriver avec une notoriété forte. Et il y a un retour de hype du marché américain. Ces concepts bénéficient de la pop culture, du cinéma, de cette visibilité». Reste à voir, cependant, «dans quelle mesure ce concept peut dépasser les frontières de Paris et s’installer dans toute la France. Mais à Paris, ce sont des choses qui fonctionnent très bien».