La filiale ligérienne du géant japonais Nidec poursuit le déploiement de son plan de charge autour des systèmes de stockage de l’électricité et d’insertion sur les réseaux. Marchés porteurs que ne dément pas l’annonce en mars d’un nouveau contrat à 64 M € du côté de l’Estonie. Le groupe a décidé la création d’une nouvelle usine à la Fouillouse induisant encore 115 embauches dans les 2 ans à venir. De quoi désigner Nidec ASI comme un des porte-étendards de l’attractivité industrielle de la France par le gouvernement. Et attirer la visite, mardi, de Laurent Saint-Martin, ministre délégué chargé du Commerce extérieur à six jours de « Choose France » 2025.

La moitié de la nouvelle usine créée à La Fouillouse esr opérationnelle depuis avril. ©If Saint-Etienne / XA

Choose France : nouvel opus. Lundi 19 mai à l’Elysée, ce « sommet » voulu par le président Emmanuel Macron en sera la 8e édition. Il est défini comme un « lieu de rencontre privilégié entre les investisseurs étrangers et l’exécutif français. Il permet de valoriser l’ensemble des territoires et des atouts français auprès des chefs d’entreprises et partenaires étrangers. » L’occasion de coups de projecteurs sur des constructions ou extensions de projets. Un cas ligérien sera-t-il à nouveau de cette opération de communication / séduction visant à démontrer que la France reste attractive pour des investisseurs étrangers ? L’an passé, parmi les 56 projets mis en avant, apparaissait la nouvelle usine créée à La Fouillouse par Nidec ASI, autrefois Loire Automation, de nos jours, filiale du géant japonais Nidec Corporation, spécialiste des moteurs électriques (plus de 120 000 salariés dans le monde).  

Pas de de subventions liées ici à un label d’Etat « dopant » pour investissements économique, type France 2030 autour de l’innovation. Mais de la pure promotion d’image et sans doute une volonté d’encouragement. Peut-être pas seulement vis-à-vis des milieux économiques hexagonaux et étrangers d’ailleurs… A quelques jours de la prochaine cérémonie, le cas Nidec ASI a en tout cas attiré l’attention des équipes de Laurent Saint-Martin, ministre délégué chargé du Commerce extérieur et des Français de l’étranger depuis fin décembre avec l’arrivée de François Bayrou (entré au gouvernement sous Barnier). Il a effectué une longue visite mardi après-midi en deux temps. D’abord à Roche-la-Molière, site « initial » de l’entreprise qui sera conservé pour y effectuer la R&D et la production sur mesure, malgré la création de ces 8 000 m2 neufs aux limites de La Fouillouse et d’Andrézieux Bouthéon. Un investissement de 17 M€ qui induit encore l’embauche d’au moins 115 personnes dans les deux ans à venir.

150 recrues depuis 2023

Cela après avoir déjà recruté au rythme d’environ 50 personnes par an en 2023, 2024 et 2025. Nous en parlions déjà dans cet article il y a 11 mois alors que Nidec ASI disait compter dans ses rangs 220 personnes répartis entre Roche-la-Molière et un site secondaire loué dans le nord de Saint-Etienne qui sera du coup quitté fin juin. Car à la Fouillouse, dans cette immense zone d’activités à cheval sur le territoire d’Andrézieux-Bouthéon, la moitié du nouveau site est déjà opérationnelle en attendant la réalisation de la seconde tranche des travaux. Elle doit compléter l’existant courant 2026. Nidec ASI est une des entités de la branche « Nidec Conversion » du groupe japonais, dont l’activité se situe autour des solutions conversion d’énergie électrique à partir des technologies qu’elle conçoit et fournit.

Vue d’ensemble, une fois le site achevée courant 2026.

Le contexte de « demande croissante en énergie durable au service du marché de la mobilité et de l’environnement » lui est très porteur. Franck Girard, président de Nidec ASI nous décrivait il y a un an ainsi le créneau de l’entité ligérienne : « Nos systèmes technologiques consistent à lisser l’insertion sur le réseau de l’électricité stockée en batteries et issue des sites majeurs produisant du renouvelable, comme les grandes centrales photovoltaïques, ou champs d’éoliennes. Leur problématique vient, par exemple, d’une production dont la puissance n’est pas la même vis-à-vis de celle du réseau dans lequel elle s’insère. Du fait, aussi, que le renouvelable est caractérisé par de grandes variabilités de volumes de production puisque ceux-ci dépendent des conditions météo. Notre technologie remédie à tout cela. Nous vendons des projets, des systèmes qui permettent de mieux absorber et de mieux s’insérer, soit une meilleure capacité à « relâcher » – y compris d’ailleurs aussi pour la production conventionnelle – l’électricité stockée depuis ces centres sur le réseau, en fonction des besoins. »  

Contrats monstres

L’activité autour du stockage d’énergie occupe environ 80 % du CA de Nidec ASI. Les opportunités croissantes ont poussé un objectif de doubler ses capacités de production. D’où sa nouvelle usine. Le CA a atteint 270 M€ en 2023/24, volume plus que triplé par rapport à 2021/22 (84,1 M€ ; 192 M€ en 2022/23) et qui continue de progresser de manière spectaculaire avec 320 M€ en 2024/25 en cohérence donc avec l’idée d’atteindre 400 M€ à l’issue de l’exercice suivant qui vient de débuter. Il faut dire que dans son domaine, les marchés se signent parfois à coups de plusieurs dizaines de millions d’euros. Nidec ASI avait ainsi décroché en 2023 un marché très conséquent (à 50 M€) pour équiper le parc photovoltaïque alimentant le fonctionnement d’une mine d’or de DRDGOLD en Afrique du Sud. Puis dans la foulée, deux nouveaux contrats monstres, auprès de Neoen, « premier producteur français indépendant d’énergies renouvelables », en Finlande et Suède, totalisant à eux deux pas moins de 64 M€.

Rebelote il y a peu, du côté de l’Estonie cette fois-ci. Le 18 mars, Nidec ASI annonçait avoir obtenu le projet Hertz 1, plus grand projet de production et stockage d’électricité (BESS) à partir de sources renouvelables du pays Balte, qui cherchait à déconnecter son réseau de la Russie ne serait-ce qu’en raison d’un contexte géopolitique aussi évident qu’électrique. « Ce site, d’une puissance de 100 MW et d’une capacité de stockage de 200 MWh, devrait être opérationnel d’ici fin 2025. » Il a été commandé par coentreprise Baltic Storage Platform, créée par Evecon, Corsica Sole et Mirova. Un ensemble relié « au réseau de transport d’électricité estonien géré par l’opérateur Elering par un câble souterrain de 330 kV, une première dans le pays. Ce projet permettra de renforcer la stabilité du réseau et facilitera l’intégration de l’Estonie au réseau électrique européen ».

Entre pays « toujours amis »

Discussions entre le ministre chargé du Commerce extérieur (2e en partant de la gauche) et les dirigeants de Nidec. ©If Saint-Etienne / XA

Les 54 conteneurs à fournir seront assemblés dans l’usine de Roche-la-Molière où seront intégrées les batteries et les onduleurs électriques fabriqués par Nidec Conversion à travers l’Europe. Savoir-faire français et capacités à répondre aux marchés grâce à un investissement et une confiance venus de l’étranger : cela ne pouvait être que salué par Laurent Saint-Martin, ministre délégué chargé du Commerce extérieur lors de sa visite dans la Loire spécifiquement consacrée à l’entreprise mardi après-midi. « En Europe, la première destination des investissements étrangers dans l’industrie, c’est la France, soulignait-il mardi. Et dans les trois quarts des cas, dans des villes de moins de 20 000 habitants (c’est en effet le cas de La Fouillouse mais la donnée est à relativiser : le cadre est ici celui d’une métropole de 400 000 habitants, pas celui de pseudo « territoires éloignés » et un site industriel a infiniment plus de chances de s’installer dans des communes périphériques des grandes villes, Ndlr). »

Pour Laurent Saint-Martin, dans le contexte international toujours plus tendu, il convient de faire des écueils des défis, de consolider la « valeur sûre » que représente toujours la France aux yeux des investisseurs étrangers, conforter et diversifier les relations avec des pays qui restent « amis autour d’échanges libres », comme c’est ici le cas entre Européens et Japonais autour de cette « success story par excellence ». On l’a vu longuement échanger avec les dirigeants de Nidec ASI autour des problématiques déjà là, ou à venir, sur l’export, représentant en moyenne à 50 à 60 % du CA de l’entité Loire du groupe. Parfois spectaculairement plus en fonction des contrats : c’était ainsi 80 % en 2023/24… La nouvelle donne façon Trump sujet d’inquiétudes ? « Pour ce qui est des marchés aux Etats-Unis, Nidec Conversion est déjà sur place et fabrique sur place. En revanche, explique Franck Girard, la guerre commerciale avec la Chine amène cette dernière à se rabattre sur notre terrain de manière agressive. Avant, ils n’étaient que sur les batteries désormais, ils proposent des systèmes complets avec conversion comme nous. »