L’atelier de Béatrice Journet-Guerrier de Dumast, restauratrice de peinture à Nancy à deux pas de la place Stanislas, est l’écrin des retrouvailles. Sur la table de travail sont disposés : le portrait du roi Stanislas, qui a retrouvé du lustre et le cadre doré lui aussi restauré par Émilie Ricour-Latourte, doreuse-ornemaniste nancéienne.
Le portrait, enchâssé dans son cadre, une copie de celui de Girardet, avait été donné, le 23 novembre 2024 à l’Académie de Stanislas, société savante nancéienne fondée en 1750 par Stanislas Leszczynski. Le don vient d’une famille parisienne, celle d’Henri Hubert, le grand-père de la donatrice, qui avait épousé en 1922, une Nancéienne, Jeanne Rolin, apparentée à Georges Arth professeur de chimie à Nancy et membre en 1908 de l’Académie de Stanislas.
Mais le portrait et son cadre étaient en mauvais état. La société savante a donc décidé de faire restaurer la peinture. « Le cadre est d’une qualité exceptionnelle », confie Émilie Ricour-Latourte. « Il est tout en bois sculpté avec des motifs en relief très hauts et très travaillés ». Les quatre décors sont différents et la feuille d’or a été appliquée jusque sur la tranche du cadre signe « d’un travail soigné ». Quatre fleurs de lys encadrent également le visage de Stanislas. Semble-t-il fabriqué en chêne, le cadre a subi au cours de son histoire « de mauvaises restaurations ».
Environ 80 feuilles d’or
Mais, est-ce le cadre d’époque ? « Sans doute », précise la doreuse-ornemaniste. « L’ovale est bon », même avec la présence d’une petite Marie-Louise. Mais impossible de le certifier. Il date de la fin du XVII e ou du début du XVIII e siècle, donc contemporain du roi. Un cadre « qui a été redoré au XIX e siècle » et qui présentait « beaucoup d’altérations ». Il a fallu donc « nettoyer la dorure, consolider tous les assemblages, retoucher les gros éclats des fissures » et redorer certaines parties et « ma dorure s’harmonise avec la dorure ancienne ». En tout, il a fallu près de 80 feuilles d’or pour que le cadre retrouve de l’éclat.
Un travail qui a demandé également « beaucoup de patience ». Une œuvre qui s’est dévoilée au fur et à mesure de la restauration, « c’est difficile de savoir sur quoi on va tomber ». Une restauration toute en légèreté, comme pour la peinture, « il faut garder les rides », précise Béatrice Journet-Guerrier de Dumast. « Si on le regarde, il faut que ça soit harmonieux, on n’est pas là pour que notre touche apparaisse ». Il faut « rester invisible », estime Émilie Ricour-Latourte.
Les deux restauratrices sont « contentes qu’il retrouve son lieu ». En effet, le portrait de Stanislas sera présenté dans la salle des séances de l’Académie de Stanislas le jeudi 15 mai à 15 h. Il sera également mis en place avec les autres tableaux dans la salle fraîchement rénovée.