Par

Lisa Rodrigues

Publié le

15 mai 2025 à 12h25

La commune de Fontaine, au nord de Grenoble, n’est pas épargnée par le trafic de drogue. Pour tenter de faire reculer cette activité, la mairie a lancé une « opération de sécurité et d’occupation citoyenne » du 14 au 24 mai, sur les principaux points de deal de la ville. 
Objectifs annoncés : « sécuriser les emplacements liés aux trafics de drogue en délogeant les dealers et les consommateurs » et « se réapproprier l’espace public en proposant des actions à destination des habitants ».
Et ce, avec une série d’actions pour le moins originales.

« J’appelle les habitants à descendre de chez eux »

Outre une présence policière accrue pendant ces dix jours le long de l’avenue Aristide-Briand – près de laquelle ont eu lieu plusieurs fusillades ces derniers mois -, pour contrôler et verbaliser consommateurs et dealers, des événements festifs sont prévus pour occuper l’espace. Des goûters, apéritifs avec les habitants ou événements associatifs sont programmés.

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« J’appelle les habitants à descendre de chez eux pour créer du lien et, surtout, pour discuter afin de trouver des solutions à long terme » contre le narcotrafic dans le quartier, invite le maire Franck Longo (Modem), contacté par la rédaction.

Les temps forts

Les jeudis 15 et 22 mai, de 16h à 18h, une rencontre avec les bailleurs sociaux est prévu aux Fontainades, ainsi qu’avec le service jeunesse de Fontaine sur la place Maisonnat. Les élus, forces de l’ordre et services de la Ville seront présents mercredi 21 mai sur la même place à 16h.
Concernant les rendez-vous festifs, un goûter est prévu square Gisèle-Halimi vendredi 16 mai à 16h, ainsi que le vendredi 23 mai à 16h place Mainsonnat, suivi par un apéritif dès 18h aux Fontainades. Enfin, une braderie organisée par les Petits Frères des Pauvres occupera les Fontainades samedi 24 mai.

Car l’édile le sait, le problème ne sera pas réglé en dix jours par cette « expérimentation ». « Ce n’est pas une question de durée. Je crois que la solution passera par la proximité. On le voit avec les opérations « Place nette » : les forces de l’ordre sont là un ou deux jours, puis les dealers reviennent… »

« Je fais ce que j’ai à faire »

L’équipe municipale actuelle, élue pour la première fois en 2020, a beau avoir « augmenté de 30% » ses effectifs de police municipale, renforcée ses équipements (elle est armée depuis plusieurs années », étendue ses heures de présence sur le terrain « jusqu’à minuit du lundi au samedi » et avoir créé une brigade cynophile, cela ne suffit pas à stopper le trafic de drogue

J’ai mis beaucoup de moyens, mais malgré cela, je continuais de recevoir des commerçants inquiets, des mamans du quartier qui désinscrivent leurs enfants du sport, car elles ne veulent pas qu’ils rentrent le soir seuls.

Franck Longo
Maire de Fontaine

En tant que maire, il estime être dans « son rôle » en agissant pour la sécurité de ses concitoyens par ces actions. « Je fais ce que j’ai à faire. »

À un an des municipales, on peut tout de même être tenté de voir dans cette opération un acte de campagne… Ce que réfute Franck Longo. « Ce n’est pas en lien avec le cadre électoral, assure le maire à actu Grenoble. Je n’ai pas attendu la dernière année du mandat pour agir sur la sécurité. »

« Vivre sereinement »

Lors du premier jour de l’opération, une petite dizaine de verbalisations a été effectuée par la police sur Fontaine, dont une partie en lien avec la consommation ou la vente de stupéfiants, selon l’édile.

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Les bailleurs sociaux, propriétaires de nombreux logements dans le quartier concerné, ont aussi été associés au lancement de l’opération. Laurent Richiero, directeur du pole territoires chez Actis salue l’événement, mais admet auprès de l’AFP que reprendre le contrôle des lieux « ne va pas être simple ».

« Ce que demandent nos locataires, c’est de rentrer chez eux, vivre sereinement, que les montées ne soient pas cassées sans arrêt », en désignant l’immeuble devant lequel a eu lieu une fusillade mortelle en septembre 2024. Une porte vitrée garde d’ailleurs les stigmates de ce meurtre, avec deux gros impacts de balles toujours présents.

Du côté des habitants, l’initiative est majoritairement soutenue, mais beaucoup « demande à voir. »

Avec AFP

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