La Haute autorité de santé publie de nouvelles recommandations sur la prise en charge de la plus commune des blessures traumatiques.

Un sol un peu instable, un faux mouvement du pied, un craquement… Et une cheville qui devient gonflée et douloureuse. L’entorse de cheville est sans doute l’un des maux les plus partagés au monde : des études menées aux États-Unis ont estimé que 70% de la population en subirait au moins une dans sa vie. Un incident bénin, à traiter par un peu de repos, de glace, et beaucoup de mépris ? Non, souligne aujourd’hui la Haute autorité de Santé (HAS) dans de nouvelles recommandations : les entorses de cheville peuvent causer des problèmes durables si elles sont mal soignées, et elle devrait systématiquement faire l’objet d’une consultation dans les 24 heures, et le plus souvent d’une rééducation.

« L’entorse de cheville est souvent banalisée par une grande majorité de la population qui méconnaît les risques de récidive et d’instabilité chronique, en l’absence d’une prise en charge appropriée, juge l’autorité sanitaire, en actualisant des recommandations qui remontaient… à 2006. Un nombre significatif de personnes vivent, dans les mois et années qui suivent l’épisode d’entorse, des symptômes persistants, notamment des symptômes résiduels d’instabilité, et des limitations d’activité telles que la pratique sportive et/ou les activités de la vie quotidienne. » Ainsi, 40 % des personnes ayant subi un premier épisode d’entorse du ligament collatéral latéral de cheville (la plus fréquente des entorses de cheville) développeraient une instabilité chronique.

Évaluer la nécessité d’une rééducation

La HAS recommande donc désormais de systématiquement consulter un médecin généraliste ou un kinésithérapeute (directement accessible s’il exerce dans le cadre d’un protocole de coopération) dans les 24 heures qui suivent une entorse, si celle-ci donne lieu à un symptôme quelconque : douleur, œdème, difficulté à bouger… « Cette consultation vise à évaluer la nécessité de prévoir, ou non, une rééducation – particulièrement afin de prévenir les risques de récidive et d’instabilité chronique de la cheville – et à prodiguer des conseils à défaut de rééducation, le cas échéant », explique la HAS. Dans certains cas, une radiographie pourra être réalisée pour s’assurer qu’il n’y a pas de fracture.

Si la rééducation est jugée nécessaire, celle-ci doit d’abord durer entre cinq et sept jours, puis donner lieu à une réévaluation de la situation : soit le patient peut reprendre une activité normale, soit il poursuit sa rééducation. La HAS s’abstient de fixer un nombre standard de séances, jugeant nécessaire d’individualiser la situation : « La littérature actuelle ne permet pas de définir un nombre minimal ou maximal de séances pour le traitement des entorses du ligament collatéral latéral », conclut-elle.

Des recommandations qui concernent tous les patients, adultes comme enfants de plus de 5 ans. Et qui sont assorties d’une précision surprenante : « L’organisation des soins présentée (…) est à adapter selon les ressources humaines et matérielles disponibles sur chaque territoire », indique la HAS. Ou quand des recommandations de bonnes pratiques prennent en compte les déserts médicaux…