Quatre étudiants écologues ont réalisé un travail sur l’effet des courses 50 km et 20 km de l’édition 2024 du Trail Alsace-Grand Est by UTMB sur l’érosion des sols, sur la dynamique de la végétation de zones traversées par le trail et sur le transport involontaire de graines par les coureurs et sur le dépôt de microplastiques.
« Le randonneur le plus respectueux laissera des traces, mêmes imperceptibles, de sa présence avec par exemple le dépôt de microplastiques ou de graines en provenance de ses chaussures, de ses bâtons de marche ou des textiles qui l’habillent. Le transport de graines est un aspect à ne pas négliger particulièrement pour les visiteurs provenant d’autres régions de France qui, bien malgré eux, peuvent déposer des graines de plantes non indigènes pouvant bouleverser l’équilibre de l’écosystème visité. À l’inverse, les coureurs peuvent également participer à la dispersion sur les zones traversées des espèces locales se substituant ainsi à l’action déclinante de la grande faune sauvage. Enfin, la forte fréquentation des sentiers lors de ce long week-end sportif avec ses 6 000 participants et encore plus de spectateurs et accompagnateurs entraîne inévitablement une pression importante sur l’environnement pouvant éventuellement favoriser une érosion plus importante des sentiers empruntés par les coureurs munis de leurs bâtons de marche », détaille ce travail universitaire.
Il a été réalisé sur la zone du massif du Mont Sainte-Odile, entre Barr et Ottrott pour le 20 km et entre Barr et Rosheim pour le 50 km. Malheureusement, soulignent les chercheurs, « l’étude sur l’érosion de ce sentier n’a pu être menée à son terme. En effet, les points de repère délimitant la zone d‘étude, pourtant discrets et solidement ancrés dans le sol, ont été enlevés après le passage des coureurs ».
« 3080 fibres par mètre carré ! »
Le dépôt de microplastiques a été étudié sur quatre types de sols, des sols “durs” (bitume et grès) et des sols “mous” (sentiers terreux et herbeux) en forêt autour de l’abbaye du Mont Sainte-Odile. Résultat : « Les fibres de forme filamenteuse et de couleurs bleue et rose, probablement issues des vêtements, sont assez reconnaissables alors que les microplastiques issus des chaussures et/ou des embouts de bâtons de marche sont plus complexes à identifier et présents sous forme de fragments. Des fibres de microplastiques ont été observées sur la quasi-totalité des 120 échantillons prélevés que ce soit sur les zones témoins et sur celles traversées par les coureurs. Une moyenne de 7,7 fibres par échantillon de 25 cm2 a été dénombrée, ce qui représente en moyenne 3080 fibres par mètre carré ! »
Des graines du monde entier
« Notre étude confirme également que les coureurs de trails sont bien des vecteurs de dispersion de graines : une dispersion locale entre zones du tracé et une dispersion à plus large échelle lorsque les coureurs apportent des graines au départ de la course en provenance de leur dernier lieu d’activité (qui peut être lointain). Concernant le transport local, nous avons pu dénombrer une moyenne d’environ quatre graines viables transportées par chaque coureur. Ce nombre varie assez fortement en fonction du modèle de chaussures porté par les coureurs. »
Pour une étude de plus grande envergure dans le cadre d’un doctorat en génie écologique, l’université de Strasbourg recherche désormais un ou des donateurs (fondation UTMB par exemple) pour la réalisation d’un travail de plus grande ampleur.
Étude réalisée par Isabelle Combroux, Laurence Rasseneur et les étudiants de master Ambre Dumuzois, Elena Trautmann et Oscar Schaeffer de l’université de Strasbourg.