Une découverte prometteuse, qui doit encore être confirmée et affinée par des recherches supplémentaires. Depuis plusieurs mois, une équipe du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) planche sur une piste de thérapie pour la maladie d’Alzheimer.

Alors qu’aucun traitement n’existe à ce jour, cette maladie neurodégénérative reste la pathologie de ce type la plus fréquente dans le monde. En France, environ 850 000 personnes en seraient atteints à ce jour, d’après les chiffres de l’Assurance Maladie.

Les deux phases de la maladie d’Alzheimer

Comme l’indique un article de BFMTV, des chercheurs français ont donc récemment publié dans la revue Nature Communications les résultats d’une étude s’intéressant spécifiquement à la protéine tau, qui joue un rôle important dans le développement de la maladie d’Alzheimer.

Cette dernière se caractérise en effet par deux phases principales : dans un premier temps, « l’apparition d’une protéine, l’amyloïde, qui vient se répandre entre les neurones », comme le résume BFMTV ; puis dans un deuxième temps, une propagation anormale de la protéine tau.

L’accumulation de protéines tau à l’origine de la « mort des neurones »

Dans un article de vulgarisation publié sur son site officiel, le CNRS explique que cette protéine tau est présente naturellement dans notre organisme et qu’elle « joue normalement un rôle important dans le squelette interne des cellules ».

« Mais chez les personnes atteintes (de la maladie d’Alzheimer), cette protéine change de forme et s’agglutine dans les neurones », poursuit l’institut de recherche. Selon BFMTV, ce mécanisme d’accumulation « entraîne dans la foulée la mort des neurones, le moment où la démence se manifeste ».

« Des solutions issues des systèmes immunitaires des camélidés »

Les scientifiques du CNRS ont donc tenté de trouver un moyen de limiter cette prolifération nocive, en partant de l’hypothèse qu’il était possible d’identifier des anticorps inhibant directement l' »internalisation neuronale » de la protéine tau, qui constitue selon le CNRS une « étape critique dans le mécanisme de propagation ».

Après avoir étudié plusieurs pistes, les chercheurs ont finalement trouvé un filon prometteur en repérant « des solutions issues des systèmes immunitaires des camélidés, des animaux comme les dromadaires ou les lamas », comme le relate une vidéo du CNRS sur le sujet.

Trois nanocorps capables d’inhiber le développement de la protéine tau

Selon les auteurs de l’étude, ces grands herbivores ont en effet pour spécificité de « produire des nanocorps, qui se fixent sur des cibles comme tout anticorps, mais qui sont bien plus simples et si petits qu’ils sont capables d’agir à l’intérieur même des cellules ».

En l’occurrence, les expériences réalisées sur des cultures de cellules neuronales de souris ont permis d’identifier trois nanocorps distincts, appelés A31, Z70 et H3-2, qui se sont chacun révélés capables d’inhiber le développement de la protéine tau.

« On va plus facilement pouvoir travailler avec eux »

Convaincus que cette découverte peut constituer un point de départ décisif dans la quête d’une biothérapie pour limiter le développement de la maladie d’Alzheimer, les scientifiques du CNRS insistent notamment sur les multiples possibilités qu’elle ouvre en termes d’essais cliniques.

« C’est dix fois plus petit qu’un anticorps classique, précise le biologiste Clément Danis, l’un des auteurs de l’étude, cité par BFMTV. On va plus facilement pouvoir travailler avec eux pour les modifier, les adapter à ce que l’on veut faire dans les laboratoires. »

Un espoir pour une future thérapie

Pour l’heure, la prudence et la patience restent de mise, notamment parce que les premiers tests d’immunothérapies anti-tau réalisés par le CNRS n’ont pas débouché sur des résultats concluants, « en raison d’une absence d’engagement de la cible ou d’efficacité ».

Comme le souligne BFMTV, cette découverte « devra être renforcée par davantage de recherche, soit encore de nombreuses années avant une potentielle application clinique ». Elle constitue toutefois, à n’en pas douter, un succès significatif pour la recherche française, actuellement confrontée à d’inquiétantes coupes budgétaires.