Absent du calendrier en 2024 (lire ici), le Tour du Loiret espérait un retour à la hauteur pour sa 45e édition, du 16 au 18 mai. Mais c’est un nouveau coup dur qui frappe l’épreuve cette année, concurrencée par le CLM Champenois, support de la Coupe de France N1 Hommes. Une situation qui fragilise son plateau et interroge quant à l’organisation du calendrier. Daniel Bouteille, organisateur de la course, tire la sonnette d’alarme auprès de DirectVelo.
DirectVelo : Pour le retour du Tour du Loiret, tu aurais préféré un plateau plus conséquent !
Daniel Bouteille : Cette année, on subit de plein fouet la concurrence d’une manche de Coupe de France N1. Nous sommes dans une période de la saison où les effectifs ont diminué avec les budgets, les blessures… Résultat : je n’ai que trois N1 au départ, contre une dizaine les années précédentes. On se retrouve avec 17 équipes, alors que j’en espérais 20. Beaucoup de N2 sont là, mais les N3 ne peuvent plus se permettre de longs déplacements faute de budget.
N’était-il pas possible de déplacer la course ?
Quand on organise une course, tout est calé des mois à l’avance : villes-étapes, partenaires… Et le calendrier des manches N1 tombe trop tard. C’est un vrai problème car nous étions déjà calés avant même l’annonce de la fédération. Si on avait le calendrier au moins un an et demi à l’avance, on pourrait s’adapter. Là, on ne peut pas se retourner. En tant qu’organisateur, les manches N1 nous font très mal. On se bat pendant huit mois de l’année pour finalement être en concurrence, on est un peu désabusé.
« TRAVAILLER ENSEMBLE POUR SAUVER LE CYCLISME AMATEUR »
Le Tour du Loiret est-il en danger ?
En danger, non. Mais à force de se battre pour les budgets, pour construire une belle course, et de se retrouver avec une Coupe de France en face, la motivation peut baisser. On voulait faire de cette 45e édition un événement marquant pour notre département. On avait même candidaté pour devenir une manche N1, mais on ne l’a pas obtenue. Et huit jours plus tard, on apprend que la manche retenue tombe… le même week-end que nous. J’avais appelé la fédération, ils me disaient, “ne vous inquiétez pas, vous aurez votre plateau, vos invités”…
Vous sentez une fatigue au sein de l’organisation ?
Les membres du comité s’essoufflent. Surtout quand on fait tout pour accueillir de belles équipes, et qu’elles se retirent au fil des semaines parce qu’elles doivent aller sur la Coupe. On comprend les directeurs sportifs, ils n’ont pas le choix, mais pour nous, c’est une énorme frustration. Il faut qu’on puisse travailler tous ensemble pour sauver le cyclisme amateur.
« QUAND C’EST UNE MANCHE N1, ON NE PEUT RIEN FAIRE »
Quelles solutions sont envisageables à l’avenir ?
Il faut que les manches de N1 soient connues longtemps à l’avance, pour qu’on puisse nous organiser autour. L’objectif est d’éviter d’être en face d’une manche de Coupe de France car on est trop en difficulté. Nous voulons proposer le meilleur plateau possible à nos collectivités, nos partenaires qui nous aident à organiser la course. On est presque obligé d’appeler à droite, à gauche pour récupérer des équipes, sinon on va droit dans le mur. Les courses régionales meurent. Dans notre région, il n’y a presque plus d’épreuves. Si on continue à laisser les organisateurs dans leur coin, le vélo amateur va s’éteindre doucement.
Il n’existe pas de coordination entre organisateurs ?
Il y a bien le ROCC (Rassemblement des Organisateurs de Courses Cyclistes, NDLR) dont nous sommes membres, mais il ne se passe pas grand-chose concrètement. Parfois, entre organisateurs, on s’arrange. J’ai déjà trouvé des compromis avec le Tour de la Manche, par exemple. Mais quand une manche N1 est en face, on ne peut rien faire. C’est fermé. Il faut vraiment se mettre autour d’une table, fédération comprise, si on veut préserver l’avenir de nos courses.