Par
Benjamin Moisset
Publié le
15 mai 2025 à 20h15, mis à jour le
15 mai 2025 à 20h33
Un drapeau LGBT+ sur l’opéra de Stuttgart, en Allemagne, le 23 juin 2021. BERND WEISSBROD/AP/SIPA
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Les appels à signer cette pétition fleurissent sur Instagram depuis le début de la semaine. L’initiative – qui doit récolter un million de signatures d’ici samedi – vise à étendre l’interdiction des thérapies de conversion pour les personnes LGBTQI+ à tous les pays de l’UE. Mais même en cas de victoire, le parcours législatif s’annonce long.
Il ne reste plus que deux jours. Deux jours pour que l’initiative d’interdire les thérapies de conversion dans l’Union européenne visant les personnes LGBT+ réussisse, avant la journée mondiale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie, le 17 mai. De l’eurodéputée insoumise Manon Aubry à la chanteuse Angèle, en passant peut-être par vos « amis » sur les réseaux sociaux, l’heure est à la mobilisation numérique pour interdire « les interventions visant à modifier, réprimer ou éradiquer l’orientation sexuelle, l’identité de genre et/ou l’expression de genre des personnes LGBTQI + ».
Ces pratiques, que les Nations Unies considèrent comme « intrinsèquement discriminatoires » et pouvant « être assimilées à des actes de torture », sont pour l’instant interdites dans seulement sept pays européens : Allemagne, France, Belgique, Espagne, Grèce, Malte et Portugal. Et l’UE n’a actuellement pas légiféré pour les interdire dans les autres Etats membres, alors qu’elle doit « lutter contre toutes les pratiques inhumaines », veut croire le plaidoyer de l’initiative.
• D’où vient cette initiative citoyenne européenne ?
Une initiative citoyenne européenne (ICE) permet aux citoyens européens d’interpeller la Commission et de l’obliger à se positionner en récoltant plus d’un million de signatures dans au moins – significativement – sept Etats membres en un an. L’association Against Conversion Therapy (ACT, association « contre les thérapies de conversion » en français) s’est donc saisie de cet outil de démocratie participative pour inviter la Commission « à proposer une interdiction légale contraignante des pratiques de conversion ciblant les citoyens LGBTQ+ ».
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L’idée est notamment née dans l’esprit de Mattéo Garguilo, un étudiant lyonnais de 21 ans, lors de l’adoption en 2022 de la loi pour interdire ces pratiques en France. Auprès du « Nouvel Obs », il confie avoir été ému à ce moment par les témoignages publiés de personnes LGBT +qui ont subi ces pratiques. Avec des proches, Mattéo Garguilo a ensuite monté l’association ACT à l’été 2023 et s’est lancé dans l’aventure de l’ICE au printemps 2024. « Nous nous sommes lancés dans le vide, nous voulions juste essayer », se rappelle-t-il.
• Quelle chance a cette initiative d’être adoptée ?
Concrètement, le premier critère, c’est-à-dire avoir sept pays signant significativement en faveur de l’initiative, est déjà atteint. L’Espagne, la France, l’Irlande, les Pays Bas, la Belgique, la Finlande et la Slovénie ont dépassé les seuils minimaux requis, qui varient en fonction du nombre de députés européens par pays et donc de la population locale. Le deuxième critère du million de signatures, lui, n’est pas encore atteint. Ce jeudi 15 mai au soir, il manque toujours environ 290 000 signatures.
Le chiffre peut paraître important. Mais il faut savoir qu’en seulement une journée ce jeudi 100 000 signatures ont été récoltées, à peu près le même nombre que la veille. La raison ? La forte mobilisation sur les réseaux sociaux depuis le début de la semaine. « Presque tout se passe sur Instagram », ironise Mattéo Garguilo. A noter, également, la très grande participation en France puisque plus de la moitié des signatures ont pour l’instant été récoltées dans l’Hexagone…. où les pratiques de conversion sont donc déjà interdites !
• Quelles conséquences si le seuil de signature est atteint ?
Si une ICE est adoptée et validée, sont alors organisés : une rencontre entre les organisateurs et la Commission, une présentation au Parlement européen – avec potentiellement un débat en session plénière et l’adoption d’une résolution – et une obligation pour la Commission d’exposer son action pour donner suite à l’initiative. L’institution européenne peut alors estimer « qu’un acte législatif constitue une réponse appropriée », explique le site officiel de l’UE. En revanche, elle « n’est pas tenue (d’en) proposer » un, est-il encore écrit.
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Qu’importe, « nous avons déjà gagné en mettant le sujet à l’agenda » veut croire Mattéo Garguilo avant d’affirmer que « si nous avons réussi à mobiliser un million de personnes en Europe, la Commission ne pourra pas s’échapper ». Sachant par ailleurs que, dans la lettre de mission de la Commissaire à l’Égalité Hadja Lahbib, se trouvait déjà l’annonce d’une « nouvelle stratégie en faveur de l’égalité des personnes LGBTIQ » devant se concentrer notamment « sur l’interdiction de la pratique des thérapies de conversion ».