Invitée jeudi de la chaîne I24NEWS, la chef des députés RN dit «partager l’objectif» de l’État hébreu «d’éradiquer le Hamas». Une réponse au président de la République, qui a qualifié de «honte» la riposte militaire d’Israël à Gaza.

Marine Le Pen en est consciente. L’ultime étape de la stratégie de «dédiabolisation» du Rassemblement national (RN), qui se heurte encore à des résistances dans l’opinion en raison de son histoire et des provocations antisémites répétées de Jean-Marie Le Pen, passe par un rapprochement avec la communauté juive de France. Mais aussi avec Israël – pays en guerre que Jordan Bardella, le patron du parti à la flamme, a visité en mars dernier à l’invitation des autorités locales. Cette ligne, Marine Le Pen y est attachée, au point d’apparaître comme l’une des voix les plus pro-israéliennes de l’échiquier politique français.

Alors que l’État hébreu est mis au ban de la scène internationale pour avoir repris ses bombardements et son offensive terrestre sur la bande de Gaza afin, dit-il, de contraindre le Hamas à libérer les derniers otages israéliens capturés lors des attaques du 7 octobre 2023, la chef des députés nationalistes affiche un soutien sans réserve au gouvernement de Benyamin Netanyahou.

Invitée jeudi soir de la chaîne I24NEWS, la triple candidate à l’élection présidentielle a jugé que l’État juif «fait ce qu’il peut dans une situation extrêmement difficile», et affirmé «partager l’objectif» d’Israël d’«éradiquer le Hamas». Une position diamétralement opposée à celle d’Emmanuel Macron, qui a qualifié, mardi soir sur TF1, la stratégie militaire israélienne à Gaza de «honte» et d’«inacceptable», allant jusqu’à envisager une révision des «accords de coopération» entre l’Union européenne et Tel-Aviv. Dès le lendemain, ces critiques ont fait bondir Benyamin Netanyahou, qui a accusé le président de la République de s’aligner sur une «organisation terroriste islamiste meurtrière» et d’en «relayer la propagande ignoble».

Une condamnation sans équivoque que partage Marine Le Pen. «Cette déclaration (d’Emmanuel Macron, NDLR) est indigne mais elle ne m’étonne pas : il ne cesse de multiplier les critiques à l’égard d’Israël parce qu’en réalité il est incapable d’apporter une solution pour lutter contre le fondamentalisme islamiste», a grincé l’élue du Pas-de-Calais, soulignant que le chef de l’État «fait le grand écart» à cet égard. «Il dit qu’il lutte contre le fondamentalisme islamiste mais il reçoit (à l’Élysée) avec tous les honneurs Ahmed al-Charaa (le nouveau président syrien, NDLR)», a-t-elle ironisé une semaine après la visite très décriée de l’ancien djihadiste au palais présidentiel.

À mille lieues de la position du chef de l’État qu’elle décrit comme une «catastrophe diplomatique», Marine Le Pen pense qu’il devrait plutôt apporter à Israël «une aide, des solutions dans cette guerre qui nous concerne tous car nous avons le même ennemi». Trois jours après qu’Edan Alexander, ex-otage israélo-américain à Gaza, a recouvré la liberté, la double finaliste de la présidentielle a surtout exhorté le Hamas à relâcher tous les captifs. «Si les otages sont libérés, la guerre cesse. C’est ce que personne ne veut dire et admettre. On ne peut pas se plaindre des conséquences et en même temps refuser de rappeler en permanence la cause», a-t-elle fustigé.

Une «lucidité» sur le Hamas

Malgré les vives critiques adressées à Israël, accusé d’entraver l’acheminement de l’aide humanitaire vers la bande de Gaza, ce qui accentue, selon plusieurs organisations internationales, le spectre d’une famine dans le territoire palestinien, Marine Le Pen reste inflexible : «Qu’il y ait des difficultés humanitaires dans une guerre, ça n’étonne personne.» «Israël ne refuse pas de livrer de l’alimentation et des biens de première nécessité à Gaza, il ne veut pas que ce soit le Hamas qui les distribue, que le Hamas mette la main dessus et s’en serve en réalité comme moyen de pression à l’égard de la population civile», a-t-elle insisté.

Si une partie de la gauche – et en premier lieu La France Insoumise – continue d’entretenir une forme d’ambiguïté vis-à-vis du Hamas, Marine Le Pen déplore le manque de «lucidité» des «dirigeants français» à l’égard de cette organisation islamiste. «C’est un mouvement terroriste, qui se planque au milieu des civils, qui se cache dans les hôpitaux, dans les écoles, qui se sert de la population civile comme bouclier humain, et qui, lorsqu’il est confronté à une manifestation d’opposants à sa politique les massacre joyeusement», a expliqué la figure nationale, faisant savoir qu’elle se rendra en Israël dès que le gouvernement Netanyahou l’invitera officiellement.