Des créatures kawaï pour des duels endiablés, le Strasbourgeois Jean-Baptiste Casbonne propose un jeu de société inspiré des mécaniques de Pokémon. Après cinq années de travail acharné, cet autodidacte s’apprête à lancer Sfaera sur le marché.
Nous avons rendez-vous avec Jean-Baptiste Casbonne devant la gare de Strasbourg. En pleine campagne de financement participatif pour son jeu, le Strasbourgeois enchaîne les salons. « Le week-end dernier, j’étais à Mulhouse pour le Happy’Games et tout à l’heure, je prends le train pour aller à LudiNord à Mons-en-Barœul. »
Archiviste de profession, cet autodidacte a créé Sfaera, un jeu de cartes et de dés qui vise à faire combattre des créatures mythologiques. Les parties durent entre 20 et 25 minutes et se jouent en solo ou en duel. Aujourd’hui, il arrive au bout d’un processus de création qui aura duré cinq ans.
Jean-Baptiste Casbonne, créateur du jeu « Sfaera ». © Adrien Labit / Pokaa
Un jeu de duel
Le principe du jeu est simple, il s’agit de constituer une équipe de créatures, de les faire combattre et évoluer pendant trois tours avant le round final qui décidera du gagnant de la partie. « Je voulais retrouver les sensations d’une partie de Pokémon, mais sur table et avec une personne en face de moi. »
Les créatures, toutes dotées de caractéristiques uniques, appartiennent à trois espèces (rouge, verte et bleue) disposant chacune d’un avantage sur une autre. « C’est clairement d’inspiration Pokémon. » Une créature unique joue le rôle de joker : faible en début de game, elle est à même de changer le cours de la partie après son évolution.
© Document remis
Les combats se jouent aux dés, apportant une part de hasard dans la stratégie des joueurs/ses. « Le jeu est équilibré de façon à ce qu’il y ait toujours de l’enjeu, explique Jean-Baptiste Casbonne. On peut très bien perdre les trois premiers tours et gagner le quatrième par un coup de chance ou une bonne anticipation. »
Selon son créateur, Sfaera repose un peu plus sur le hasard que sur la stratégie, « avec 55% de hasard, je dirais », explique-t-il. « Ce qui donne des parties courtes, assez punchy et plutôt spicy. On pense avoir l’ascendant et sur un mauvais lancé, tout se retourne. »
© Document remis
Un projet en auto-édition
L’aventure Sfaera commence à Paris, Jean-Baptiste est alors étudiant, il a tout juste 19 ans. En stage dans la capitale, il s’ennuie dans sa petite chambre et joue à Pokémon sur Game Boy. « Je me disais qu’il y avait des choses qui me frustraient dans le jeu, donc, je me suis dit que j’allais créer le mien. »
L’étudiant travaille dessus tout l’été avant de le ranger au placard à la rentrée. Des années plus tard, à 26 ans, Jean-Baptiste Casbonne fait le choix de sortir son jeu du placard et d’en achever la création.
Une illustration de Karina Bartkowski. © Document remis
« J’ai travaillé les mécaniques du jeu pendant un an et demi. Au départ, elles ne fonctionnaient pas. Mais à force de les faire évoluer, je suis arrivé à quelque chose de stable, où l’on pouvait prendre du plaisir à jouer. »
Suivent une année supplémentaire pour chercher un(e) illustrateur/rice, 10 mois de travail sur le design et 12 autres pour la rédaction des règles. Au mois de mars dernier, Jean-Baptiste estime son jeu suffisamment abouti pour lancer une campagne de financement participatif. Grâce aux préventes, il espère pouvoir faire fabriquer 2000 boîtes de Sfaera.
Une illustration de Karina Bartkowski. © Document remis
Si Jean-Baptiste a pu compter sur les conseils d’autres créateurs/rices de jeux et sur une illustratrice de talent, il a fait le choix de l’auto-édition. « D’entrée de jeu, j’avais envie d’aller au bout seul. Je voulais que ce soit mes visuels, mes règles, ma façon de faire, ma sauce en quelque sorte. »
Le créateur concède que cette envie de tout maitriser à 100% a sûrement ralenti le développement du jeu, mais témoigne de sa satisfaction d’être allé jusqu’au bout. « C’est mon bébé et il a l’image que j’avais envie de lui donner. Peu importe si, à la fin, je fais 1000 ou 40 000 € dans les ventes, j’ai fait un jeu qui marche, qui est beau, j’ai déjà réussi. »
Une illustration de Karina Bartkowski. © Document remis
Des illustrations saisissantes
Alors que Jean-Baptiste Casbonne nous fait découvrir les mécaniques du jeu, nous sommes saisis par la qualité des illustrations. « Durant un an, j’ai démarché des illustrateurs. J’étais très exigeant, je voulais absolument une relation de confiance avec la personne. Finalement, j’ai trouvé la perle rare, presque par hasard. »
Derrière les design du jeu, l’illustratrice Karina Bartkowski, une amie d’une amie du jeune homme. « Je ne pouvais pas espérer que ce soit aussi beau », explique-t-il. Pour lui, une part du succès public vient de ces visuels qui donnent envie d’en savoir plus.
Des illustrations de Karina Bartkowski. © Documents remis
Au moment où nous terminons la rédaction de cet article, le financement participatif pour Sfaera dépasse les 9 900 € (et s’arrête le 10 avril). Un succès pour son créateur. « Il y a de grandes chances que je réussisse à faire 10 000 €, ce qui est mon objectif personnel sur le financement. Pour un petit créateur comme moi et un premier jeu, se rembourser avec seulement le financement participatif, c’est une super réussite. »
Pour la suite, Jean-Baptiste envisage de continuer la tournée des festivals pour vendre Sfaera. « C’est un vrai plaisir d’aller en festival, de rencontrer les joueurs et de faire découvrir le jeu. »