Le laboratoire français Sanofi vient d’annoncer qu’il allait investir 20 milliards de dollars aux États-Unis d’ici 2030. « C’est un moment désagréable et une annonce désagréable. Mais là, l’ampleur des investissements aux États-Unis, c’est clair que c’est un mauvais signal. Donc effectivement, j’aurais préféré que Sanofi prenne une autre décision et annonce une autre décision », a réagi le ministre de l’économie Éric Lombard, sur BFM Business.
Avec Donald Trump, tout n’est que symbole. Je n’interdis pas à Sanofi d’investir aux États-Unis, c’est la moitié de son chiffre d’affaires. La France représente 3% de ses ventes. D’ailleurs, tous les concurrents de Sanofi ont déjà annoncé des investissements aux États-Unis ces dernières semaines : Bristol Myers Squibb, Gilead, TAKEDA, Roche, Novartis.
Est-ce qu’on avait besoin d’être le premier groupe de l’Union Européenne à annoncer cet investissement ? Non. Est-ce que la décision d’injecter 20 milliards de dollars sur cinq ans a été prise en deux jours ? Sans doute pas. La pharma, c’est l’un de nos fleurons à l’exportation. Mais les investissements étrangers dans la pharmacie baissent chez nous. C’est ce qui ressort du baromètre EY publié jeudi 15 mai. Donc une annonce comme celle-ci affaiblit le « site France ».
Double humiliation pour Emmanuel Macron
Sanofi a touché 108 millions de crédit impôt recherche en 2023. C’est la direction du groupe qui l’a dit devant une commission parlementaire, 12,2 millions de bonus apprentissage, 5 millions d’aides BPI, ADEME, régions. Ce n’est pas de l’argent volé, ils y avaient droit. Et je défends le crédit d’impôt recherche pour maintenir des emplois hautement qualifiés en France. Mais, on peut essayer de jouer collectif quand on a été aidé. Faire cette annonce à quelques jours de « Choose France » au Château de Versailles quand la France va essayer de montrer qu’elle est capable de résister à Donald Trump, c’est nous tirer une balle de Smith & Wesson dans le pied.
Et c’est une double humiliation pour Emmanuel Macron. Il avait demandé aux grandes entreprises de mettre leurs projets aux États-Unis sur pause quelques mois pour éviter de donner des gages à Donald Trump. C’est raté. Et puis Emmanuel Macron a toujours soutenu Sanofi, il était allé dans une usine à la sortie du Covid pour dire que la France allait produire, à nouveau, du paracétamol sur son sol. Que c’était une question de souveraineté nationale. Quelques semaines après, Sanofi cédait son Doliprane à un fonds américain.
Les équipes de la Maison Blanche vont sûrement se gargariser de cette annonce. Comme lorsque CMA CGM a annoncé 20 milliards de dollars d’investissements aux États-Unis avec cette image de Rodolphe Saadé, le patron debout dans le bureau ovale et Donald Trump, assis, comme un professeur qui note une récitation de poésie. CMA CGM fait un quart de son chiffre d’affaires aux États-Unis. le groupe de transport maritime et de logistique investit depuis 35 ans aux États-Unis. Donc 20 milliards sur quatre ans, ça n’est pas un engagement si exceptionnel que ça. Mais je ne peux pas imaginer que tous ces grands patrons qui se prêtent à la mise en scène rrumpienne ne se rendent pas compte du mal que ça peut faire à l’Europe en termes d’image.
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