Sanctionnée à l’automne pour des troubles publics portant atteinte à la réputation de la faculté, l’étudiante avait contesté sa sanction devant le tribunal administratif, qui ne lui avait pas donné raison.

Pour l’UNI, c’est une «victoire». Le Conseil d’État a rendu mardi 9 mai une décision en faveur de la présidente de la section nantaise du syndicat étudiant. L’institution ordonne à l’université de Nantes de réintégrer cette figure locale de l’organisation classée à droite. L’établissement est également prié de lui verser 3000€. La jeune femme avait été exclue pour neuf mois à l’automne dernier, lors d’une commission disciplinaire du conseil académique.

L’université rappelle qu’elle avait prononcé une exclusion «à la suite de troubles à l’ordre public ayant porté atteinte à la réputation de l’établissement, en lien avec des événements survenus lors des élections étudiantes de novembre 2023». À l’époque, une vidéo publiée sur le compte national et la page nantaise de l’UNI montrait un étudiant déclarant qu’il «emmerde la race blanche». Cette publication devenue virale avait été considérée comme un élément exacerbant les tensions dans un contexte électoral interuniversitaire difficile, marqué par des jets d’excréments et des agressions.

«Exclusion à motif politique» pour l’UNI

La responsable locale du syndicat, en L2, soutenait de son côté ne pas être l’auteur, ni même avoir posté cet extrait de vidéo. Elle avait donc contesté son exclusion devant le tribunal administratif, dans le cadre d’un référé suspension. Ce contentieux permet au juge de suspendre dans l’urgence une décision. En l’occurrence, le tribunal ne l’avait pas fait, poussant l’étudiante à se tourner vers la plus haute juridiction.

Dans son argumentaire du 9 mai, le conseil d’État indique notamment qu’Alix G. n’a pas été informée qu’elle pouvait se faire assister d’un avocat lors du conseil de discipline du 27 septembre 2024, et qu’elle n’a pas eu assez de temps pour préparer sa défense.

«Cette décision constitue une victoire majeure pour la liberté d’expression étudiante et un désaveu important pour la direction de l’université», a réagi l’UNI dans un communiqué. En novembre, le syndicat dénonçait une «exclusion à motif politique, celui de supprimer la représentation de la droite dans les universités».

Un autre jugement à venir

«Je suis soulagée, je me dis que Justice a enfin été rendue», fait savoir Alix G., jointe par téléphone. Désormais chargée de mission au sein de la section nationale de l’UNI, elle a décidé de ne plus aller à la fac de Nantes l’année prochaine. «Pour des raisons de sécurité, je ne peux pas y retourner», dit celle qui a vu son nom tagué sur les murs à plusieurs reprises. Elle réfléchit à revenir passer ses rattrapages si elle le peut.

«L’étudiante concernée a la possibilité de se réinscrire au sein de l’établissement», indique au Figaro l’université de Nantes, qui rappelle que l’exclusion avait été prononcée par une «instance indépendante». «Par une ordonnance du 9 mai 2025, le Conseil d’État a suspendu provisoirement l’exécution de cette sanction disciplinaire au motif d’irrégularités de procédures, donc sans se prononcer sur le fond de l’affaire et sur la liberté d’expression des étudiants», rétorque par ailleurs l’établissement. En effet, une nouvelle audience aura lieu dans les prochains mois, comme le veut la procédure.