Dans le chaos qui s’est emparé du circuit Bugatti dimanche, au départ du Grand Prix de France, trois pilotes ont fait un choix qu’ils ont ensuite amèrement regretté. Luca Marini, Álex Rins et Marco Bezzecchi avaient en effet bien pris le départ en pneus pluie, comme le futur vainqueur Johann Zarco… mais ils ont décidé de rentrer au stand à la fin du premier tour pour repasser aux slicks.

L’intensification de l’averse dans les minutes qui ont suivi a réduit à néant leurs espoirs de s’en sortir avec un bon résultat et la victoire du Français n’a fait que renforcer leur amertume après-coup.

Luca Marini, le mieux classé des trois, n’avait que peu d’égard pour sa 11e place finale, tant il était déçu d’avoir laissé filer une occasion en or. Le pilote italien a très vite admis avoir fait une erreur : « Je pense qu’il avait une opportunité aujourd’hui. Je m’en veux énormément parce que j’ai tout mal fait. Quand il fallait faire un choix, j’ai fait deux fois le mauvais, donc c’est vraiment dommage. »

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« Il était possible de gagner ! Il suffisait juste de croire dans la décision faite avant », pestait le pilote Honda, qui a changé d’avis alors qu’il était parti en pneus pluie. « Je suis vraiment parti fort, mais tous ceux qui étaient devant moi étaient en slicks. Ils étaient rapides, la piste était complètement sèche, alors je me suis dit : ‘Comment je vais faire pour faire 26 tours ? Même s’il devait se mettre à pleuvoir un peu, je vais tout de suite détruire mes pneus pluie’. »

Après une longue hésitation, il s’est fié à son instinct et a changé de moto à la fin du premier tour, pour se relancer en slicks. « C’est dommage, parce que c’est simplement ma décision personnelle qui a tout compromis, après m’être dit dans ce tour-là : ‘Je rentre ou je ne rentre pas ? Je rentre ou ne je ne rentre pas ?’. Ceci dit, si j’étais resté dehors je serais peut-être tombé comme l’a fait Miller, hein ! Mais bon, au moins j’aurais été content d’avoir pris la bonne décision, celle qui aurait pu me mener à la victoire. Au lieu de ça, je me suis coupé les jambes tout seul. »

Je me suis coupé les jambes tout seul.

Marini, qui a parfois expliqué par le passé qu’en cas de doute sur la grille, il calquait ses choix de pneus sur ceux des pilotes les plus expérimentés, a une nouvelle fois suivi ce procédé dans ce tour de chauffe si singulier, sauf qu’une fois la course lancée, il a compris qu’il n’était pas à l’aise sur ce bitume encore peu humide.

« [Dans le tour de chauffe] les autres ont attendu Marc Márquez et ils ont tous fait le tour très lentement pour voir ce qu’il allait faire. Moi, j’étais devant. Dans la ligne droite entre les virages 8 et 9, j’ai regardé derrière moi. Je me disais que, moi aussi, j’aurais aimé les attendre, alors j’essayais d’aller doucement. Mais, punaise, ils allaient encore plus doucement ! »

Alex Rins, Yamaha Factory Racing

Álex Rins (Yamaha)

Photo de : Pramac Racing

« Je suis arrivé à l’entrée de la pitlane, je regardais derrière moi et j’avançais tout doucement, mais ils n’étaient pas encore là. Alors je me suis dit que j’allais devoir me placer sur la grille. Je ne voulais pas être celui qui [ferait un choix différent] parce que tous ceux qui étaient devant moi étaient en train de prendre place. Au final, c’était le bon choix. Il fallait survivre aux cinq premiers tours sur le sec, et ça n’était pas facile quand même. »

C’est en tenant bon dans cette grosse dizaine de minutes d’une averse encore timide que Johann Zarco allait avoir le dessus. Luca Marini, lui, en a été quitte pour un second passage au stand afin de revenir aux pneus pluie une fois les conditions beaucoup plus franches. « J’ai fait une erreur, c’est tout. Sans ça, objectivement, il était possible de gagner car le rythme était assez bon, et en sachant que Zarco a gagné alors qu’il était dernier après le troisième virage ! »

« J’ai essayé de vraiment tout préparer avant, mais ensuite il y a toujours un scénario auquel on n’a pas pensé », pointait-il. Et le pilote, quelque peu abattu, d’admettre ses regrets : « Quand une occasion comme ça se présente, tu te dis que de toute façon tu n’as rien à jouer alors tu peux faire un choix qui se démarche, mais je ne l’ai pas fait et ça a été le problème. C’est comme ça. »

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Álex Rins était dans le même bateau, à la seule différence qu’il n’a fait que trois tours en slicks contre six pour Luca Marini. Le pilote Yamaha a ensuite vu l’arrivée 12e, convaincu lui aussi d’avoir loupé le coche.

« Le problème, c‘est que je suis passé deux fois au stand, une fois de plus que les autres », regrettait-il. « J’étais sur la grille avec Zarco, Miller, Oliveira, en pneus pluie, c’était donc la bonne chose à faire. Mais on avait tellement de mal avec notre moto sur le mouillé que je me suis dit ‘allez, on va prendre les [slicks] softs’. Parce que les sensations étaient très mauvaises, ça glissait énormément, il n’y avait absolument aucun grip. J’ai donc décidé de rentrer. Et ensuite, j’ai dû y retourner pour mettre les pneus pluie. »

« Comment j’ai géré la course ? J’ai essayé de la gérer avec calme, parce que la piste était très piégeuse. En milieu de course, j’ai essayé de prendre des trajectoires différentes et grâce à ça, j’ai pu tourner en 1’46 et j’ai repris 16 secondes à Marini. Il m’a juste manqué quelques tours pour le dépasser. »

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Le mauvais choix et une chute pour Bezzecchi

Pour Marco Bezzecchi, le déroulement de la course aura été encore pire, et la conclusion qu’il en tirait plus radicale : « Une course de merde, surtout pour moi ». Il a lui aussi eu le malheur de changer de moto à la fin du premier tour, mais il est même tombé quelques minutes plus tard alors qu’il était en slicks. Il a pu remonter en selle pour aller changer de moto et se relancer… mais l’a fait avec le pneu arrière medium qui lui a ensuite posé des soucis, comme à d’autres pilotes.

« Si je pouvais changer une chose de cette course ? Franchement, je ne sais pas. Une seule ne suffirait pas », a admis le pilote Aprilia. « Au début, je me suis dit que j’allais regarder ce que faisait Jack Miller, normalement il est très bon dans ce genre de choix. C’était ma première fois dans ces conditions avec l’Aprilia, alors je n’étais pas très confiant quant à ce que je devais faire. »

« Normalement, j’aime bien mettre les slicks quand la piste n’est pas vraiment sèche, mais comme c’était ma première fois, j’ai voulu regarder Jack, or il est resté en pneus pluie alors j’ai décidé de les garder moi aussi. Mais ça séchait vite. Même si la pluie tombait, la piste séchait, alors je me suis arrêté pour mettre les slicks, puis dès que je l’ai fait, il s’est mis à pleuvoir [plus fort] ! »

Marco Bezzecchi (Aprilia Racing)

Marco Bezzecchi (Aprilia Racing)

Photo de : Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images

« J’ai essayé de résister un peu parce que mes chronos n’étaient pas trop mauvais, mais je suis peut-être resté un tour de trop et je suis tombé avec les slicks. Heureusement, j’ai réussi à faire en sorte que la moto ne se coupe pas. J’étais dans le virage 9 alors j’ai relevé la moto, j’ai essayé de rejoindre les stands et j’ai pris celle pour la pluie. C’était dur. »

« J’avais le pneu arrière medium. Au début, il ne pleuvait pas tellement et dès qu’il est monté en température, je me suis mis à faire de très bons chronos. Mais, à un moment donné, il s’est mis à pleuvoir plus fort, j’ai perdu de la température, j’ai perdu confiance, beaucoup de grip arrière et je me suis mis à beaucoup ralentir. J’ai juste essayé de survivre mais avec des chronos qui étaient de plus en plus lents tour après tour. Voilà le résumé de ma course. »

Parmi les pilotes qui avaient eux aussi opté pris le départ avec les pneus pluie, d’autres ont connu une issue plus malheureuse encore à leur course, à l’image de Jack Miller et Miguel Oliveira, qui sont tombés. Quant à Pecco Bagnaia, il a été envoyé au tapis à la première chicane et a dû repartir en slicks, avant de faire un second changement.

Avec Vincent Lalanne-Sicaud

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Léna Buffa

MotoGP

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