Le vaccin contre le VRS (virus respiratoire syncytial) est désormais conseillé dès 75 ans, ou dès 65 ans en cas de maladie chronique. © Freepik
En matière de vaccination des seniors en France, les chiffres parlent d’eux-mêmes, et pas en notre faveur. D’après Santé publique France, seulement 54 % des personnes âgées de 65 ans et plus ont été vaccinées contre la grippe lors de la saison 2023-2024. Un taux bien loin de l’objectif des 75 % fixé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Et ce n’est pas mieux du côté des vaccins contre les infections à pneumocoques ou le zona, souvent inconnus du grand public.
Pire encore, moins de 20 % des seniors sont protégés contre les infections à pneumocoque, qui peuvent pourtant causer des pneumonies graves, voire mortelles. À titre de comparaison, en Suède ou aux Pays-Bas, ces taux grimpent à plus de 60 %. Alors, pourquoi ce désintérêt vaccinal chez les aînés ?
Calendrier vaccinal : pour les seniors, c’est une corvée en plus “On verra plus tard” : quand le calendrier vaccinal donne mal à la tête
Le calendrier vaccinal français est un véritable casse-tête, même pour les professionnels de santé. D’après un sondage Odoxa pour Le Quotidien du Pharmacien, 91 % des Français estiment qu’il est trop complexe, et 87 % trouvent qu’il est “indispensable” de le simplifier.
Pour les seniors, qui jonglent déjà avec des rendez-vous médicaux multiples et des traitements variés, cette complexité est un frein évident. Si l’on ne leur explique pas clairement quels vaccins sont nécessaires, à quel âge, et pourquoi, la tentation de repousser ou d’oublier est grande.
Méconnaissance des risques : “Je suis encore en forme, pas besoin de vaccin !”
Nombreux sont les seniors à penser qu’ils ne sont “pas à risque” ou que les vaccins sont réservés aux enfants. Erreur fatale. Passé 65 ans, le système immunitaire devient moins performant, et les complications en cas d’infection sont plus fréquentes.
Selon une enquête de la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), près de 30 % des personnes âgées sous-estiment leur vulnérabilité face aux maladies infectieuses. Résultat, le vaccin contre la grippe est pris à la légère, celui contre le zona est méconnu, et celui contre le pneumocoque, ignoré.
Méfiance, idées reçues et inégalités sociales
Autre barrière : la défiance. Malgré une adhésion globale forte à la vaccination (plus de 80 % selon une étude 2025 de BVA pour France Assos Santé), la confiance diminue avec l’âge. En particulier chez les personnes peu diplômées ou en situation de précarité.
En zone rurale, l’accès aux soins est plus difficile, les pharmacies moins nombreuses, et les campagnes d’information souvent peu visibles. Le résultat est sans appel : les inégalités sociales pèsent lourd sur la couverture vaccinale.
Ce qu’on peut (et doit) faire pour changer la donne Simplifier le calendrier vaccinal
Le calendrier vaccinal actuel est dense, parfois confus, et peu lisible pour le grand public, en particulier les personnes âgées. La Haute Autorité de Santé (HAS) propose une simplification structurée autour de quatre grandes périodes de la vie : l’enfance, l’adolescence, la grossesse et le grand âge.
Cette réorganisation permettrait de mieux identifier les moments importants (voire immanquable) de la vaccination, en rendant les recommandations plus cohérentes, mieux comprises et donc plus facilement suivies. Une clarification nécessaire pour renverser la tendance autour de la couverture vaccinale.
Mieux informer, sans infantiliser
Contrairement aux idées reçues, les seniors ne sont pas opposés aux vaccins. Ils sont souvent mal informés, voire peu informés. Il faut donc développer des campagnes pédagogiques, accessibles, diffusées sur des canaux adaptés : maisons de santé, pharmacies, médias locaux, lieux de vie.
Impliquer davantage les professionnels de santé
Le médecin traitant reste la référence. Encore faut-il qu’il ait le temps d’aborder le sujet en consultation. Il devient alors stratégique de mobiliser l’ensemble des acteurs de proximité : pharmaciens, infirmiers, sages-femmes.
Ces professionnels peuvent non seulement informer mais aussi administrer certains vaccins, dans un cadre sécurisé. Élargir leur rôle dans la prévention vaccinale permettrait de multiplier les opportunités de vaccination, et de toucher des publics aujourd’hui insuffisamment couverts.
Aller vers les plus éloignés du soin
Aussi, pour espérer améliorer la couverture vaccinale des personnes âgées, il faut aller au-delà des établissements de santé classiques. De nombreuses personnes âgées vivent à domicile, parfois isolées, sans moyen de transport.
Vaccibus, campagnes mobiles, vaccination à domicile… Des initiatives efficaces existent, mais elles doivent être généralisées pour toucher les publics les plus fragiles.
À SAVOIR
Depuis 2024, la vaccination contre le zona est recommandée dès 65 ans, mais moins de 2 % des seniors sont aujourd’hui vaccinés.
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