Par
Laure Gentil
Publié le
16 mai 2025 à 14h02
Lundi 24 février vers 6 h, les gendarmes de Treillières avaient retrouvé, dans une maison, plus d’une centaine de chiens et quelques chats entassés dans un « état effroyable », selon l’association Action Protection Animale. Sur des parcelles, 39 chevaux sont aussi retrouvés.
L’éleveuse, Catherine H., âgée de 53 ans, a comparu ce jeudi 15 mai 2025 devant le tribunal de Nantes pour maltraitance animale, travail dissimulé, exploitation d’une « installation classée non enregistrée », privation de soins, de nourriture et d’eau à des animaux, et utilisation d’un mode de détention « inadapté » aux animaux.
Le parquet a requis une peine de prison avec sursis.
« Des excréments recouverts de moisissures »
Lorsque la présidente d’audience a rappelé les charges que la Justice lui reproche, Catherine H., les cheveux blancs coupés à ras, est restée imperturbable.
Le 3 juillet 2024, les forces de l’ordre sont alertées de la présence d’un chenil non déclaré à Treillières. Des chiens sont retrouvés par un agent municipal, divaguant sur la voie publique non loin de chevaux en pâturage.
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Le lendemain, nouvelle alerte, l’agent retrouve des chiens dans une voiture Dacia, visiblement « stressés ». Quelques semaines plus tard, le même agent découvre des chiens sans eau alors que les températures atteignaient « les 30 °C ». Malgré les différentes mises en demeure, elle continue son élevage dont elle change juste la localisation. Jusqu’à l’arrivée des gendarmes en février 2025.
Les chiens en sa possession, principalement des chihuahuas, sont logés dans un « hangar vétuste » mal isolé, le sol est « recouvert d’excréments, dont certains recouverts de moisissures », certains présentent des blessures, d’autres sont recouverts de puces ou ne sont pas identifiés, rappelle la présidente. Les équidés vivent dans des enclos inadaptés, jonchés « d’encombrants ». Les box sont sales, le foin est moisi et l’eau inexistante. Des chiots sont retrouvés morts et le cadavre d’un chat est découvert dans le frigo.
« On m’a tout pris, je n’ai plus rien »
De son propre aveu, Catherine H. préfère éviter de fréquenter les humains et depuis le début de l’affaire, elle se sent « persécutée » et « harcelée ». Un « piège » lui aurait été tendu pour lui retirer ses animaux.
Contrairement à ce qu’on a pu raconter, je visitais quotidiennement mes chevaux !
Catherine H.
« On m’a tout pris, je n’ai plus rien », déclare Catherine H. qui explique ses difficultés « à se lever le matin ». Sa vie tournait autour de ses animaux : « J’ai l’espoir qu’on me les rende. »
Des dénégations véhémentes
Pour Catherine H., les constatations du policier municipal sont fausses : « Il raconte n’importe quoi ! », argue-t-elle avec force. Les chiens étaient nourris et il y avait de l’eau dans les gamelles, elle n’aurait jamais « laissé mourir ses amis ».
« Je reconnais que la maison était sale, je n’ai pas pu nettoyer, j’avais une sciatique », admet-elle, à contrecœur, tout en refusant de reconnaître l’insalubrité des conditions de vie pour les chiens.
Les chevaux ? Ils n’étaient pas « cadavériques », les associations et les vétérinaires mentent aussi. « Tout le monde ment sauf vous ? », demande ironiquement Me Yoann Goinguene, l’avocat de plusieurs associations de défense des animaux, parties civiles au procès. « Il y a eu beaucoup de mensonges », réplique-t-elle, avec aplomb.
Si le procureur a reconnu « l’amour » de Catherine H. pour les animaux, celle-ci est selon lui restée aveugle à « une situation qui n’a cessé de se dégrader ». Le magistrat a requis une peine d’un an avec sursis, la peine maximale, ainsi qu’une interdiction de détenir un animal ou d’exercer un métier en rapport avec des animaux. La décision sera rendue le 26 juin 2025.
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