Qui a pris la célèbre photographie de la « petite fille au napalm » ? Plus d’un demi-siècle après la publication de ce cliché, l’un des plus emblématiques de l’histoire, le concours World Press Photo a annoncé, ce vendredi 16 mai, qu’il suspendait l’attribution du crédit de cette photo.

La photo, en noir et blanc, de cette petite fille vietnamienne gravement brûlée, courant nue sur une route après un bombardement au napalm à Trang Bang, dans le sud du pays, en 1972 avait contribué à changer la perception mondiale de cette guerre. Elle demeure, aujourd’hui encore, un symbole de ses horreurs

Mais en janvier, un documentaire intitulé The Stringer a attribué cette photographie à un journaliste pigiste vietnamien, Nguyen Thanh Nghe, interviewé dans le film. Jusqu’ici, la paternité de cette image revenait au photographe américano-vietnamien d’Associated Press (AP), Huynh Cong Ut, plus connu sous le nom de Nick Ut. Ce dernier avait reçu un prix Pulitzer et un prix World Press Photo, en 1973, pour cette image emblématique.

« Nick Ut m’a accompagné sur le terrain. Mais ce n’est pas lui qui a pris cette photo… C’est moi », affirme Nguyen Thanh Nghe dans le film.

L’authenticité de la photo pas remise en cause

Le documentaire a donc suscité des doutes et a débouché sur « une profonde réflexion au sein de World Press Photo », qui a mené une enquête, entre janvier et mai, concernant l’auteur de cette photo, a indiqué le concours dans un communiqué.

« Aujourd’hui, vendredi 16 mai, World Press Photo publie des conclusions et un rapport indiquant que World Press Photo a suspendu l’attribution de The Terror of War (“La petite fille au napalm”) à Nick Ut à compter d’aujourd’hui », a-t-il déclaré.

Le concours explique également qu’après analyse du lieu, de la distance et de l’appareil photo utilisé ce jour-là, « les photographes Nguyen Thanh Nghe ou Huynh Cong Phuc étaient peut-être mieux placés que Nick Ut pour prendre la photo ».

Le concours World Press Photo a insisté sur le fait que l’authenticité de la photo n’était absolument pas remise en cause, ni le prix décerné. « Il est important de préciser que la photo elle-même est incontestée et qu’elle représente sans aucun doute un moment historique réel qui continue de résonner au Vietnam, aux États-Unis et dans le monde entier », a déclaré Joumana El Zein Khoury, directrice exécutive du concours.

Nick Ut assure que la photo est la sienne

Début mai, AP a annoncé qu’elle continuerait de créditer Nick Ut pour la photo. « L’analyse visuelle approfondie d’AP, des entretiens avec les témoins et l’examen de toutes les photos disponibles prises le 8 juin 1972 montrent qu’il est possible qu’Ut ait pris cette photo. Aucun de ces éléments ne prouve que quelqu’un d’autre l’a fait », indiquait alors un communiqué de l’agence de presse.

Mais « notre enquête soulève des questions importantes, auxquelles nous ne pourrons peut-être jamais répondre », car « cinquante ans ont passé, de nombreuses personnes impliquées sont mortes et la technologie a ses limites », a ajouté AP.

L’agence note par exemple qu’il est « probable » d’après son enquête que la photo ait été prise avec un appareil Pentax, tandis que Nick Ut avait affirmé dans plusieurs interviews qu’il travaillait ce jour-là avec deux appareils Leica et deux Nikon. « L’histoire veut qu’Ut ait pris la photo avec un appareil Leica. L’enquête d’AP a montré que c’était très peu probable. Mais Ut avait aussi l’habitude d’utiliser d’autres appareils, notamment des Pentax hérités de son frère décédé », écrit AP dans son rapport.

Dans un message publié sur Facebook en février, Nick Ut a insisté sur le fait que l’image était bien la sienne.

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