Par 
Benjamin Moisset

Publié le

16 mai 2025 à 16h25, mis à jour le

16 mai 2025 à 17h17

Un drapeau LGBT+ sur l’opéra de Stuttgart, en Allemagne, le 23 juin 2021.

Un drapeau LGBT+ sur l’opéra de Stuttgart, en Allemagne, le 23 juin 2021.  BERND WEISSBROD/AP/SIPA

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Les appels à signer cette pétition sur Instagram depuis le début de la semaine ont permis de dépasser ce vendredi le million de ratifications requis. La Commission européenne est désormais obligée de statuer, mais pas forcément de légiférer, sur l’interdiction des thérapies de « conversion » pour les personnes LGBTQI+ dans toute l’Union.

Il restait à peine vingt-quatre heures pour que l’initiative d’interdire les thérapies de « conversion » dans l’Union européenne visant les personnes LGBT+ réussisse. Ce vendredi 16 mai, veille de la journée mondiale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie, c’est officiel : le million de signatures a été récolté en milieu d’après-midi. La Commission européenne doit désormais répondre mais n’est pas obligée de transformer l’initiative en acte juridique.

Les thérapies de conversion, ces pratiques que les Nations unies considèrent comme « discriminatoires » et pouvant « être assimilées à des actes de torture », sont pour l’instant interdites dans seulement huit pays européens : Allemagne, Chypre, France, Belgique, Espagne, Grèce, Malte et Portugal. Et l’UE n’a actuellement pas légiféré pour les interdire dans les autres Etats membres, alors qu’elle doit « lutter contre toutes les pratiques inhumaines », veut croire le plaidoyer de l’initiative. Avec la réussite de cette pétition, la situation pourrait bien changer.

• Le début d’un chemin législatif dans les institutions européennes

Maintenant que l’initiative citoyenne européenne (ICE) a récolté le bon nombre de signatures, elle doit être validée administrativement. L’association ACT (Against Conversion Therapy), derrière la pétition, cherche d’ailleurs à dépasser 1,2 million de signatures, pour « compenser les potentiels doublons et erreurs ».

Ensuite, sont organisées : une rencontre entre les organisateurs et la Commission, une présentation au Parlement européen – avec potentiellement un débat en session plénière et l’adoption d’une résolution – et une obligation pour la Commission d’exposer son action pour donner suite à l’initiative. L’institution européenne peut alors estimer « qu’un acte législatif constitue une réponse appropriée », explique le site officiel de l’UE. En revanche, elle « n’est pas tenue [d’en] proposer » un, est-il encore écrit.

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« Si nous avons réussi à mobiliser un million de personnes en Europe, la Commission ne pourra pas s’échapper », veut croire Mattéo Garguilo, une des personnes d’ACT à l’origine de l’initiative. D’autant plus que, dans la lettre de mission de la commissaire à l’Egalité Hadja Lahbib, se trouvait déjà l’annonce d’une « nouvelle stratégie en faveur de l’égalité des personnes LGBTIQ » devant se concentrer notamment « sur l’interdiction de la pratique des thérapies de conversion ».

• Une pétition portée par des jeunes étudiants

Une initiative citoyenne européenne permet aux citoyens européens d’interpeller la Commission et de l’obliger à se positionner en récoltant plus d’un million de signatures dans au moins – significativement – sept Etats membres en un an. L’association Against Conversion Therapy (ACT, association « contre les thérapies de conversion », en français) s’est donc saisie de cet outil de démocratie participative pour inviter la Commission « à proposer une interdiction légale contraignante des pratiques de conversion ciblant les citoyens LGBTQ+ ».

L’idée est notamment née dans l’esprit de Mattéo Garguilo, un étudiant lyonnais de 21 ans, lors de l’adoption en 2022 de la loi pour interdire ces pratiques en France. Auprès du « Nouvel Obs », il confie avoir été ému alors par les témoignages publiés de personnes LGBT+ qui ont subi ces pratiques. Avec des proches, Mattéo Garguilo a ensuite monté l’association ACT à l’été 2023 et s’est lancé dans l’aventure de l’ICE au printemps 2024. « Nous nous sommes lancés dans le vide, nous voulions juste essayer », se rappelle-t-il.

• Une mobilisation numérique inédite, jusqu’au succès

Les chiffres sont assez affolants… au point que le site pour signer la pétition a un temps été ralenti ce vendredi par l’afflux venu des réseaux sociaux. Jeudi soir, le nombre de 750 000 ratifications avait été atteint et le cap des 900 000 a été dépassé à la mi-journée ce vendredi. La raison ? De l’actrice Marie Papillon à la chanteuse Angèle, en passant peut-être par vos « amis » sur les réseaux sociaux, la mobilisation numérique a été inédite depuis le début de la semaine. « Presque tout se passe sur Instagram », analyse Mattéo Garguilo.

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Manon Aubry, Jean-Luc Mélenchon, Marine Tondelier… le monde politique français s’est saisi de cette initiative par la suite. C’est une « pétition courageuse » a salué l’ancien Premier ministre Gabriel Attal sur X. « J’ai signé. Faites-le aussi » a également soutenu le député de la Somme François Ruffin sur le même réseau. A noter, également, la très grande participation en France puisque plus de la moitié des signatures ont été récoltées dans l’Hexagone, où les pratiques de « conversion » sont déjà interdites.