Par
Chloé LENTIER
Publié le
16 mai 2025 à 17h10
Des tôles calcinées, une odeur âcre qui flotte encore dans l’air et une dalle de béton vide. C’est tout ce qu’il reste de la chatterie construite par Françoise Guillotte et son mari, au cœur des jardins ouvriers de Cléon (Seine-Maritime), le long de la Seine.
Dans la nuit du jeudi 1er au vendredi 2 mai 2025, un incendie a réduit à néant plusieurs années de dévouement au service des chats errants.
« Les chats nous regardent avec un air étrange, comme pour demander : où est notre maison ? » souffle-t-elle, attristée par ce qu’elle voit. Il ne reste que les cendres d’un lieu né de l’amour et de la colère mêlés.
Une initiative née du confinement
Pour comprendre ce qu’était cet abri, il faut revenir au confinement de 2020.
Françoise, bénévole de l’association Cappa, basée à Hectomare, depuis sa création, se balade sur les berges de la Seine. Elle y croise des silhouettes furtives, efflanquées : une armée de chats errants, invisibles en temps normal.
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« Ce n’est pas possible de voir ça à notre époque », se révolte-t-elle. Alors elle décide d’agir. Un jardinier, sensible à sa cause, lui propose de construire un abri à chats sur une partie de sa parcelle.
Avec son mari, elle installe un plancher en béton, isole l’abri, ajoute des caisses, du polystyrène, un coin douillet où les félins pourront passer l’hiver.
Jusqu’à trente pensionnaires
Très vite, ils sont une trentaine à y trouver refuge. Chaque jour, le couple vient nourrir, surveiller, soigner parfois. « Certains chats avaient été abandonnés, d’autres étaient nés dehors. On voulait leur offrir un lieu sûr, loin des prédateurs comme les rats ou les renards. »
Avec l’aide du Cappa, Françoise organise aussi des collectes de nourriture. Il y a quelques semaines, ils n’étaient plus qu’une douzaine à venir se réfugier dans ce coin discret, niché entre les parcelles et les roseaux.
Un équilibre fragile, désormais rompu
Ce que Françoise constate, c’est l’absence. Les chats se sont dispersés. Et avec eux, c’est tout un lien patient qui s’est brisé.
Les causes de l’incendie restent inexplicables. ©Chloé Lentier
Elle ne baisse pas les bras pour autant. Avec la présidente du Cappa, Martine Fouques, elle cherche des solutions de repli : quelques niches, un autre abri, un peu d’aide.
« La durée de vie moyenne d’un chat errant, c’est deux ans. Le plus grand prédateur, ça reste l’homme », rappelle-t-elle, en espérant que cet incendie ne signe pas la fin de son engagement.
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