Par Matthieu Le Gall

En confiant les rênes de la délégation russe à un troisième couteau, l’historien Vladimir Medinski, idéologue du Kremlin et pourfendeur d’un Occident dégénéré, Vladimir Poutine a dévoilé ses véritables intentions : le président russe n’a évidemment jamais eu l’ambition de négocier quoi que ce soit d’acceptable pour l’Ukraine. Vendredi, rien n’est donc sorti de cette rencontre entre belligérants sous l’égide de la Turquie, la première depuis le début de la guerre, il y a trois ans.

Quels sont les objectifs de Moscou ? La cession des territoires ukrainiens, la démilitarisation du pays et sa finlandisation, sans oublier l’indispensable changement de régime. Pas question, pour Vladimir Poutine, de toujours trouver dans son arrière-cour, après la guerre, l’insupportable Zelensky. À l’extrémisme du président russe qu’il espère faire plier, l’ouest n’apporte en revanche que des réponses très limitées. Certes, les sanctions affaiblissent l’économie russe. Mais un tyran n’a pas de compte à rendre à son peuple. La versatilité de Donald Trump, qui dit tout et son contraire, et le soutien continu de Xi Jinping sont aussi de formidables atouts pour Vladimir Poutine.

Le temps est un allié. Le maître du Kremlin peut continuer la guerre, jouer des dissensions européennes et de l’impatience à Washington pour avancer ses pions. Et si les Européens ne veulent pas se retrouver à « faire le sale boulot » de Vladimir Poutine, en faisant avaler à l’Ukraine un « deal » ignoble comme le prédit le spécialiste de la Russie Dimitri Minic, il va falloir faire monter la pression autrement que par les mots.