Par

Lisa Rodrigues

Publié le

17 mai 2025 à 6h46

Non, le commerce n’est pas dans une mauvaise passe à Grenoble. C’est en tout cas ce qu’affirment des professionnels du secteur de l’immobilier d’entreprise, contactés par actu Grenoble, alors que l’arrivée de plusieurs enseignes est annoncée dans les prochaines semaines.
« Le centre-ville reprend vigueur », assure à la rédaction François Gagliardi, conseil en immobilier d’entreprise, spécialisé dans le commerce chez CBRE Axite. « Il est en mutation oui, mais on est dans une bonne phase. On a des candidats pour les reprises » de divers locaux commerciaux vacants.

« Il y a beaucoup de Grenoble-bashing »

Un discours à contre-courant de remarques d’habitants ou de commerçants, notant des locaux vides en centre-ville ou un manque de clients qui n’attire pas les repreneurs.

« Oui, le commerce, c’est difficile. Mais ce n’est pas pour autant que les commerces ne fonctionnent pas« , rétorque François Gagliardi, lui-même ancien commerçant sur Grenoble et Lyon. « Il y a une souffrance, un stress, des inquiétudes chez les commerçants, c’est sûr, mais il faut relativiser. »

Il y a beaucoup de Grenoble-bashing, mais on est quand même une ville privilégiée avec une chance inouïe. On a un cadre assez idyllique, on a des dossiers en cours d’instruction pour des installations, et qu’on le veuille ou pas, Grenoble est accessible.

François Gagliardi
Conseil en immobilier d’entreprise, spécialisé dans le commerce chez CBRE Axite

« La piétonnisation n’a jamais été un frein »

Le manque d’accessibilité avec une baisse des stationnements, c’est d’ailleurs un argument récurrent utilisé pour expliquer la baisse d’attractivité du centre-ville.

« La piétonnisation n’a jamais été un frein à la commercialisation, assure l’expert immobilier. Prenez la rue de Bonne ou Victor-Hugo : aujourd’hui, quasi aucun commerçant ne veut revenir en arrière. » 

Quant à la fuite de clients vers des centres commerciaux périurbains, là aussi, il reste sceptique. « Les clients qui viennent en centre-ville ne sont pas ceux qui vont dans les centres commerciaux. » 

Des loyers « complètement déconnectés »

Pour François Gagliardi, le principal problème, c’est le loyer. « Des indépendants vont revenir dans le centre-ville, à condition d’un réajustement des loyers. Dans certains quartiers, ils sont complètement déconnectés. »

Une partie du parc de locaux commerciaux de Grenoble, comme dans d’autres villes, est détenu par des foncières « qui préfèrent les garder vides avec un loyer perché » pour ne pas perdre de valeur immobilière sur le bâti, soupire le conseil.

De quoi rendre inabordable pour les commerçants, ou même de grandes enseignes, des emplacements autrement parfaits sur le papier, comme à la Caserne de Bonne, où plusieurs locataires se sont plaints de loyers trop élevés. « Il n’y a pas de bons ou de mauvais emplacements à Grenoble. Il faut juste avoir le bon prix et le bon candidat. »

Un taux de vacance correct

À Grenoble, le taux de vacance reste autour des 12%. Un chiffre tout à fait honorable pour le professionnel, sachant « que des dossiers sont en cours d’instruction et que ça peut être long » avant de voir le rideau se lever.

« Il y a une dynamique réelle et ça bouge », assure François Gagliardi, qui enchaîne les rendez-vous avec des clients souhaitant s’installer dans la capitale des Alpes. « Même en périphérie, ailleurs dans l’agglomération, ça attire. On est à 2% de taux de vacance à Comboire. À Saint-Martin-d’Hères, on est même pleins ! »

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